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N° 13 novembre 2018 : La géographie d'un événement aux répercussions mondiales - la Révolution française:

Définir l’identité géographique de l’Australie pendant la période révolutionnaire : L’approche océanique et indo-pacifique de Charles-Pierre Claret de Fleurieu et François Péron

Dany Bréelle


Dany Bréelle, Research Associate, College of Humanities, Arts and Social Sciences, Flinders University, South Australia



Résumé: Pendant la période révolutionnaire, le comte de Fleurieu, qui prépara les instructions des voyages de d’Entrecasteaux et de Baudin vers le monde austral, et le savant François Péron de l’expédition Baudin eurent un rôle déterminant dans l’émergence des notions d’Océanie et de région Indo-Pacifique où le continent australien occupe une place essentielle. En s’appuyant sur l’évolution rapide des connaissances scientifiques et historiques, ils initièrent une nouvelle approche géographique zonale, multiscalaire et stratégique de l’Australie, Les toponymes d'origine française qui définissent les côtes australiennes demeurent les témoins privilégiés de cette approche française du monde austral.



Mots clés: Australie, voyages d'exploration, toponymie, cartographie, 



Abstract: During the revolutionary period, Charles-Pierre Claret, Count de Fleurieu, who prepared the instructions for the voyages of D'Entrecasteaux and Baudin to the Austral world, and the scientist François Péron who was a member of the Baudin expedition played a key role in the emergence of the notions of “Oceania” and “Indo-Pacific region” where the Australian continent occupies the central position. Based on advances in scientific and historical knowledge, they initiated together a new geographical approach to Australia encompassing zonal, multiscale and strategic dimensions. The French toponyms bestowed along the Australian coasts bear witness to that French approach of the Austral world.



Key words: Australia, discovery expeditions, toponomy, cartography



Introduction



À la fin du XVIIIe siècle, les atlas européens divisaient l’actuelle Australie en trois parties incomplètement découvertes : la « Nouvelle-Hollande » à l’ouest, « la Terre de Diemen » (Tasmanie) au sud-est, et la nouvelle colonie anglaise de New South Wales à l’est. Les géographes français appelaient l’ensemble de ces terres « Terres australes » (de Brosses, 1756). Au moment de la Révolution française, leur reconnaissance ne représentait plus un projet porteur, comme cela l’avait été sous le règne de Louis XVI avec le voyage de La Pérouse, dont les instructions prescrivaient de « visiter plus particulièrement la côte méridionale [de la Nouvelle-Hollande], dont la plus grande partie n’a jamais été reconnue… » (La Pérouse, 1798). La géographie révolutionnaire se « régénérait » pour être « utile » à la nation en étudiant prioritairement ses nouveaux départements, à partir d’enquêtes et de nouvelles méthodes comme la statistique (Bourguet 1988, Laboulais, 2004). 



Néanmoins, Charles-Pierre Claret de Fleurieu (1738-1810), un officier de la marine, savant et homme politique, qui avait rédigé les instructions remises à La Pérouse, mit un point d’honneur à servir la cause des expéditions françaises vers les Terres australes. En 1791, ministre de la marine, il parvint à convaincre l’Assemblée nationale d’envoyer l’expédition d’Entrecasteaux pour rechercher La Pérouse, dont on n’avait plus de nouvelles, et poursuivre parallèlement le travail de reconnaissance du monde austral. Puis, en 1800, sous l’autorité de Bonaparte, il prépara les instructions d’une nouvelle expédition commandée par Nicolas Baudin, pour « faire reconnaître avec détail les côtes du sud-ouest, de l’ouest et du nord de la Nouvelle-Hollande, dont quelques-unes sont encore entièrement inconnues … pour en lever des cartes exactes » (Baudin, 2000). Ces expéditions, avec celles du capitaine anglais Matthew Flinders, permirent de dresser les premières cartes de l’ensemble de l’Australie (fig.2).



Les instructions notifiaient aussi de s’attacher à étudier « l’histoire naturelle » de ces contrées lointaines, ce qu’entreprit de façon pionnière et diligente l’un des savants de l’expédition Baudin, François Péron (1775-1810), qui enracina l’histoire naturelle des côtes australes dans leur géographie.



L’article met en avant les approches géographiques complémentaires de Fleurieu (partie I) et Péron (partie II) qui menèrent à la conception d’une région océanienne et indo-pacifique où l’Australie occupait la position d’un continent. Il questionne l’influence des idées révolutionnaires et scientifiques de l’époque dans la fabrication de cet espace, appréhendé comme une nouvelle partie du monde.



 



I Fleurieu et l’approche océanique de la géographie australe : entre universalisme et nationalisme



A Une géographie océanique universelle qui s’appuie sur une hydrologie modernisée



Les Terres australes avaient été regroupées en un grand ensemble généralement qualifié, à la suite des navigateurs portugais au XVIe siècle, de cinquième partie du monde, à côté de l’Europe, l’Asie l’Afrique et  l'Amérique. Fleurieu énonçait dans ses instructions à d’Entrecasteaux (Bruni d’Entrecasteaux, & Rossel, 1808) :




Le désir de compléter la description d'une Isle aussi vaste que la Nouvelle-Hollande, que l'étendue de sa surface peut faire considérer comme une cinquième partie du monde, suffiroit sans doute, pour engager le sieur d’Entrecasteaux à en faire la reconnaissance dans le plus grand détail.




Afin de « faire la reconnaissance dans le plus grand détail » des côtes australiennes, Fleurieu encouragea l’affectation comme ingénieur géographe de l’expédition d’Entrecasteaux du talentueux Charles-François Beautemps-Beaupré, qui avait travaillé au Dépôt des cartes et plans sous sa direction. Au cours du voyage, ce dernier développa une méthode qui permettait d’obtenir des relevés hydrographiques fort exacts s’appuyant sur des observations astronomiques et substituant le cercle à réflexion de Borda aux indications des aiguilles des boussoles, fréquemment défectueuses. Cette méthode relevait d’un travail d’équipe promu par Fleurieu dans ses instructions, où la collecte d’informations incluait les astronomes, les géographes, et les officiers des expéditions. Cette nouvelle hydrographie se configura en une discipline géographique très spécialisée et centralisée au sein du dépôt des Cartes et plans, à Paris, où Beautemps-Beaupré (1807) édita des cartes à différentes échelles laissant découvrir des littoraux australiens, comme ceux des côtes sud-est de la Tasmanie et du sud-ouest de la Nouvelle Hollande, avec des plans détaillés comme celui du Canal d’Entrecasteaux. A une échelle plus globale, Beautemps-Beaupré édita une « Carte générale de la Nouvelle Hollande et des archipels du Grand Océan, qui sont au nord et à l'est de cette terre » (Fig.1).



 





Fig.1 Carte générale de la Nouvelle Hollande et des archipels du Grand Océan, qui sont au nord et à l'est de cette terre dressée par Beautemps-Beaupré en 1807.



Source: National Library of Australia http://nla.gov.au/nla.obj-230810237



« Le Grand Océan » mentionné dans le titre de cette carte répond à la nouvelle « division hydrographique du globe », que Fleurieu exposa dans le volume 4 de son ouvrage dédié au voyage d’Etienne Marchand, capitaine de la marine marchande qui fit son admiration en naviguant autour du monde aux commandes du navire « le Solide » en un temps record de 1790 à 1792, concomitamment à l’expédition d’Entrecasteaux. Fleurieu avait conçu en grande partie sa nomenclature des océans avant la Révolution. Il mentionnait d’ailleurs « le Grand Océan » dans ses instructions à La Pérouse, mais il ne conceptualisa son projet qu’à l’occasion de la publication du voyage d’Etienne Marchand. Il y développait sa vision d’un nouveau découpage de l’espace océanique « selon des principes pris dans la Nature » et « sans dénomination vicieuse », où « les Européens … ont rapporté tout à l’Europe ; et, selon eux, le Monde entier doit aboutir à ce centre » (Fleurieu, 1797). Par contraste, sa nomenclature rejoignait le principe d’universalité des Lumières puis de la Révolution. Elle consistait en deux grandes divisions, « l'Océan Atlantique » entre l’Europe, l’Afrique et l’Amérique et le « Grand Océan » entre l’Amérique et l’Asie.



Ce Grand Océan et ses subdivisions, « la mer des Indes » (l’Océan Indien), le « Grand Océan austral », le « Grand Archipel d'Asie » (les îles Indonésiennes, de Nouvelle Guinée et Salomon), et le « grand océan équinoxial » (les eaux tropicales de « la mer prétendue Pacifique »), baignaient ainsi la totalité des rivages australiens.



Fleurieu soumit son projet à la nouvelle institution géographique créée par la Convention thermidorienne en 1795, le Bureau des longitudes, qui « approuva les changements proposés par le citoyen Fleurieu » qui « donne une notion juste, claire, et présente à tous les Peuples, quelque position qu'ils occupent sur le Globe, des Dénominations également exactes. ». Dans cette « division générale et particulière de l’hydrographie », Fleurieu concevait la Nouvelle-Hollande comme un espace géographique appartenant au Grand Océan mais difficile à intégrer dans la subdivision spatiale du Grand Archipel d'Asie en raison de sa très grande superficie qui lui assignait un rang « à part dans l'ordre et le système géographiques ».



Ainsi, l’officier de l’expédition Baudin, Louis Freycinet, qui devint l’éditeur de l’atlas et de la partie « navigation et Géographie » du récit du voyage, s’aligna sur Fleurieu et « les géographes modernes » pour assigner un rang « à part » à la Nouvelle-Hollande en la définissant comme le « continent » du Grand Océan.




La Nouvelle-Hollande […] justement regardée par les géographes modernes comme un cinquième continent, est située au Sud des Moluques et de la Nouvelle-Guinée, entre la mer des Indes et le grand Océan Austral. [...] Sa dimension principale, dirigée de l’Est à l'Ouest, peut avoir 730 lieues marines = 912 lieues moyennes de France, ou 4055 kilomètres. Sa plus grande largeur […] 572 lieues marines, 715 lieues moyennes de France, ou 2178 kilomètres […] (Freycinet, 1815)




Ces traductions de lieues en kilomètres nous rappellent que Fleurieu doubla son projet d’universaliser la nomenclature des Océans d’un second projet, celui de leur appliquer le système métrique décimal instauré par la Convention pour unifier les unités de poids et mesures selon des principes mathématiques universels. Le Bureau des longitudes ayant à l’époque répondu positivement à cette initiative, les officiers-géographes comme Freycinet appliquèrent en partie ce système en convertissant les lieues marines en lieues terrestres puis en kilomètres et myriamètres (10.000 mètres) (Fig.2).



 





 



Fig.2 Ebauche de la carte générale de la Nouvelle-Hollande où Freycinet calcule les superficies en lieux marines et terrestres carrés et en myriamètres carrés en rouge, en les comparant à l’Europe (en haut à droite du document)



Source : Kerry Stokes Collections, Perth, 2002.546



B Le principe européen de la priorité de la découverte comme convention toponymique



La géographie « universelle » des océans de Fleurieu n’était cependant pas exempte d’européocentrisme (Grataloup, & Capedepuy, 2013) et reflétait les rivalités européennes pour le contrôle du monde. Celles-ci s’exprimaient dans la toponymie européenne qui baptisait les littoraux lointains en se fondant sur le principe de la priorité de découverte, mis en place à l’époque des Grandes Découvertes (voir les noms donnés par les découvreurs européens sur les cartes des figs. 1 et 2). Ainsi, Fleurieu expliquait que « les découvertes géographiques [des Européens] sont une espèce de propriété » (Fleurieu, 1790) sinon territoriale, du moins toponymique où il revenait au premier découvreur et sa nation le droit de fixer la dénomination. Ce droit faisait l’objet de litiges et le travail rigoureux que Fleurieu fit avant la Révolution avec le géographe Buache de la Neuville sur la chronologie historique des découvertes européennes au nord-est de l’Australie, avait pour objectif d’établir quels étaient les droits toponymiques des français et des espagnols dans le sud-est de la Nouvelle-Guinée face à « la reconnaissance postérieure des mêmes terres par des navigateurs anglais qui leur ont imposé de nouveaux noms ». En d’autres termes, en considérant que « les noms donnés par les découvreurs doivent être conservés » (Fleurieu, 1797). Fleurieu défendait « l’amour-propre national » et, plus fondamentalement, les intérêts de la France et ses alliées dans les régions australes face à l’Angleterre et à ses « usurpations » (Fleurieu, 1790).



C L’association géostratégique de l’histoire des navigations à la géographie



D’un point de vue méthodologique, « pour rendre à chaque peuple [européen] ce qui lui appartient dans la reconnaissance du globe », Fleurieu (1790) associa étroitement la géographie à l’histoire. Cette association n’était pas nouvelle : Orthelius l’exprimait au XVIe siècle en épitaphe des cartes du monde ancien qui composaient son Parergon, où il avait inscrit « la géographie est l’œil de l’histoire » (Besse, 2009). Au XVIIIe siècle, l’Encyclopédie confirmait l’association de la géographie à la faveur de l’histoire, en considérant la première comme le soutien de la seconde (Nordman, 1998). Toutefois, Fleurieu inversa les termes de cette association, en faisant de l’histoire un soutien de la géographie. Dans cette logique, Fleurieu commença son édition du voyage d’Etienne Marchand (Fleurieu, 1797) par une longue « introduction historique » de 143 pages associant histoire des voyages et connaissances géographiques afin de défendre les acquisitions géographiques respectives des nations européennes, ces acquisitions représentant une découverte géographique cautionnée par la toponymie dans une logique de compétition intellectuelle entre nations européennes qui ne débouchait pas nécessairement sur un processus de colonisation.



Par rapport au principe de la priorité de la découverte, Fleurieu recommandait de conserver « dans la Langue du Découvreur » les toponymes, sans les traduire dans les différentes langues européennes pour éviter les confusions. Cependant, à l’époque révolutionnaire dans un contexte où les débats pouvaient être vifs sur les droits des naturels, Fleurieu ne fit pas totalement abstraction de la présence antérieure de nomenclatures indigènes, en considérant que leur usage éviterait les problèmes de traductions, mais qui « quoiqu'étant le [nom] véritable, ne doit pas faire oublier le premier [le nom du Navigateur], bien que l'on puisse appeler celui-ci un nom d'emprunt ».



C’est en fonction de ce droit du découvreur que l’on peut interpréter l’abondante toponymie créée le long des côtes australiennes par les expéditions d’Entrecasteaux et, plus spécifiquement, Baudin. Plus de 620 toponymes furent attribués aux différents lieux géographiques qu’elles reconnurent. Cependant, malgré les échanges que les français eurent avec les ‘naturels’ et les recommandations de Fleurieu, aucun toponyme aborigène n’apparait dans les nomenclatures conçues par les commandants des expéditions ou les éditeurs du voyage de Baudin, Péron et Freycinet, à partir des coordonnées géographiques calculées par les ingénieurs géographes. De fait, dans ses considérations sur les méthodes à suivre dans l’observation des peuples sauvages remises à l’expédition Baudin, de Gérando ne mentionna rien sur l’évaluation des savoirs géographiques et topographiques pourtant manifestes , des autochtones, alors qu’au moment des éditions des atlas, une nouvelle organisation impériale des savoirs considérait que les peuples cueilleurs et chasseurs n’avaient pas atteint les hauts niveaux techniques et scientifiques des Français (Besse & al, 2010) qui permettaient de positionner puis cartographier exactement les côtes en attribuant des toponymes  aux lieux localisés. 



Plus de la moitié des 63 toponymes distribués par l’expédition d’Entrecasteaux honorent le voyage et les membres de son équipage, comme, en Tasmanie, les noms des commandants Huon de Kermadec et Bruny d’Entrecasteaux, avec les ȋles Huon (Huon Island), et Bruny (Bruny Island), ou, en Australie occidentale, le nom du botaniste Jacques-Julien Houtou de la Billardière avec la Pointe Labillardière (Labillardiere Peninsula). Les autres toponymes évoquent certains aspects de la géographie des lieux, comme, en Tasmanie, Baie de l’Isthme (Isthmus Bay), Port du Nord-Ouest (North West Bay) etc. Ainsi, dans la tourmente révolutionnaire, les commandants nommèrent les lieux reconnus au sud-est de la Tasmanie et sud-ouest de la Nouvelle-Hollande en référence au voyage et sans aucune référence à des personnalités politiques.



En revanche, aux toponymes choisis initialement par Baudin, qui excluaient aussi les grands hommes politiques, Péron et Freycinet substituèrent des toponymes vénérant Napoléon Bonaparte, sa famille et ses grands ministres (27 toponymes). Cependant, la très grande majorité des toponymes honorait le monde savant et intellectuel français (213 toponymes), représentatif de la richesse et puissance intellectuelle de la nation que Fleurieu défendait : Baies Coulomb (Coulomb Bay), Lacépède (Lacepede Bay), Mauperthuis (Maupertuis Bay), Pascal (Baie Pascal), Iles d’Alembert et Borda (Borda Island), Cap Réaumur (Cape Reamur) etc. La majorité de ces toponymes demeurent, mais, dans cette prise de possession idéologique, la France dut renoncer à ceux qui correspondaient à des lieux d’Australie méridionale qui avaient été positionnés préalablement par le capitaine anglais Matthew Flinders. Par ailleurs, l’un des descendants du comte de Fleurieu, Alphonse de Fleurieu, obtint ultérieurement la restitution de certains toponymes français que la colonisation anglaise n’avait pas entérinés, comme la Péninsule de Fleurieu (Fleurieu Peninsula) en Australie méridionale.



II Péron et l’approche océanique multiscalaire de l’Australie



A Un naturaliste à la démarche géographique globale



Péron, initialement embarqué comme élève zoologiste chargé d’anatomie comparée, devint l’un des savants les plus importants de l’expédition Baudin. Après la mort de Baudin (septembre 1803) et le retour de l’expédition en France, le gouvernement confia à Péron l’édition de la partie « historique » (l’histoire naturelle) du voyage. Le naturaliste Cuvier, qui était de plus en plus influent au sein de l’Institut et du Museum, devint son principal sponsor. Péron n’était donc pas considéré comme géographe et ne se revendiquait pas comme tel. De fait, il n’était ni hydrographe ni cartographe, deux savoir-faire essentiels pour se revendiquer géographe professionnel à son époque.



Cependant, ses approches des côtes australiennes au sein du Grand Océan dont il analysait les divisions spatiales se fondaient sur une démarche géographique très moderne, où il observait les relations entre les différentes données naturelles des littoraux qu’il comparait avec d’autres espaces à différentes échelles.



Sa construction géographique régionale s’inscrivait au cœur des débats qui animaient des disciplines en plein développement comme la géologie où les communautés scientifiques européennes s’interrogeaient sur l’origine des montagnes et des iles, pour déterminer si « ou bien les terres se sont élevées, ou bien la mer a baissé », (Péron, 1807, vol.2) et sur les relations entre l’histoire géologique et l’histoire naturelle de la terre. Ainsi, Péron repérait les correspondances régionales entre « les faits géologiques », les espèces animales et végétales, et les races humaines. Par exemple, il opposait les espèces naturelles et les sociétés de la Nouvelle-Hollande à celles de la Terre de Diemen en expliquant l’origine de leur différence par l’ancienneté géologique de la séparation des deux espaces. Il écrivait dans son  Mémoire sur quelques faits zoologiques applicables à la théorie du globe:  




[...] la séparation de la terre de Diémen d'avec la Nouvelle-Hollande n'est point une des opérations modernes de la nature ; car il est vraisemblable que si naguère ces deux régions avoient été jointes, elles auroient eu pour habitans une race commune […] Une seconde observation zoologique tend à confirmer de plus en plus cette distinction sinon primitive, du moins prodigieusement ancienne de la Nouvelle-Hollande d'avec la terre de Diémen. Le chien, cet animal si précieux pour l'homme […] n'existe pas sur la terre de Diémen […] (Péron, 1804)




Plus généralement, Péron (2011) introduisit une approche géographique multiscalaire, où les littoraux et iles australes s’incorporaient aux « régions australes » qui les baignaient qui, elles-mêmes, s’incorporaient aux autres littoraux du « monde austral ». La Nouvelle Hollande y occupait une place essentielle, avec, à son nord, « les iles fécondes du grand archipel d’Asie » dont Timor, et à son sud, des régions plus froides formées de nombreuses iles où migraient en été beaucoup d’espèces dont « des légions d’amphibies » après qu’elles aient passé l’hiver sur les côtes australiennes. Par là même, Péron renforçait le concept du « Grand océan » de Fleurieu.



Péron reprenait aussi la division européenne de la Nouvelle-Hollande en « terres » qui portaient les noms historiques des « premiers découvreurs » européens, mais qu’il faisait aussi correspondre à des régions littorales sensiblement différentes les unes des autres. Péron signalait les ressources que la Nation et ses scientifiques pourraient en tirer, ou, à l’opposé, leur absence de ressources et les contraintes naturelles qui constituaient des handicaps pour la navigation: la terre de Leuwin et la terre d’Endracht et leurs côtes [à l’ouest] souvent « inabordables en un mot », la Terre de Witt dans le nord-ouest et « sa foule de récifs et de hauts fonds », la « Terre Napoléon » dans le sud du continent et son énigmatique « absence de toute espèce de grande rivière » et la Terre de Diemen, ses « forêts profondes » et ses eaux poissonneuses. Ces terres étaient elles-mêmes subdivisées géographiquement par Péron en « parties de terres » ou de côtes (comme la Terre de Diemen avec ses parties Sud, Sud-Est, et les détroits de Bank et de Bass) et, à une échelle encore plus locale, en archipels, baies (« baie du Géographe »,« baie de Chiens Marins »…) golfes (Golfes Joséphine et Bonaparte), canal (comme le Canal d’Entrecasteaux, avec « ses ports magnifiques » et des ressources naturelles « utiles » pour la navigation, ainsi que des «  poissons moins utiles, mais plus singuliers aussi », ou encore le port Champagny (Port Lincoln, en Australie méridionale) qui « de tous ceux que nous avons découverts, soit au Sud, soit à l’Ouest, soit au Nord de la Nouvelle-Hollande, il est, je le répète, le plus propre à recevoir une colonie européenne ».



B Une géographie des littoraux australiens informant les politiques coloniales et commerciales françaises



Ces derniers exemples nous rappellent que, pendant la période révolutionnaire, les colonies étaient l’objet de débats politiques. Au moment de la préparation de l’expédition Baudin, un courant d’opinion suggérait d’organiser une nouvelle forme de colonisation qui échangerait du savoir-faire avec les populations indigènes qui serviraient elles-mêmes de main-d’œuvre libre aux projets coloniaux. De son côté, Talleyrand, pragmatique, avançait dans son Essai sur les avantages à retirer de colonies nouvelles dans les circonstances présentes lu à la séance publique de l'Institut national le 15 messidor an 5 (Talleyrand, 1797)




C'est d'ailleurs aux hommes qui ont le plus et le mieux voyagé, à ceux qui ont porté dans leurs recherches cet amour éclairé et infatigable de leur pays; … c'est à Fleurieu, qui a si parfaitement observé tout ce qu'il a vu, et si bien éclairé du jour d'une savante critique les observations des autres, c'est à de tels hommes à dire au gouvernement, lorsqu'ils seront interrogés par lui, quels sont les lieux où une terre neuve, un climat facilement salubre, un sol fécond et des rapports marqués par la nature, appellent notre industrie et nous promettent de riches avantages pour le jour du moins où nous saurons n'y porter que des lumières et du travail.




Selon cette perspective, les observations géographiques de Péron devaient être soumises à la critique « éclairée » de Fleurieu sur laquelle les hommes du gouvernement s’appuieraient pour prendre leurs décisions sur les questions coloniales. Ces questions s’inscrivaient dans un contexte géopolitique de très forte rivalité avec l’Angleterre, qui imprègne les descriptions de Péron, et notamment celles qu’il donna de l’ile King et « l’histoire de l’éléphant marin ». Ces dernières peuvent être compris selon plusieurs perspectives géographiques qui se confondent inextricablement.



D’une part, elles renseignaient le gouvernement français sur l’Angleterre et ses établissements en Terres australes que ce soit territorialement (en colonisant, comme le concrétisèrent les Anglais en NSW dès 1788[i]) commercialement (comme les pécheurs anglais qui protégeaient leur territoire de pèche autour de l’ile King), ou bien intellectuellement (en s’appropriant les découvertes à travers la toponymie), et  sur les avantages stratégiques qu’une implantation dans la région impliquait.



D’autre part, les chapitres sur l’ile King peuvent être compris comme une enquête réalisée auprès des six pêcheurs, et leur chef, « le bon Cowper », faisant le point sur la pêche aux phoques dans les mers australes afin de renseigner le gouvernement français sur les avantages économiques et sur les perspectives que cette activité pourrait aussi offrir au commerce national, après les échecs du commerce des pelleteries de loutre dont l’expédition de La Pérouse avait étudié les marchés entre Nootka et Macao et qui avait motivé mais ruiné le voyage de Marchand. Ainsi, au fil de son exposé, Péron prévenait de façon plutôt obsessive que la France se disqualifierait face à l’Angleterre si elle n’engageait pas de flottes marchandes dans « ces pèches lucratives », tout en insistant lourdement sur le « massacre » par les pêcheurs anglais de ces animaux « d’un naturel extrêmement doux et faciles » « qui ne sauraient manquer de faire éprouver bientôt un affaiblissement sensible et irréparable à la population de ces animaux ». 



Sur ce dernier point, les perspectives de Péron rejoignaient la pensée de certains savants de son temps, notamment le comte de Lacépède, l’un de ses « plus chers professeurs », préoccupés par les chasses trop intensives qui poursuivaient l’animal « dans ses retraites les plus cachées » et « dans ses asiles les plus reculés » compromettant fatalement la reproduction des espèces. Péron analysait la distribution spatiale australe des éléphants de mer en corrélant leurs grandes « émigrations périodiques » latitudinales avec le climat et les particularités physiques des côtes (l’éléphant de mer préférait les littoraux sableux au littoraux rocheux), tout en constatant que parmi leurs prédateurs, l’homme (les phoquiers anglais) était de loin le plus « féroce » et menaçait par une pêche acharnée de faire disparaitre l’espèce. Pour conclure, Péron changeait d’échelle et de perspective pour replacer son analyse dans le contexte géostratégique de la politique maritime de la France face à de l’Angleterre en citant Fleurieu suggérant l’efficacité pragmatique du modèle maritime anglais :




Ainsi donc tout tend à concentrer de plus en plus, entre les mains de l'Angleterre, ces pêches lointaines et lucratives. Un intérêt plus puissant encore que celui du gain lui commande cette politique et ces efforts. « En effet » , dit avec raison M. DE FLEURIEU, « chez nos rivaux … on compte pour tout de donner la plus grande activité au commerce et à la marine qui l ' alimente , et toute l ' extension possible à la navigation , et sur - tout à la grande navigation où s ' élève cette innombrable pépinière de Matelots qui, endurcis de longue main à la fatigue et aux dangers, et versés ensuite sur les Vaisseaux de l'État , ces Citadelles flottantes de la Grande-Bretagne, assurent à la fois sa puissance et sa liberté.



 




C Unité océanique régionale et zonation de l’espace



L’espace australien était aussi pour Péron source de perplexité et contrariété parce qu’il n’était pas conforme aux logiques des systèmes géographiques européens. Péron, pas plus que les Européens, ne parvint à saisir les dynamiques des paysages et des sociétés australes qui « mettaient en défaut tous les raisonnements fondés sur l’analogie » sur lesquels les phénomènes de « l’Ancien monde » reposaient (Péron, 2011).



Il constatait que la terminologie française que le géographe Buache utilisait dans sa théorie des bassins avec leur fleuve, qui permettait de diviser l’espace en fonction des réseaux hydrographiques, de même que la terminologie égyptienne avec les crues du Nil et leur importance pour l’agriculteur égyptien ne s’appliquait pas aux Terres australes. Il notait à propos des rivières et des inondations:






Vainement le navigateur qui longe les côtes de cette terre immense, croit découvrir à chaque instant l’embouchure d’un nouveau fleuve … Vain espoir ! ce fleuve majestueux se termine tout à coup comme un misérable ruisseau d’eau douce …



En Egypte, c’est le défaut d’inondation que redoute le cultivateur ; à la Nouvelle-Hollande, c’est leur excès.




Péron évoquait les vents qui traversaient les montagnes australes qui, au lieu de se caractériser par une température plus froide, comme Buache et Mentelle l’enseignaient pour les montagnes de l’Ancien Monde, étaient « enflammés ». Il constatait que « l’atmosphère, ainsi que tous les animaux et les végétaux de ce singulier continent, devait avoir ses lois propres, et se soustraire à tous les principes de nos sciences, à toutes les règles de nos systèmes, à toute l’analogie de nos idées ! », Il montrait les « imperfections » des théories des Lumières telle que l’idée que les races les plus noires habitaient les régions chaudes, et les races blanches ou plus claires les régions tempérées, en constatant « la couleur plus foncée des habitans de la terre de Diémen, leurs cheveux courts, laineux et crépus , dans un pays beaucoup plus  froid que la Nouvelle-Hollande où tout le contraire a lieu … ».



Face à une région lointaine où l’histoire naturelle ne répondait pas aux systèmes et théories explicatives de la géographie des montagnes des réseaux hydrographiques et des distributions de l’Ancien monde, Péron approcha la géographie des Terres australes d’une toute autre perspective: En s’alignant sur les suggestions et opinions de Fleurieu et Lacépède, il rompit avec la géographie descriptive du 18 siècle qui se limitait trop souvent aux « petits objets de détails » et aux analogies, pour s’attacher à rendre compte de « cette admirable échelle géographique des productions de la nature » en repérant au sein « du grand ensemble de la Nature » les principales divisions et sub-divisions  « géographico-zoologiques » et « hydrographico-zoologique » auxquelles les espèces animales et végétales qu’il observait se rattachaient. Ainsi, tout comme Humboldt qui, en 1801-1802 conçut et formalisa de façon pionnière la zonation altitudinale des espèces et des formations végétales des Andes qu’il explorait au moment même où Péron explorait les côtes australiennes, Péron mit en évidence la zonation latitudinale des animaux et de la végétation des Terres australes dans l’espace en fonction de leur éloignement ou de leur proximité « des pays froids » ou des « pays équatoriaux ».



Il donnait l’exemple des « zoophites solides » des côtes coraliennes de la Nouvelle-Hollande, en établissant leur zonation depuis le 34e degré de latitude sud jusqu’à l’équateur puis de l’équateur jusqu’au 34e degrés de latitude nord au sein d’une zone océanique où « ces faibles animaux » édifiaient des iles et récifs « redoutables » pour la navigation. Péron précisait que « c'est au port du Roi Georges, à la terre de Nuyts, que ces animaux viennent pour la première fois se présenter avec ces grands caractères qu'ils affectent au milieu des régions équinoxiales ». Incorporant l’échelle des temps géologiques, Péron concevait de façon novatrice que ces zoophites apparaissaient d’une part sous la forme fossile de « coquilles pétrifiées » et « d’incrustations singulières qu’on observe sur divers points de la Nouvelle-Hollande », et d’autre part sous forme de coquillages bien vivants et au milieu de « masses madréporiques ». Il établissait enfin une zonation de la température de l’eau de mer à différentes échelles de profondeurs (Mayer, 2015).



D’un point de vue théorique, cette construction océanique inscrivant l’espace dans « une longue succession de temps » rejoignait la théorie de l’océan primitif de Werner (1750-1817) reprise par Buache dans ses cours à l’Ecole normale, et qui retraçait l’histoire du globe à partir de ses montagnes, « que la mer, en se retirant, a dû laisser d’abord à découvert » (Buache & Mentelle, 1800), et sur le transformisme de Lamarck, qui, contrairement au catastrophisme de Cuvier, permettait d’expliquer la lente construction des formations coraliennes. L’analyse de Péron se conformait aussi à ce que Fleurieu avançait dans son examen des découvertes de Roggeween qu’il publia dans le voyage de Marchand :




L'œil attentif de l'observateur éclairé n'a rien découvert dans ces îles basses qui décelât l'existence ancienne, les restes ou les traces de volcans éteints ou engloutis sous les eaux , rien qui présentât un tableau de ruines , rien enfin qui pût indiquer qu'elles sont le produit de quelque convulsion du globe: tout annonce, au contrairequ'elles sont le produit des » siècles, que l'ouvrage n' en est pas terminé; qu ' il doit s ' y faire un accroissement graduel , mais qu'une longue succession de temps est nécessaire pour que cet accroissement soit rendu sensible. (Péron, 2011, en italique dans le texte)




Cependant, la notoriété de Cuvier, qui le patronnait, rendait difficile la remise en question de ses théories et Péron ajoutait de façon particulièrement ambivalente à propos des tridacnes vivantes (mollusque bivalve), « je n'oserois garantir l'identité des espèces dont je parle, quelque probable, d'ailleurs, que cette identité me paroisse. » (en italique dans le texte, p.168) D’un point de vue méthodologique enfin, la géographie de Péron, basée sur « des faits avérés et constants » observés sur l’ensemble des côtes australes, s’affiliait aux conceptions de la géographique physique du géographe Nicolas Desmaret (1795), en participant par là-même à la construction d’une nouvelle géographie des différentes unités régionales du monde.



Conclusion



Pour construire la géographie du monde austral, Fleurieu concilia le principe de la priorité de la découverte, avec les idéaux des Lumières et de la Révolution en rapprochant officiers de la marine, savants de l’Institut et du Bureau des longitudes, historiens et hommes de lettres (Fleurieu, 1797).



Son approche géographique et celle de Péron étaient complémentaires et se situaient au carrefour des grandes disciplines scientifiques et historiques de l’époque, dont elles incluaient et synthétisaient les perspectives, au service de la Nation française. Les deux savants pensèrent l’océan austral et ses bordures littorales comme espace et un milieu géographique avec des divisions régionales et zonales au même titre que les espaces continentaux, en attribuant à l’Australie une identité géographique océanique qui s’imposa dans les atlas du XIXe et XXe siècle français à travers la notion « d’Océanie » (Brué, 1822).  Le géographe Malte-Brun (1813, p.349) reprit aussi la notion en avançant « le nom classique et agréable de Grande-Océanide » pour désigner l’Australie, avant de se rallier au concept régional d’Océanie.



In fine, Fleurieu et Péron œuvrèrent pour le maintien d’une présence française en Terres australes pendant la période révolutionnaire dont témoignent les toponymes français qui parsèment les côtes australiennes. Conjointement au travail de mise en cartes d’un nouvel espace indo-pacifique de Flinders[ii], ils agencèrent un « ordre géographique » (Péaud, 2015) austral éloigné des conceptions géographiques des communautés aborigènes, qui intégra l’Australie au monde indo-pacifique et qui, face aux nouvelles mutations géopolitiques du monde, demeure toujours d’actualité.



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[i] Voir la transcription du Mémoire sur les établissements anglais à la Nouvelle Hollande de Péron publiée en 1998 dans la Revue de l'Institut Napoléon, vol. 176, no. 1, pp. 7-187.



 





[ii] Flinders envisagea aussi l’espace austral dans ses connections avec les mondes de l’océan Indien et de l’Asie des moussons (Bréelle, 2016).





 


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