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N°17-18 novembre 2020-mai 2021 : Penser les savoirs géographiques à l'époque moderne (XVe-XIXe siècle):

Penser le monde au XVIe siècle : acteurs, savoirs et projets

carrio cataldi


Par Carrio Cataldi (Newton International Fellow, Departmental office Foster Court, London)



Résumé : Au XVIe siècle, la cartographie a constitué une modalité privilégiée de production d’images du monde en Europe, et de représentation de l’extension universelle de monarchies, telles l’espagnole et la portugaise. En dialogue avec une historiographie qui a mis l’accent sur les nouvelles échelles géographiques de ces représentations, cet article souligne la dimension sociale et matérielle de la fabrique cartographique, pour mieux comprendre l’émergence, au moment de l'apparition des premiers atlas modernes, d’une cartographie régionale par laquelle saisir le Nouveau et le Vieux Monde. 



Mots-clés : empires ibériques, cartographie, Benito Arias Montano, Juan de Ovando, Jerónimo de Chaves, Andalousie, Floride



Abstract: During the 16th century, cartographical knowledge was a privileged modality of producing images of the world in Europe, and representing the universal extension of the Spanish and Portuguese monarchies. In discussion with a historiography that has emphasized the new geographical scales of these representations, this article highlights the social and material dimension of cartographic knowledge production. By so doing, I argue, we can better understand the emergence, at the time of the first modern atlases, of regional maps depicting the New and the Old World.



Keywords: Iberian empires, cartography, Benito Arias Montano, Juan de Ovando, Jerónimo de Chaves, Andalusia, Florida



Introduction 



L’historiographie en histoire moderne a mis en avant, ces dernières décennies, un ensemble de propositions théoriques et méthodologiques par lesquelles parvenir à rendre compte d’une « conscience de globalité » des acteurs du passé ainsi que des dynamiques historiques dites « globales » en cours depuis le XVIsiècle. Une historiographie très hétérogène s’était donné la tâche d’étudier depuis tout type de globe-trotters, de go-betweens et d’arpenteurs de cabinet capables de parcourir la Terre et de penser sa sphéricité, plume en main ou sur le pont d’un bateau. Sous forme d’interrogation, il a été également souligné l’écart possible et le péril d’une connexion linéaire entre penser le monde comme un globe au XVIe siècle et l’expérience du processus contemporain de globalisation : « “Penser le monde”. Mais qui le pense ? Les hommes du passé ou les historiens du présent ? » (Chartier, 2001).



Dans le sillage de l’élan insufflé par l’histoire atlantique, l’étude de l’expansion de l’empire espagnol au XVIe siècle a représenté un riche chantier de renouveau historiographique grâce auquel nous pouvons emprunter les routes du grand large. Les différences entre les Couronnes espagnole et portugaise ayant été reléguées à un deuxième plan, ce sont leurs points en commun – l’expérience sociale, culturelle et politique profondément transformatrice d’un empire d’outre-mer – qui sont davantage soulignés. Les empires « ibériques » peuvent être ainsi identifiés comme un « champ d’observation » (Gruzinski, 2001) de la modernité définie dorénavant par le développement d’une pensée et d’une expérience du globe.



Pour une historiographie en histoire des sciences tournée à l’origine vers l’Atlantique du monde hispanique, « science » a été le mot clé pour analyser comment — c’est-à-dire, par quels moyens intellectuels et matériels — les acteurs des deux Couronnes ont pensé le monde. En s’appuyant et en enrichissant une importante production historiographique de longue tradition en Espagne et au Portugal, les « Iberian science studies » ont proposé de questionner, ces dernières années, la chronologie et la géographie de l’ancien paradigme de la « Révolution scientifique ». L’article programmatique de Cañizares-Esguerra (Cañizares-Esguerra, 2004) pourrait être considéré comme une des premières références d’un effort collectif fortement ancré dans l’académie américaine, de plus en plus hétérogène (History of Science 2, 52, 2017), qui a revendiqué la réintroduction de l’espace « ibérique » dans les grands récits historiographiques de l’histoire des sciences.



C’est ainsi que, par le déplacement chronologique et spatial d’une enquête sur la Modernité, les empires ibériques peuvent être revisités comme un cadre fertile pour explorer une « nouvelle conscience spatiale » (Besse, 2005) dans son rapport au globe comme construction géographique et à la « première mondialisation » comme processus historique.



Le présent article s’inscrit dans un dialogue avec cette riche historiographie en proposant de discuter la construction des images du monde et la constitution du savoir cosmographique dans le cadre de la monarchie hispanique au XVIe siècle. Il n’endosse pas, cependant, le paradigme interprétatif d’une « Révolution scientifique » dont l’idée d’une progressive mathématisation de la représentation de l’espace a fortement orienté l’histoire de la cartographie. Il ne prend pas non plus pour acquis qu’une dimension « globale », se rapportant soit à l’expérience du monde comme un globe au XVIe siècle, soit à sa représentation cartographique, est une échelle d’analyse univoque des contextes du moment impérial étudié. En revanche, je souhaite discuter ici ces approches en me focalisant sur l’analyse des modalités de construction d’une cartographie du monde à partir de l’exemple des circulations entre deux espaces de la monarchie des Habsbourg — les Pays-Bas et la péninsule Ibérique — et de l’hétérogénéité d’approches en cours au XVIesiècle. Les questions d’une échelle régionale de la cartographie et du rapport entre représenter le Nouveau et le Vieux Monde retiendront mon attention1.



II. Sous la surface des cartes : circulations, échelles, projets



La cartographie a constitué une modalité cruciale, mais non exclusive, de représentation et d’exploration du monde du XVIe siècle. Dans le contexte de la monarchie des Habsbourg, cette construction de l’image du monde et de son expérience par la carte a été bâtie sur des circulations d’objets et d’informations. Celles-ci ont été motivées par des acteurs liés à des structures sociales et de pouvoir d’un empire ancré dans des dynamiques politiques et culturelles propres des sociétés d’Ancien régime. Le caractère composite des territoires de la monarchie (Elliott, 1992; Cardim et al., 2012), avec des fidélités qui se juxtaposent et des hiérarchies inscrites au cœur d’une société de privilèges, a été le cadre dans lequel un ensemble hétérogène de projets politiques et épistémologiques ont forgé des images du monde déclinées, à leur tour, en échelles différentes. 



La correspondance entre deux figures cruciales de la politique, de la culture et des politiques culturelles de cette période, Benito Arias Montano (1527-1598) et Juan de Ovando (1514-1575), offre la possibilité de saisir les enjeux sociaux, matériels et techniques de cette construction tout comme son caractère conjoncturel, lié aux itinéraires personnels qui la rendent possible (Jiménez de la Espada 1891; Macías Rosendo 2008). Arias Montano, théologien chapelain du roi Philippe II, philologue renommé et bibliothécaire de l’Escorial (1576) (Rekers 1972 ; Portuondo 2019), entretient une riche correspondance avec le juriste Ovando, inspecteur (1567-1571) puis président du Consejo de Indias (1571). Ce dernier est également responsable des réformes du Consejo qui donneront lieu à la création du titre de cosmographe-chroniqueur des Indes(1571-1590), et à de grands projets de recompilation d’informations, entre autres, géographiques, comme les Relaciones geográficas de las Indias (Schäfer 1947; Stafford 2004 ; Portuondo 2009).



Depuis son arrivée aux Pays-Bas, où Arias Montano se rend pour développer le projet d’une Bible polyglotte avec Christophe Plantin (1520 ?-1589), le philologue écrit régulièrement à Ovando. Leur intense correspondance témoigne d’un important axe de circulation de divers objets entre les Pays-Bas et la péninsule Ibérique. Parmi ceux-ci, l’historiographie n’a pas manqué de signaler les instruments fabriqués par deux personnages considérés comme centraux par l’histoire de la cartographie : Gemma Frisius (1508-1555) et Gérard Mercator (1512-1594) (Villaverde, 1997, 76)2. Il importe ici, en revanche, d’explorer davantage les circuits, les péripéties et la nature de ces circulations humaines et matérielles. De ce point de vue, la lettre envoyée par Arias Montano lorsqu’il arrive en Flandre en 1568 est très riche en informations. 



Parti de Laredo, ville au nord de la péninsule, le 22 avril 1568, Arias Montano n’arrive que le 16 mai dans le comté de Flandre. Une tempête, écrit-il, a compliqué ce court voyage et le bateau a dû accoster en Irlande. Arias Montano a traversé ce territoire en six jours, de « Yoghol » (Youghal,)3 jusqu’à Dublin, où il a repris la mer pour aller à « Cester » (Chester), en Angleterre. Puis, il a voyagé de Cester à « Dobla » (Dover), où il s’embarque vers Calais, port à partir duquel il continue par voie terrestre jusqu’à Anvers, sa destination finale. Les difficultés de voyager à l’époque moderne ne sont pas toujours proportionnelles à la distance parcourue. Pendant ce temps, écrit Arias Montano en mettant l’accent sur les nombreux ennuis de son périple, il a navigué sur trois mers et a été même forcé de remonter à contre-courant une rivière sur quinze lieues (Lettre 14 juin 1568). 



Dès son arrivée à Anvers, Arias Montano prend contact avec Ovando. Il lui propose de lui envoyer des livres de théologie et d’astrologie, des descriptions géographiques, des peintures de paysages, des objets d’art ainsi que des instruments d’observation et de mesure. Il affirme qu’il aurait souhaité rédiger lui-même des « descriptions » de son voyage, car, écrit-il, peu d’Espagnols se sont déjà rendus dans les territoires que l’orage l’a obligé à sillonner. Quant aux cartes, quoique dans une lettre postérieure datant de 1569 il sera question d’une mappemonde, l’intérêt premier d’Arias Montano ne semble pas porter sur des descriptions de l’ensemble du monde. Comme il l’écrit, il s’intéresse aux « particularités des provinces ». Son intérêt pour la description et la représentation des territoires va de pair avec celui pour les moyens instrumentaux permettant d’en rendre compte. Arias Montano semble avoir acheté, très rapidement après son arrivée à Anvers, des globes célestes et terrestres fabriqués par Gemma Frisius et Gérard Mercator. Mais dans son courrier, il porte également son attention sur un astrolabe qu’il a acquis chez un artisan de Louvain. De très grande taille et de qualité, explique-t-il à Ovando, le seul problème de cet instrument est qu’il n’a de tables que pour des « régions septentrionales » et une « générale pour toute la terre ». Le philologue souhaite, en revanche, l’employer pour des régions précises de l’Espagne. C’est pourquoi il a demandé de dresser des tables pour l’Andalousie et l’Estrémadure, afin de rendre l’instrument opérationnel dans ces régions et à ces échelles. En effet, comme la plupart des instruments de mesure et d’orientation dépendant du calcul des latitudes pour leur fonctionnement, les astrolabes aussi doivent être calibrés et adaptés à leur contexte d’utilisation — en changeant leur « tympan », notamment (Maroto et Piñeiro 2006, 244).



Ces questionnements d’ordre technique sont, dans l’échange entre les deux hommes, aussi centraux que la question du prix, de la matérialité et des circuits choisis pour faire parvenir les objets des Pays-Bas en Espagne. De ce point de vue, livres, cartes, instruments, pièces d’art et articles de luxe font l’objet du même traitement. De cette correspondance émerge également de façon claire la raison qui explique le sens de ces circulations, principalement des Pays-Bas vers l’Espagne. Aux yeux d’Arias Montano, le rapport qualité-prix est définitivement plus avantageux à Anvers et ses alentours qu’en Espagne. Concernant les livres, dans cette même lettre de juin 1568, le rôle de Plantin, qui lui permet de trouver ce dont il a besoin et au meilleur prix, est décrit clairement. Les livres sont très bon marché, explique Arias Montano à partir d’exemples précis de certains volumes en papier — la reliure n’est pas prise en compte —, en comparaison avec les prix des livres en Espagne. Il en va exactement de même pour les instruments cités dans la lettre (l’astrolabe, une sphère de métal, un anneau astronomique) qu’Arias Montano achète ou demande de fabriquer à Louvain.



La manière de faire parvenir ces objets en Espagne est, à grands traits, la suivante. Arias Montano dresse et envoie à Ovando une liste de prix de livres, d’instruments et d’autres objets qui pourraient l’intéresser. Une fois que ce dernier a exprimé ses préférences et qu’Arias Montano en a fait l’achat, ces objets sont envoyés par mer, jusqu’à Laredo, Biscaye ou directement au sud de la péninsule « grâce aux nombreuses urcas qui de Flandres abordent Séville » (Lettre du 31 mars 1570 ; Macías Rosendo, 2008, 2049). Parmi les points reliés et mentionnés dans l’échange épistolaire, on trouve Anvers, Medina del Campo, Madrid, Séville, Salamanque ou, encore, la foire de Francfort. La correspondance met également en lumière un ensemble d’intermédiaires qui permet d’acheminer ces produits ainsi que les frontières et douanes à franchir ou à essayer d’éviter. Si Arias Montano conseille à Ovando de demander un « passeport » (pasaporte) pour que ses commandes circulent sans problème, il pense également qu’elles ne seront pas taxées au port s’il indique bien qu’elles sont pour lui. Ovando, dans le même esprit, propose une solution pour éviter le paiement de droits, de dîmes ainsi que de l’enregistrement de ses commandes. Sur le brouillon d’une lettre d’Ovando à Arias Montano on peut lire que ses « caisses » devront être marquées avec une croix grecque, symbole par lequel on reconnaîtra Ovando comme le destinataire. Quant au paiement, Arias Montano suggère qu’il pourrait se faire par différents agents de la monarchie comme Jerónimo de Curiel, des membres de la cour ou par le biais des Sévillans ou des Génois qui sont sur place (Lettre 14 juin 1568 ; Jiménez de la Espada, 1891). 



Une description plus étendue et une analyse détaillée de cette correspondance ne pourraient qu’enrichir la diversité de détails que fournissent ces quelques éléments cités en amont, tirés principalement d’une des premières lettres d’Arias Montano à Ovando. L’observation lors des voyages — de longue ou courte distance —, la description, ainsi que la circulation et l’accumulation d’informations, de livres et d’instruments sont autant d’opérations, mécanismes et outils qui se côtoient dans une réflexion et mise en image du monde au XVIe siècle. Par-là même, l’éventail d’acteurs et d’intermédiaires différents qui sont engagés dans cette construction, l’hétérogénéité des projets déployés ainsi que la labilité des savoirs dans lesquels ils s’inscrivent sont des éléments à retenir dans l’analyse. 



Comme l’échange entre Arias Montano et Ovando le suggère, la production cartographique qui saisit l’empire des Couronnes ibériques est construite par et pour des circuits d’acteurs qui opèrent à l’intérieur ou en rapport à des structures de patronage et de pouvoir de la monarchie des Habsbourg. Ces circulations articulent une multiplicité d’échelles qu’il faut mettre en exergue. Celles-ci sont à comprendre ici comme un enjeu technique et épistémologique de représentation de l’espace sur la surface d’un livre ou d’un parchemin, alors que l’écoumène s’étale, pour la monarchie espagnole et portugaise, jusqu’aux limites du globe. Mais toute échelle comporte également un enjeu social et politique dans la mesure où ce rapport entre l’espace et sa représentation repose sur une expérience humaine du monde et sur la capacité des acteurs à la transformer en connaissance cartographique.



Cette tension entre le « tout » à représenter et les moyens techniques et sociaux pour le faire parcourt les différents projets et réflexions sur le monde et ses parties en tant qu’espaces géographiques à l’époque moderne. La mappemonde de Mercator, à laquelle Arias Montano fait allusion dans sa lettre du 23 décembre 1569 en est un bon exemple. Malgré la description succincte que le philologue en fait, il s’agit très probablement d’une copie de la carte Nova et aucta orbis terrae descriptio ad usum navigantium emendate accomodata (dont un exemplaire est conservé à la Bibliothèque Nationale de France, Paris, GE A-1064 RES), parue la même année à Duisbourg, dans le duché de Clèves, où Mercator s’est installé depuis 1552. L’exploit technique de cette carte, souvent souligné par l’historiographie (Alves et Leitão, 2013), est de proposer une projection pour représenter l’ensemble du monde sur une surface plane en gardant une déformation constante de ses parties de telle sorte que toute courbe tracée sur la sphère devient une ligne droite sur le plan (D’Hollander 2005). Mais au-delà de cet aspect technique et formel, la carte est un véritable collage d’informations et de sources médiévales et modernes qui font preuve de l’insertion de Mercator dans un réseau intellectuel et politique lui permettant de mobiliser une vaste quantité de ressources. Comme il est indiqué dans les cartouches, la mappemonde est le résultat d’un effort pour vérifier les positions, les dimensions et les distances grâce à une comparaison des « cartes marines des Espagnols et des Portugais » avec « la plupart des récits de navigation, tant imprimés que manuscrits » (trad. Bureau hydrographique international, 1932).



Malgré l’apparence d’homogénéité que l’application du réticule des coordonnées géographiques dessine sur les cartes, et dont la mappemonde de Mercator représente un aboutissement, toute image cartographique du monde se construit par des fragments annexés ou juxtaposés, articulés les uns aux autres grâce à un ajustement des échelles. C’est ainsi que peut s’opérer le passage de l’expérience et de l’information géographique, toujours locales et localisées, à l’expérience cartographique des parties du monde, et du monde comme un globe. Les rapports entre l’une et l’autre redéfinissent constamment tout jalon intermédiaire, telle l’idée de « province » ou de « région », européenne ou non, qui s’installe dans la cartographie européenne du XVIe siècle. La maîtrise de la géographie et de la nature de certains territoires, mers ou montagnes de l’Europe reste, de fait, aussi complexe que celle des lointaines terres outre-mer (Bourdon, 2011).



III. Les fabriques cartographiques du Vieux et du Nouveau Monde



Dans le sillage des entreprises culturelles de l’humanisme, la renaissance de différentes traditions géographiques, telles celles représentées par Ptolémée et Strabon, qui donnent un nouveau souffle à la cosmographie au XVIe siècle, constitue un cadre commun pour l’exploration du « vieux » continent. Cet aspect est mis également en relief dans les échanges épistolaires entre Arias de Montano et Ortelius. Le 10 avril 1591, Arias Montano répond à Ortelius en lui remerciant pour l’envoi des cartes de l’Espagne, de la Chine, de Valence et de la Floride. Il lui propose, en échange, de lui faire parvenir une « méditation » (mediationem) d’un ami chanoine qui pourrait servir pour la carte de l’Espagne. Arias Montano contactera également cet ami au sujet des noms des lieux de « Celtiberia » que Ortelius lui a demandé (Morales, 2002). Le processus et les mécanismes de sa mise en image et en récit sont concomitants à ceux du Nouveau Monde. Ils redéfinissent ainsi la place et les dimensions — comme Mercator l’indique dans sa carte — de chacune de ces masses de terre sur l’orbe. Les références aux cartes et aux astrolabes régionaux dans la correspondance d’Arias Montano-Ovando doivent être comprises dans ce sens. L’intérêt explicite du premier pour des instruments adaptés à la tâche de cartographier l’Andalousie et l’Estrémadure est un autre indice pour soutenir l’hypothèse, suggérée par l’historiographie, que ce serait son retour dans la région de Séville qui aurait permis l’impression de la première carte de l’Andalousie dans le Theatrum orbis terrarum d’Abraham Ortelius (Rica 1988, 248). 



Preuve de l’existence des circulations dans le sens inverse, c’est-à-dire, de la péninsule Ibérique vers les Pays-Bas, la carte de l’Andalousie est signée par Jerónimo de Chaves. Jerónimo et son père, Alonso, obtiennent, en 1552, deux des plus importants titres à la Casa de la Contratación, celui de responsable de la chaire de cosmographie et de pilote majeur, dont les fonctions de correcteur des cartes et examinateur des pilotes varient au long du siècle. Ils les acquièrent grâce à la capitalisation de leurs connaissances et de leur expérience dans la production de cartes et d’instruments que l’expansion impériale de la Couronne a transformée en opportunité économique ouverte à une hétérogénéité d’acteurs aux profils sociaux et intellectuels très divers. C’est ainsi le résultat d’un rapport de forces sociales entre différentes factions du microcosme sévillan pour contrôler une partie de ce marché (Carrió Cataldi, 2015). 



Depuis cette position privilégiée, Jerónimo de Chaves s’adonne à la rédaction de plusieurs traités et cartes. Sa carte de l’Andalousie est répertoriée dans le catalogue d’auteurs collaborant au travail d’Ortelius dès l’édition de 1573 du Theatrum, pour n’être publiée que six ans plus tard, dans l’édition de 1579, ou peut-être pour être insérée en 1580 dans l’Additamentum II (Rica, 1988, 248). C’est dans la même édition que paraîtra une deuxième carte du cosmographe sévillan, celle de la Floride, accompagnée d’une carte de la région du Pérou (Peruvviae auriferae regiones typus), signée par Diego Hurtado de Mendoza et du « Huasteca » (Guastecan), partie orientale de la Nouvelle Espagne.



Le réseau Séville-Anvers et le projet cartographique d’Ortelius s’inscrivent, de fait, dans un contexte d’efforts multiples de représentation du Vieux et du Nouveau Monde en cours tout au long de l’époque moderne. Depuis le début de l’expansion maritime de la Couronne espagnole, des voyageurs d’autres royaumes européens parcourent ou publient sur la géographie de la péninsule ibérique, les différences des peuples, les particularités des terres et de la flore et de la faune. Parmi d’autres exemples, on peut citer le voyage d’Hieronymus Münzer en Espagne et Portugal (1494-1495) à partir duquel Münzer rédige son Itinerarium, ou celui de Charles de l’Écluse (1564-65) qui lui servira pour rédiger son Rariorum aliquot stirpium per Hispanias observatarum historia (Anvers, Plantin, 1576). À la même époque, des cosmographes comme Alonso de Santa Cruz travaillent sur la correction des tables anciennes et de la cartographie des régions péninsulaires (Domingo Cuesta, 2004). C’est dans ce sens qu’un chroniqueur royal comme Juan Páez de Castro (1515-1570) (Cortijo Ocaña, 2000) conseille, dans son Memorial de las cosas necesarias para escribir la Historia, d’entreprendre une description de l’Espagne :



Il sera nécessaire de parler des choses de l’Espagne, faire une description de son ensemble, en suivant la mer, le mont, les rivières et les langues. Après [il faudra] les diviser dans ses parties principales selon la mémoire la plus ancienne […]. Jusqu’à arriver aux temps bienheureux de VM [Votre Majesté] quand ce sera ouvert un très grand champ en sortant de l’Espagne […] et par sa grandeur on s’étendra non seulement sur une bonne partie de notre Europe et de l’Asie et de l’Afrique où les armes et les étendards de VM sont arrivés, mais [aussi] sur les Mondes découverts auxquels les anciens n’ont pas crus. On dessinera un nouveau ciel jamais vu auparavant, une nouvelle terre jamais imaginée, avec toute l’extravagance [« extrañeza »] qu’elle a. Où on ne trouvera pas de choses semblables aux nôtres. De nouveaux arbres, des herbes et des terres, des oiseaux et des poissons. Nouveaux hommes, coutumes et religions. De grands événements de la conquête et de la possession de ce qui a été conquis.



“Sera necesario hablar de las cosas de España, hacer una descripcion de toda ella siguiendo la marina, y monte, y rios y lenguas. Despues dividirlas en las partes principales segun la memoria mas antigua [...] hasta que vengamos a los bienaventurados tiempos de VM donde se nos abrira un grandisimo campo saliendo de España […] y por su grandeza dilataremos nos no solo a mucha parte de nuestra Europa y Asia y Africa donde han llegado las armas y estandartes de VM, pero a los mundos descubiertos no creidos de los antiguos […] Pintaremos nuebo cielo nunca visto de nuestros pasados, nueba tierra nunca imaginada con la extrañeza que tiene. Onde no hallaremos cosa que parezca a las nuestras. Nuevos arboles, hierbas tierras, abves y pescados. Nuevos hombres, costumbres y religion. Grandes acontecimientos en la conquista y en la posesion de lo conquistado”. (Juan Páez de Castro, Memorial de las cosas necesarias para escribir la Historia, Archivo privado del Prior del Real Monasterio del Escorial, ms. Q-18. J’utilise ici la copie tardive du XVIIIe siècle de la BNE, MSS/18637/1, Sala Cervantes, fol. 18v-19r.)



La proposition de Páez de Castro d’une inscription des espaces impériaux dans une géographie (historique) et une histoire naturelle dans la lignée de Pline et de Strabon fait de l’Espagne et de ses parties le préambule de la connaissance de l’Asie, de l’Afrique et du Nouveau Monde. La démarche implique, précise Páez de Castro plus loin, de fouiller activement des registres de notaires, de bibliothèques de collèges, de monastères et d’abbayes, ou encore une recherche généalogique sur les gouverneurs de ces empires, ce que différents acteurs mèneront dans les territoires de la monarchie tout au long du XVIe siècle (Ibid, fol., 20r). C’est par ce même geste que ces territoires sont inscrits dans le temps et dans l’espace d’une monarchie qui pense et ambitionne l’universalité de son extension en parallèle à celle du christianisme. 



Suite à l’initiative de Páez de Castro, le lancement du grand projet des Relaciones geográficas de Indias (1569) (Clinton, 1969) pour compiler une grande diversité d’informations sur le Nouveau Monde aura comme conséquence l’enrichissement des « archives géographiques » que la monarchie est en train de construire. Cet élargissement se place dans la continuité par rapport aux Relaciones topográficas du territoire, des villes et de l’histoire péninsulaire mis en place auparavant et sur laquelle l’historiographie n’a guère insisté (Campos y Fernández de Sevilla, 1994). La « nouveauté » des Indes et de l’image du monde comme un globe formé de quatre parties que cette diversité d’acteurs et projets construisent ne se produit pas en rupture avec les nombreuses modalités, déjà existantes, du saisissement du monde. Elles s’installent dans le prolongement, l’adaptation et le remaniement d’anciens modèles qui travaillent également la cartographie du Vieux continent.



Les différences résident cependant dans le rapport entre les espaces représentés et des dynamiques impériales qui sont, bien entendu, distinctes. Les cartes de la Floride et de l’Andalousie de Jerónimo de Chaves n’ont pas, au XVIe siècle, la même connotation étant donné leur différent degré d’intégration à la structure de la monarchie et à son histoire. L’Andalousie se situe aux limites d’une Méditerranée explorée depuis l’Antiquité alors que la Floride représente une porte ouvrant sur un nouveau continent encore à conquérir. Toutefois, les deux territoires se placent dans la succession, non linéaire, d’une logique de conquête territoriale et spirituelle où l’Andalousie est l’ancienne frontière religieuse et politique de la « Reconquista » et la Floride une nouvelle « saltwater frontier » (Turner Bushnell, 2012), au cœur de nouvelles logiques impériales. 



Tout en prenant en compte ces asymétries historiques et les difficultés pour déterminer avec précision les sources de Jerónimo de Chaves pour la réalisation de ces deux cartes, il faut s’accorder sur le fait que la rapide circulation d’informations géographiques sur le Nouveau Monde est concomitante à une reconnaissance du Vieux Monde encore en cours au XVIe siècle. L’Archivo Gerenal de Indias et celui de Simancas conservent des manuscrits témoignant de ce processus d’exploration de la côte ibérique, notamment de sa partie sud, vers la moitié du siècle. Rédigés avec un caractère technique et descriptif — probablement pour une circulation et utilisation interne —, ils répondent à différents besoins et situations : essentiellement, à un contexte défensif face à la peur des révoltes des morisques et des corsaires barbaresques (, à une volonté de synthétiser la connaissance des accidents géographiques et des ports lors du siège de la cité de Calvi par les troupes françaises et ottomanes, ou encore à la nécessité d’améliorer la connaissance de la côte entre le cap São Vicente et Gibraltar (Muñoz Gómez, 2014)4



Ce qui dans le Vieux Monde relève d’une stratégie défensive vaut comme stratégie offensive dans le Nouveau Monde : la carte de la Floride est une cartographie d’exploration et d’occupation, fortement axée sur la possibilité de pénétration par les rivières, « couloirs » de tout continent (Benton, 2010). Aux publications disponibles sur les difficultés des expéditions en Floride telles celles menées par Pánfilo de Narváez (décrite en 1542 par Cabeza de Vaca), ou celle d’Hernando de Soto (Fidalgo de Elvas, 1557), il faut ajouter d’autres sources cartographiques qui permettent d’intégrer ces nouveaux espaces pour les sociétés européennes dans une réflexion plus générale sur les proportions et les parties du monde (González, 1979 ; Williams et Lewis, 1993Cumming et De Vorsey, 1998 ; González Díaz et Lázaro de la Escosura, 2008). Les études sur la cartographie de la région ne permettent pas cependant de préciser avec exactitude les sources de cette carte signée par Chaves et publiée par Abraham Ortelius (Delanglez, 1944, 1945 ; True, 1954 ; Cumming, 1963 ; Kelley, 1990). Les possibilités sont nombreuses : la carte « Mapa de Golfo y Costa de la Nueva España », connue comme « Mapa de Soto » et attribuée à Alonso de Santa Cruz (Archivo General de Indias, MP-MEXICO,1, [1544]), par exemple, ou celle du père de Jerónimo de Chaves, Alonso, aujourd’hui perdue, mais mentionnée par Gonzalo Fernández de Oviedo (Delanglez, 1945, 2). Michael Gannon semble suggérer également que de Soto aurait pu se baser sur un manuscrit d’Alonso de Chaves pour déterminer le meilleur endroit pour débarquer (Gannon, 1996, 26). Enfin, demeure l’hypothèse d’une juxtaposition et d’un réaménagement de plusieurs de ces sources à la fois.



Ici, il est sans doute intéressant de souligner que dans le Theatrum d’Ortelius les deux cartes de Chaves participent à l’installation de l’idée de « région » au sein d’un dispositif visuel qui s’ouvre par une image de ce nouveau « tout » qu’est la Terre pour se décomposer aussi vite page après page, en ses parties. De l’autopsie du voyage à l’espace de l’érudition, en passant par cet espace de création qu’est le réseau d’informations (Besse, 2013), la Floride et l’Andalousie font partie d’une même expérience cartographique.



Conclusion



L’historiographie a accordé une primauté presque exclusive à la dimension spatiale de la réflexion sur le monde au XVIe siècle et aux représentations cartographiques du globe, avec l’intégration, dans les cartes et les imaginaires, d’un continent inconnu des sociétés européennes. Parmi les raisons les plus importantes qui expliquent cette perspective se trouvent, certainement, le changement radical qu’a impliqué, pour certains groupes sociaux, l’élargissement spatial de leur horizon de vie, ainsi que le défi de placer cette extension sur des représentations en parchemin ou en papier. 



Une analyse des mécanismes sociaux et intellectuels de la fabrique cartographique du monde, comme celle que cet article propose autour des figures de Benito Arias Montano, Juan de Ovando et Jerónimo de Chaves, met en évidence plusieurs éléments fondamentaux qui sont à rappeler. D’une part, l’étude des circulations qui rendent possible la construction des savoirs sur le monde, et la cartographie, parmi ses nombreuses expressions, ne peut que s’inscrire dans les dynamiques hiérarchisées des sociétés d’Ancien régime. D’autre part, l’émergence de nouvelles échelles de représentation s’est réalisée en parallèle de la redéfinition de jalons intermédiaires permettant d’osciller du local au global par l’annexion, la juxtaposition ou le réaménagement de fragments du monde. La correspondance entre Arias Montano et Ovando ainsi que les deux cartes de Jerónimo de Chaves publiées dans le Theatrum d’Ortelius permettent de souligner les dynamiques des réseaux participant à ce type de projets au sein de la monarchie des Habsbourg. L’importance des cartes régionales et les défis d’adaptation des instruments permettant leur réalisation sont des aspects à reconsidérer dans une historiographie sur les empires ibériques prise par les récits du global. 



La diversité des acteurs impliqués dans cette entreprise ainsi que leurs formations premières (respectivement un juriste, un théologien, un maître en arts dans le cas d’Ovando, d’Arias Montano et de Jerónimo de Chaves) nous préviennent des difficultés de toute généralisation sur ceux-ci et sur les liens entre « savants » et « savoirs ». Si la cosmographie a pu porter une proposition de description de la totalité du cosmos en regroupant des connaissances et des pratiques – cartographiques, entre autres –, c’est en partie grâce au profil social et intellectuel de ses pratiquants qui reste très ouvert tout au long du XVIe siècle. 



L’analyse de ces éléments invite à une double réflexion historiographique finale. Tout d’abord, sur le clivage entre l’histoire coloniale et l’histoire européenne que la montée de l’histoire globale, ces dernières années, n’a pas réussi à dissoudre complétement. Cela explique, entre autres, l’attention asymétrique que l’historiographie a portée aux cartes de Jerónimo de Chaves. La nouveauté de sa carte de la Floride a été retenue comme celle d’un projet isolé, sans lien possible avec sa carte de l’Andalousie et le reste de son travail. Deuxièmement, elle incite à continuer à questionner le rapport entre cartographie et cosmographie, dont l’historiographie a longuement assumé que la première pouvait couvrir, au moins dans le cas des empires ibériques au XVIe siècle, le périmètre intellectuel de la deuxième. 



Notes :



1. Une première version de cet article a été soumise en 2017. Il est basé sur des recherches menées dans le cadre d’une bourse de séjour à la John Carter Brown Library, en 2016, et sur une partie mon travail de thèse doctorale, en cours de publication (Carrió Cataldi, 2015)



2. Pour une discussion plus large sur la circulation de produits culturels à l’intérieur de la monarchie hispanique voir (Aram et Yun-Casalilla, 2014).



3. Marcos Jiménez de la Espada identifie cependant « Yoghol » avec Galway. Macías Rosendo confirme qu’il doit s’agir de Youghal (Jiménez de la Espada 1891 ; Macías Rosendo 2008, 16582)



4. Memoria de los puertos y calas que ay desd’el cabo de Palos hasta la punta del Carnero que es junto con Gibraltar y el Estrecho, adonde se pueden abrigar navíos de rremos, fustas y galeras où est décrite la géographie, les ports, les vents, entre autres éléments liés à la navigation, de la côte de Murcia à Grenade ; Relación de los puertos y cavos de la costa de España desde el cavo de Ysuer en Fuenterravía al estrecho de Gibraltar y adelante (ca. 1554) ; Relación de los puertos y barras que ay en la costa dende el cabo de Sant Vicente hasta el cabo de Trafalgar (Documents cités par Muñoz Gómez, 2014).



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