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N°14-15 mai-novembre 2019 : Impacts environnementaux et approches spatiales de la Grande Guerre:

Regarder le paysage d'hier à aujourd'hui, les apports de l'archéologie préventive de la Grande Guerre sur le Chemin des Dames (Aisne)

Gilles DesplanqueEtienne Verkindt


Par Gilles Desplanque (Pôle archéologique du Département de l’Aisne) er Etienne Verkindt, Pôle Chemin des Dames du Département de l’Aisne, Chercheur associé au laboratoire Territoires, Villes, Environnement et Société;



Résumé : Le Pôle archéologique du Département de l’Aisne a réalisé deux opérations d’archéologie préventive dans le secteur du Chemin des Dames et portant sur des vestiges de la Première Guerre mondiale. L’extension du Parking de la Caverne du Dragon sur le plateau du Chemin des Dames a donné lieu à une fouille menée en 2015 (2 200 m²) qui a permis de mettre en évidence des aménagements allemands à vocation défensive ou destinés à l’observation des lignes françaises situées en contrebas. La présence d’une carrière souterraine (dite « du Dragon », aujourd’hui espace de visite), abondamment occupée par les belligérants et reliée à la surface par des boyaux, renforce l’intérêt du site. Par ailleurs, dans le cadre de l’exploitation du sable dans la vallée de l’Aisne, une fouille a été réalisée en 2017 sur la commune de Presles-et-Boves. L’emprise étudiée (11 000 m²), située au pied du Chemin des Dames, a permis de mettre au jour une occupation française consistant en différents abris semi-enterrés (hébergement des soldats, stockage, latrines…), reliés entre eux par un réseau de boyaux. 



Située dans un même contexte paysager – le plateau calcaire du Chemin des Dames, entaillé par les vallées de l’Ailette au nord et de l’Aisne au sud –, ces deux opérations synthétisent les enjeux militaires du conflit dans ce secteur. Pour les Allemands, il s’agit de tenir le plateau (jusqu’à l’attaque du 16 avril 1917 qui permet aux Français d’en reconquérir une grande partie) en s’appuyant sur le réseau existant des galeries souterraines tout en l’améliorant grâce à des accès supplémentaires et des abris en béton armé construits en surface. En contrebas, si les conditions de vie semblent moins bonnes (nappe phréatique peu profonde, position d’assiégeants observés…), les Français se dotent d’équipements soignés, garantissant des conditions de vie décentes, et présentant aujourd’hui un bon état de conservation grâce à une couverture forestière permanente depuis 1918.



Afin de comprendre et transmettre les connaissances acquises, les résultats des fouilles archéologiques sont ensuite intégrés dans un SIG qui synthétise des données variées. Cet outil cartographique constitue ainsi pour le Département de l’Aisne un support à la compréhension du paysage de guerre.



Mots-Clés : Archéologie préventive, Caverne du Dragon, Chemin des Dames, plateau calcaire, carrière, observer, paysage, SIG, transmission, patrimoine.



Abstract : The Archaeological service of the Department of Aisne has carried out two preventive archaeological operations in the Chemin des Dames sector on the remains of the First World War. The extension of the Caverne du Dragon Parking on the plateau of the Chemin des Dames gave rise to a search conducted in 2015 (2,200 m²) which allowed to highlight German developments with a defensive purpose or intended for the observation of the French lines located below. The existence of an underground quarry (now known as the ”Dragon” and today a museum), which is heavily occupied by belligerents and connected to the surface by trenches, reinforces the site’s interest. In addition, as part of the sand exploitation in the Aisne Valley, a search was carried out in 2017 on the commune of Presles-et Boves. The studied surface (11 000 m²), sited at the bottom of the Chemin des Dames, has allowed to discover a French settlement made of different half buried shelters ( billets for soldiers, storage, toilets..), connected together by a trench system. 



Located in the same landscaping context – the limestone Plateau of the Chemin des Dames, cut by the valleys of the Ailette to the north and the Aisne to the south – these two operations synthesize the military challenges of the conflict in this area. For the Germans, the idea is to hold the plateau (until the attack of April 16, which allows the French to win back a large part of it) by relying on the existing network underground galleries while improving it with additional access and reinforced concrete shelters built on the surface. Lower down, while living conditions appear to be less good (shallow water table, position of observed besiegers, etc.), the French are equipping themselves with tidy equipment, guaranteeing decent living conditions, and now exhibiting a good state of conservation thanks to a permanent forest cover since 1918.



In order to understand and pass on the knowledge gained, the results of the archeological excavations are then integrated into a GIS that synthesizes various data. This cartographic tool thus provides the Aisne Department with a support for understanding the war landscape.



Keywords :WW1 Archaeology, Geoarchaeology, Trenches, Sedimentary model.



Introduction



Du fait de sa complexité géomorphologique et de la proximité géographique avec Paris, le Chemin des Dames (Aisne) s’est rapidement mu, dès 1914, en un terrain d’affrontements pour les armées en présence. L’intensité des combats qui s’y déroulent marque les mémoires et imprime au paysage un modelé inédit dès l’immédiat après-guerre. Tandis qu’une partie du territoire inscrite en zone rouge est confiée à l’Administration des Eaux et Forêts qui se charge d’y constituer une couverture forestière, le plateau et les coteaux sont ponctués de cimetières et de monuments destinés à entretenir la mémoire des combattants et des épisodes marquants.



Aujourd’hui, le Département de l’Aisne, via le Pôle Chemin des Dames du Département de l’Aisne, assure la compréhension de ces paysages dont la connaissance s’enrichit au gré des découvertes, qu’elles soient enfouies ou encore en élévation. Les opportunités de fouilles archéologiques sont ainsi systématiquement saisies dans le cadre des opérations d’archéologie préventive prescrites par le Service régional de l’archéologie des Hauts-de-France. Le Pôle archéologique du Département de l’Aisnes’inscrit donc pleinement dans ce champ de la recherche, domaine encore jeune mais offrant des regards inédits sur la Première Guerre mondiale.



Le Chemin des Dames : un plateau comme enjeu stratégique



A. D’une topographie accidentée…



Situé dans la partie nord-est du bassin parisien, entre Laon, Soissons et Reims, le Chemin des Dames s’appuie sur un plateau calcaire qui s’étend d’est en ouest entre les communes de Craonne et d’Aizy-Jouy, sur environ 25 km (Fig. 1). Il sépare les vallées de l’Aisne, au sud, et de l’Ailette, au nord, formant ainsi une éminence linéaire dominant le paysage à une altitude d’environ 180 m NGF, surplombant d’environ 100 m le cours des rivières. Le paysage très contrasté est le résultat d’une longue sédimentation au cours de l’ère tertiaire qu’une importante érosion hydrique est venue ensuite modeler, formant des vallons aux parois abruptes et aux tracés complexes. Le plateau se révèle ainsi parfois très étroit. L’isthme d’Hurtebise, non loin de Craonne, n’excède pas 300 m de largeur.



Document 1 : L’évolution de la ligne de front sur le plateau du Chemin des Dames et la localisation des opérations d’archéologie préventive réalisées par le Département de l’Aisne (DAO : Pôle SIG, CD02)





Sur le plan géologique, on distingue schématiquement deux types d’affleurement. Surmontant les craies du Secondaire, des sables de couleur beige, parfois verdâtre, tapissent les fonds de vallées et leurs coteaux. Ces derniers correspondent à des dépôts attribuables à l’Eocène inférieur, observables sur des séquences importantes. Ces sables font aujourd’hui l’objet d’une intense exploitation, offrant les opportunités d’une exploration systématique des occupations anciennes dans le cadre de l’archéologie préventive. Les calcaires du Lutétien dominent ensuite les éminences sur des épaisseurs de plusieurs dizaines de mètres. Ces calcaires, plus ou moins délités par l’érosion en surface, ont été abondamment exploités pour la construction depuis l’Antiquité, générant un réseau de carrières (ou « creutes ») dense et complexe que les armées allemandes et françaises ont réinvesti dès 1914. La carrière de la Creute – aujourd’hui « Caverne du Dragon » – constitue le parfait exemple d’un réseau occupé par les armées allemandes, puis françaises, et dont le tracé des galeries a été modifié au gré des nécessités logistiques des belligérants.



B. … à la forteresse du Chemin des Dames



Après avoir progressé jusque la Marne, les Allemands, à partir de début septembre 1914, sont repoussés jusqu’à la crête du Chemin des Dames où les armées franco-britannique et allemande se positionnent. Les troupes allemandes transforment alors le plateau en « une forteresse quasi inexpugnable » (Rousseau, 2004, p. 49). Le front se stabilise dès janvier 1915.



Les soldats, qu’ils soient français ou allemands, se font terrassiers, aménageant un double réseau de tranchées parallèles, reliées par des boyaux de communication et ponctuées d’abris destinés à assurer une veille permanente. Si les Français occupent les coteaux sud du plateau et la vallée de l’Aisne, les Allemands tiennent le plateau et les carrières associées. A partir de ces dernières, de nombreuses sorties sont créées, débouchant en surface sur des postes d’observation ou sur des blockhaus à vocation offensive ou défensive.



Pour répondre aux exigences de ce réseau, le béton armé devient le matériau de construction privilégié. Les témoignages abondent, côté français, pour reconnaître le soin – voire la supériorité – des aménagements allemands.



La période comprise entre janvier 1915 et mars 1917 se caractérise par l’absence quasi-totale de l’activité d’infanterie et l’utilisation ponctuelle de l’artillerie. L’essentiel de l’activité consiste en effet à défendre les positions acquises tout en se manifestant régulièrement par des tirs intermittents et épisodiques (Hardier, 2004, p. 98). Malgré le calme, une insécurité permanente est entretenue par les belligérants, occasionnant des victimes et des impacts sur le terrain.



De surcroît, au cours de l’hiver 1916-17, l’armée allemande opère un vaste changement de stratégie. Une partie des effectifs allemands s’est repliée sur la ligne Hindenbourg, raccourcissant le front et permettant d’étoffer les forces en présence sur le Chemin des Dames. Par ailleurs, mettant de côté l’idée de tenir coûte que coûte une ligne de front, l’état-major allemand valorise de plus en plus des tactiques de combat plus individualisées, offrant une plus grande autonomie aux unités combattantes, sur un front allemand qui s’étire en profondeur (Ziemann, 2004, p. 538). Dans ce cadre, la mitrailleuse jouera un rôle essentiel.



L’ensemble des travaux réalisés de part et d’autre a été mené dans la perspective d’un affrontement, présenté comme décisif par le général Nivelle, nommé commandant en chef des armées depuis décembre 1916. Ce dernier souhaite mettre en œuvre une offensive soudaine au cours de laquelle les fantassins avanceraient en masse, protégés par un rideau de feu assuré par l’artillerie. Plus de 5 000 canons sont donc positionnés sur un front de moins de 40 km (Hardier, 2004, p. 102). Préalablement à l’offensive, l’artillerie française est censée détruire les batteries ennemies par un pilonnage intense et permanent. 



Après plusieurs reports, l’offensive est programmée au 17 avril à 6 heures du matin. Malgré le million d’hommes mobilisés pour l’occasion, elle se révèle très vite un échec, occasionnant d’importantes pertes sans que le front ne soit réellement percé. D’une part, les mauvaises conditions météorologiques n’avaient pas permis à l’artillerie française, avant l’attaque des fantassins, de réellement neutraliser les positions allemandes. Ces dernières se révèlent d’autant plus efficaces au moment de défendre le territoire qu’une grande partie d’entre elles sont souterraines. Les mitrailleuses allemandes, invisibles dans un premier temps, surprennent les Français pris à revers, selon un procédé abondamment exploité par les Allemands. La confrontation entre fantassins français et mitrailleuses allemandes, dans le cadre d’une mêlée anarchique, constitue un des symboles d’une bataille dont l’échec, malgré sa prolongation jusqu’au 25 avril, est sans appel. 



Le bilan humain se révèle très important, d’autant que les avancées territoriales sont dérisoires, en tout cas sans commune mesure avec les espoirs que nourrissaient les soldats français à la veille de l’offensive. Les promesses de « coucher à Laon » au soir du 16 avril sont vite évanouies, alimentant une vague de mutineries au cours de mai et juin. L’échec retentissant de cet épisode militaire oblige les autorités françaises à relever Nivelle de ses fonctions le 15 mai 1917, remplacé par Pétain.



Des batailles courtes, mais très violentes, se poursuivent jusqu’en octobre 1917 : les points stratégiques de la crête du Chemin des Dames (Cerny, plateau de Californie…) sont repris par les Français qui repoussent ainsi les troupes allemandes dans la vallée de l’Ailette.



Le secteur du Chemin des Dames fait à nouveau l’objet de violents combats le 27 mai 1918. Les troupes allemandes y organisent une attaque aussi violente que surprenante pour les Français qui, non préparés, voient l’Aisne à nouveau franchie par leurs adversaires (Hardier, 2004, pp. 108-109). Les Allemands progressent jusqu’à la Marne sans, néanmoins, aller au-delà. Ils sont finalement repoussés dans le cadre de la deuxième bataille de la Marne (initiée le 18 juillet), grâce, notamment, à l’usage de chars légers par les Français. Le Chemin des Dames est contourné et ce n’est que le 13 octobre 1918 que Laon est libéré. 



II. L’archéologie préventive sur le secteur du Chemin des Dames à travers deux exemples



Le Pôle archéologique du Département de l’Aisne a eu l’opportunité de mener deux opérations d’archéologie préventive relative à la Première Guerre mondiale sur le secteur du Chemin des Dames : la première a été réalisée préalablement à l’extension du parking du Musée de la Caverne du Dragon sur le Chemin des Dames (Desplanque et al., 2017a), la deuxième a été menée dans le cadre de l’exploitation des carrières de sable de la vallée de l’Aisne (Desplanque et al., 2017b). Ces opérations offrent la possibilité de mettre au jour, sur de grandes surfaces, de nombreux vestiges mobiliers ou immobiliers laissés par les belligérants et de confronter les données acquises aux multiples archives dont nous disposons. Dans le cadre de cet article, nous insisterons sur quelques structures spécifiques permettant d’aborder les questions relatives à la manière dont les belligérants tirent parti du relief. 



A. Occuper le plateau du Chemin des Dames 



Entre août et novembre 2015, une opération de fouille préalable aux travaux d’extension du parking du Musée de la Caverne du Dragon a permis de découvrir un ensemble d’aménagements relatifs au système défensif allemand aménagés au cours des années 1915 et 1916, et au début de l’année 1917 (Fig. 2). Par ailleurs, l’emprise est implantée à l’aplomb d’un réseau de carrières rapidement investi par l’armée allemande, puis repris, à partir de juin 1917, par les troupes françaises. Cette particularité topographique rend l’étude de ce secteur du plateau particulièrement intéressante quant à la gestion de l’espace.



Document 2 : Vue générale du site de la Caverne du Dragon depuis le nord (cl. : Balloïde, F. Canon)





Des observatoires sur le Chemin des Dames



Une carte dressée en octobre 1916 par le 12erégiment d’infanterie de réserve bavarois signale par un simple cercle une unité d’observation (Beobachtung-Abteilung), mentionnée « A.B. » à laquelle on accède, depuis le nord, par une galerie dessinée en pointillés (Fig. 3). 



Document 3 : Extrait d’une carte dressée par le 12erégiment de réserve bavarois en octobre 1916 (le nord est dirigé vers le bas) (collection G. Lachaux). L’emprise est dessinée en violet.





Baptisé n° 40, le premier poste est situé en bordure sud du plateau. Cette construction double (Fig. 4) correspond parfaitement aux recommandations faites dans certains manuels ou règlements militaires allemands. On peut en effet lire dans l’un d’eux : « les observatoires doivent offrir de la place au moins pour deux hommes »(Anonyme1917, p. 49). 



Document 4 : Le poste d’observation n° 40 (DAO : C. Saout, CD02).





Les quelques schémas présentés dans les manuels militaires présentent en effet un premier espace, occupé par un individu qui, parfois, semble bénéficier d’une chaise (op. cit., pp. 50-52). Cet espace qui s’apparente à un « bureau » rudimentaire correspond à la zone A mise en évidence dans l’abri F. 40. Le sol de ce dernier, recouvert d’une pellicule de béton, assure un espace de circulation relativement propre. On sait par ailleurs que les occupants devaient faire face à des problèmes d’humidité1(op. cit., p. 49). C’est la raison pour laquelle, dans notre zone A, un système d’évacuation des eaux pluviales et de condensation améliorait les conditions de travail.



Des câbles, associés à des isolateurs, ont été mis au jour dans cet espace. Ils assurent une communication permanente avec les positions arrière. Il s’agit d’abord « d’appareils d’alarme sur lesquels on puisse compter »(id.)mais surtout d’un ou plusieurs téléphones permettant de fournir aux artilleurs les coordonnées des positions adverses. 



L’observateur en tant que tel occupe une position surélevée, plus exigüe encore, à laquelle il accède par une série de marches en bois ou aménagées dans le substrat (op. cit., pp. 50-52). C’est exactement ce que nous observons dans la zone B de l’abri F. 40. Une plaque de blindage avec orifice découverte non loin du poste d’observation pourrait correspondre, au moins en partie, à la couverture de cet espace. Les schémas disponibles font référence à des plaques de blindage à travers lesquelles l’observateur fait glisser une paire de jumelles-ciseaux2(Ibid., p. 52), mais il est probable qu’un périscope soit également utilisé.



Autour de ce dispositif s’articule une série de boyaux dont l’étude stratigraphique montre qu’il n’ont pas tous fonctionné de manière contemporaine, suggérant ainsi des travaux permanents de réfection et de réaménagement.



Depuis le nord, le boyau couvert n° 140 constitue l’accès principal. Il est protégé par une série de trois dalles en béton, cintrées de rails de chemin de fer, eux-mêmes soutenus par des poteaux de bois. Cette construction importante se veut invisible depuis la surface afin de préserver une totale discrétion.



Les fouilles prouvent par ailleurs que le boyau souterrain n° 100, inconnu des cartes consultées,assurait une deuxième liaison au poste F. 40 depuis le boyau F. 80. Plus rudimentaire, lui aussi semble néanmoins avoir été intégré dans le dispositif général mis en œuvre par l’armée allemande.



Plus à l’ouest, l’abri n° 90, vaste et complexe, a fait l’objet d’une construction en deux temps (Fig. 5). La première phase voit la construction de la salle 1, au nord. Cette dernière fait principalement appel à des matériaux extraits localement, sans tenir compte des prescriptions émises dans les règlements. Cet abri n’est pas isolé, mais relié par un boyau à la tranchée située à l’arrière. 



Document 5 : La position n° 90 (DAO : C. Saout, CD02)





Dans un deuxième temps, il est agrandi vers le sud selon des normes de construction plus conformes aux préconisations des règlements : un abri constitué de deux pièces édifié en béton armé. La morphologie des deux espaces et le rare mobilier mis au jour suggèrent qu’il s’agit d’un poste dédié à l’observation et à l’artillerie : la salle 2a destinée au stockage des munitions et la salle 2b, surélevée, comme poste de tir (mitrailleuse ?) et d’observation – la découverte d’un sac contenant la paire de jumelles périscopiques en témoigne. L’association d’un observateur et d’un artilleur est d’ailleurs préconisée (op. cit., p. 55). Dans le cadre de ce nouveau dispositif, la salle 3 constitue un appendice souterrain non sécurisé dont les fonctions peuvent être multiples (repos, dépôt…), alors que la salle 1 constitue un espace de repli et de repos, comme en témoignent les indices de confort relatif, en particulier le poêle.



La référence à un poste d’artillerie et d’observation, mentionnée « Art.HilfsBeob.3 »sur le plan élaboré par le 12eRégiment d’infanterie de réserve bavarois en octobre 1916 (Fig. 3), permet d’assurer avec certitude la correspondance avec la construction n° 90. On note que le terme Hilfs (« auxilliaire »)a été raturé par les cartographes. Sans exclure l’hypothèse d’une erreur d’écriture au moment de la conception de la carte, ce terme raturé pourrait signifier que le poste n’était, dans un premier temps, qu’un « observatoire auxiliaire d’artillerie », devenu par la suite « observatoire d’artillerie », autonome dans ses fonctions. 



Cette hypothèse pourrait alors expliquer les deux phases chronologiques distinguées sur le terrain : un premier état (construction 1), empirique et artisanal, correspondant à un auxiliaire d’observation, puis une reprise raisonnée (constructions 2 et 3) dans le cadre de la ligne Hindenbourg, au moyen de matériaux et de techniques préconisés dans les manuels, correspondant alors à un poste d’observation d’artillerie.



 La maîtrise du sous-sol



Enfin, l’archéologie, à travers la découverte d’une liaison directe (n° 120) avec la carrière souterraine, atteste l’importance que prennent ces creutes pendant le conflit. L’impact d’un obus masquait l’accès vers un couloir en pente. Après avoir marqué un coude à angle droit vers l’est, il permettait d’accéder, quinze mètres plus bas, à une salle située dans la partie nord-ouest de la carrière.



L’importance des travaux suggère que leur réalisation a été menée au cours d’une période « calme » par les occupants de la carrière. Nous savons que les Allemands disposent du réseau souterrain pendant une longue période et que des travaux de cette nature leur sont coutumiers. On observe par ailleurs que les tôles utilisées ponctuellement pour renforcer la voûte, que ce soit dans la section basse ou dans la partie supérieure, sont d’origine allemande. Néanmoins, plusieurs arguments viennent définitivement contredire l’hypothèse d’une réalisation allemande, en particulier l’orientation de la sortie favorable aux Français, l’inscription « 43eColonial » gravée dans le ciment encore frais, ainsi que le Journal de marche et des opérations de la 3eDIC qui relate des travaux importants dans la carrière au cours des mois de septembre et d’octobre 1917 (Desplanque et al., 2017a). 



L’identification définitive entre le tunnel observé matériellement et les mentions d’une sortie D aménagée par les Français est confirmée par une carte établie par le 55eBataillon de chasseurs à pied en janvier 1918. Parmi les sorties baptisées A à G, on note la sortie D, correspondant exactement, malgré un relevé de la carrière assez schématique, au tunnel mis en évidence sur le terrain. 



Sur le plateau du Chemin des Dames : tirer parti du relief et scruter le paysage 



L’armée allemande s’attache à fortifier ce secteur du Chemin des Dames entre janvier 1915 et mars 1917. Au sein de cette forteresse, il faut être en mesure de circuler et observer sans être vu et, in fine, se protéger et se défendre en cas d’attaque française. 



En vertu de cet objectif, les vestiges découverts sont le fruit d’une stratégie qui vise à mettre en réseau les positions (qu’elles soient offensives, défensives ou liées à l’observation) de manière à les unifier au sein d’un maillage dense. Un chevelu de boyaux de toutes natures (ouvert, couvert ou souterrain) assure une circulation physique des hommes et du matériel, limitant au maximum les voies sans issue, mais aussi une circulation de l’information par le biais d’instruments de communication variés, et probablement de plus en plus sophistiqués, dont la diversité des câbles retrouvés témoigne. 



On mesure aisément le temps consacré à leur construction, ainsi que leur difficile mise en œuvre. A l’issue de l’offensive du Chemin des Dames, les Allemands abandonnent, au cours des mois de mai et juin 1917, les positions du plateau et la carrière souterraine. Cette dernière est immédiatement réoccupée par les troupes françaises qui mesurent, à leur tour, l’enjeu de maîtriser conjointement le sol et le sous-sol.



B. En contrebas, les occupations françaises de la vallée de l’Aisne 



L’exploitation du sable dans les carrières situées en périphérie sud de Vailly-sur-Aisne, sur la commune de Presles-et-Boves, a offert l’opportunité, à travers une série de diagnostics archéologiques et une fouille menés entre 2015 et 2018 (Vandamme, 2015 ; Desplanque et al., 2017b ; Desplanque, 2018), d’étudier environ deux hectares d’un camp français principalement occupé entre 1914 et 1917. Les vestiges consistent en un réseau de tranchées et de boyaux qui assurent les liaisons entre différents abris destinés à héberger les soldats, stocker du matériel ou remplir des fonctions annexes. L’ensemble est aménagé dans un environnement forestier (Fig. 6).



Document 6 : Plan général de l’occupation de Presles-et-Boves (DAO C. Benard, CD02).





L’hébergement des soldats 



Six abris destinés à l’accueil des soldats ont été mis au jour sur l’ensemble de l’emprise. Malgré quelques différences morphologiques, ils sont répartis de manière relativement régulière. Par ailleurs, les accès multiples accréditent l’idée d’une circulation gérée de manière rationnelle et une occupation du sol raisonnée. 



Les abris 20 et 70 consistent en de longs creusements rectangulaires qui s’étirent d’est en ouest. Leur profondeur (2 m) permet à des hommes de circuler en position verticale et de disposer de probables couchages sur plusieurs niveaux (Fig. 7). La largeur (comprise entre 3,50 et 3,70 m) vient confirmer l’hypothèse d’abris destinés à l’hébergement de soldats : prise de repas, repos, entretien et stockage d’armes… 



Document 7 : Vue de l’abri excavé 20 depuis l’ouest (cliché : G. Desplanque, CD02).





Ces exemples constituent des réalisations pratiques à partir de modèles théoriques préconisés dans certains manuels militaires. Les dimensions, ainsi que les modes d’assemblage observés, respectent en effet assez fidèlement les directives militaires : un abri-tunnel élaboré à partir de tôles cintrées – « des tôles ondulées spéciales » –, appuyées sur un assemblage de solives et de madriers au niveau du sol. L’ensemble est ensuite recouvert de plusieurs lits successifs de terre et de bois, ce qui occasionne simplement un léger renflement du sol au niveau de l’abri (Anonyme, 1915, pp. 59-60).



Les abris 06, 24, 36 et 68 présentent des dispositifs architecturaux plus frustes et moins systématiques, ainsi que des dimensions plus réduites : une tôle métallique maintenue contre la paroi grâce à des poteaux et/ou piquets verticaux, associés à des traverses horizontales. En dépit des libertés quant aux préconisations théoriques, chacun de ces abris constitue une déclinaison plus ou moins fidèle de schémas en vigueur. Si leurs fonctions et usages semblent par ailleurs variés et difficiles à déterminer, l’hypothèse d’un poste de secours a néanmoins été proposée pour l’abri 24, dotés de deux lits de fortune et dans lequel l’emplacement d’au moins un poêle a été attesté.



Les abris de cette catégorie mettent plutôt en œuvre un système de cadres en bois – appelés « châssis-blindes » – qui épouse les parois de l’abri et soutient une charpente, elle-même recouverte de terre et de bois (Anonyme, 1915, p. 51).



Les témoignages d’activités domestiques



Le mobilier découvert dans les niveaux de piétinement confirme une présence quotidienne dans le cadre d’activités « quasi-domestiques ». Les bouteilles en verre et boites de conserves sont abondantes, révélant une consommation alimentaire fréquente. Les monnaies piégées dans les sols, qu’elles relèvent de l’amulette ou du fond de poche, trahissent des lieux dans lesquels on se déleste de ses vêtements pour se mettre à l’aise ou se changer. Ce sont aussi des briquets et boites de cigarettes, ainsi que des encriers et crayons, rappelant que l’écriture occupe abondamment le quotidien. 



Par ailleurs, les nombreuses boites de conserve transformées en photophores de fortune montrent à quel point ces espaces ont été investis par leurs occupants. L’abondance des balles piégées dans les niveaux de piétinement et la présence de quelques chargeurs Chauchat rappellent néanmoins la présence du front et la nécessité pour chaque soldat d’être doté d’un équipement opérationnel.



Les activités annexes



De nombreux abris de plan carré, rectangulaire ou semi-circulaire sont apparus dans l’emprise fouillée. Leur accès n’est assuré que par une seule entrée. 



Au sein de ces aménagements, certains d’entre eux ont fait l’objet d’une réalisation très soignée : bardage de planches de pin, contraint par six poteaux qui soutiennent à leur tour une double couverture en bois et en tôle galvanisée. Des traces de piétinement au niveau de l’entrée indiquent une fréquentation longue.



Si certains de ces abris peuvent être interprétés comme des espaces de stockage (munitions, matériels, outillage, denrées alimentaires...), il n’est pas exclu que d’autres, suffisamment volumineux, aient accueilli des soldats astreints à des tâches particulières (surveillance, cuisine…). Cependant, beaucoup d’entre eux peuvent n’avoir servi que de resserres à matériel.  



La morphologie spécifique de quelques aménagements (rigole centrale ou fosse décentrée) suggère l’existence de latrines ou de feuillées. Les analyses parasitologiques et l’odeur s’échappant d’une des fosses assurent avec certitude une fonction de latrines pour certains d’entre eux. 



En contrebas : se dissimuler et attendre 



L’analyse des données cartographiques disponibles révèle, dans le secteur qui nous occupe, que les tranchées et boyaux sont prioritairement implantés dans les zones boisées (Fig. 8). Les troupes françaises ont ainsi cherché à profiter d’une couverture forestière dense pour échapper au regard des observateurs allemands. Si ces derniers profitent des points hauts du plateau, largement défrichés et exploités pour l’agriculture, les Français tirent parti des fonds de vallées boisés, au creux desquels se regroupent des centaines de soldats au sein de camps structurés.



Document 8 : Emprise de fouille sur le canevas de tir daté du 24 août 1917, établi sur la base de cartes antérieures au 16 avril 1917 (Archives départementales de l’Aisne, 002_1Fi)





On a constaté par ailleurs que les abris étaient, dans la mesure du possible, totalement excavés et recouverts de manière à se fondre dans le paysage. De surcroît, ils ne sont jamais référencés sur les canevas consultés. Si quelques accès sont figurés, il est impossible, sur la base de ces documents, de déterminer combien d’excavations ont été réalisées, quelle est leur nature et leur capacité d’accueil. L’absence de ces données participe aussi, semble-t-il, d’une volonté de dissimulation. En 1914, s’il s’agit certes de se protéger des bombardements, s’enterrer permet aussi de soustraire à la vue des adversaires la puissance militaire de l’armée française4. Les hommes vivent ainsi cachés, mais vaquent à de nombreuses activités domestiques : cuisine, entretien, veille, besoins sanitaires élémentaires… Malgré la proximité du front adverse, les premières lignes françaises, jusqu’à l’offensive Nivelle, sont plutôt calmes.



Se dissimuler, attendre et observer ; voilà, pour l’essentiel, le quotidien des soldats en poste sur le Chemin des Dames jusqu’en avril 1917. Si le paysage est marqué par la violence de l’artillerie au cours des attaques, il l’est tout autant par les longs terrassements assurant aux hommes les conditions minimales d’une vie décente. Ces travaux ont façonné le sol en imprimant au relief un modelé durable, bien visible aujourd’hui.



III. L’enrichissement du triptyque mémoriel du Chemin des Dames : d’aujourd’hui à hier



A. Observer et transmettre : spatialisation, représentation et narration. 



Les fouilles archéologiques sur le Chemin des Dames révèlent dans le paysage, et sans artifice, l’héritage et l’empreinte du premier conflit mondial sur le territoire. Elles témoignent, au-delà de l’utilité du paysage et de son observation dans les stratégies militaires5, de son intérêt plus contemporain pour la compréhension, et la transmission de la connaissance, par une lecture du temps dans l’espace (Chevallier, 2000). Ainsi participent-elles à ce que nous pouvons appeler l’enrichissement de la mémoire par le biais du triptyque mémoriel (Verkindt, 2018) : spatialisation, représentation, narration, souvent nécessaires à la conservation et la valorisation du patrimoine. En effet, par leur spatialisation et l’histoire qu’ils racontent les sites archéologiques agissent comme des représentations présentes du passé6. Ils viennent enrichir les politiques de valorisation du Chemin des Dames, mises en œuvre par le Conseil départemental de l’Aisne et portées par le Pôle Chemin des Dames7et la Caverne du Dragon, lieu de mémoire, d’interprétation et de valorisation du Chemin des Dames. 



Dans le cadre de ces politiques à la fois touristiques, culturelles, patrimoniales et mémorielles nous avons eu l’occasion de porter une réflexion sur les outils nécessaires à la mise en valeur des paysages que nous appelons également « paysage de mémoire de la Première Guerre mondiale » (Verkindt, 2018). Au cours de cette réflexion, l’outil cartographique est apparu comme indispensable à la mise en scène des paysages de mémoire parce qu’il permettait de guider le visiteur, mais aussi de situer l’histoire et la mémoire dans l’espace que nous percevons. Cette approche conduit alors à mettre en récit par la représentation l’histoire de la Première Guerre mondiale sur le territoire du Chemin des Dames. L’approche paysagère nous incite à faire évoluer la façon dont nous pensons la mémoire en nous entraînant dans une pensée systémique, liant toutes les facettes d’un territoire. Dans les politiques de mise en valeur des paysages de mémoire du Chemin des Dames, nous avons alors pensé le paysage comme un Système d’Information Géographique, composé de données sociales, géographiques, historiques et environnementales. C’est parce que le paysage permet la rencontre d’historiens, de géographes, de médiateurs (guides), d’élus, d’archéologues, mais aussi de chargés de communication numérique et du patrimoine, que nous avons fait du paysage un des axes majeurs de découverte du Chemin des Dames et des mémoires qui y résident. Cette approche nous oblige alors à penser ensemble la relation mémoire et territoire. Ensemble parce qu’elle favorise un travail collaboratif, interdisciplinaire et transversal que nous pensons nécessaire à la construction et la mise en œuvre des politiques patrimoniales et mémorielles. 



B. Comprendre et raconter le Chemin des dames par le Système d’Information Géographique. 



Les archives, les témoignages, les récits sont quasi-inépuisables lorsqu’il s’agit du premier conflit mondial. Canevas de tirs, photographies, photographies aériennes, lettres, peintures, journaux de marches et opérations,etc.constituent le terreau fertile de l’interprétation des paysages métamorphosés par la Grande Guerre. Spatialisée, la qualité interprétative de ces documents semble d’autant plus prononcée. C’est dans ce sens que le pôle Chemin des Dames, en coopération avec le pôle SIG du Conseil Départemental de l’Aisne, a entrepris un travail de géoréférencement puis de médiation à travers l’outil cartographique8



Conscient de l’intérêt de la cartographie dans la transmission d’informations, qu’elles soient historiques, touristiques ou mémorielles, nous avons alors souhaité, dès la page d’accueil du site chemindesdames.fr, intégrer les technologies de la géomatique (Fig. 9) afin de croiser les données touristiques (hébergement, restauration, …), culturelles et patrimoniales (vestiges, sites, monuments, cimetières), et enfin historiques (photographies aériennes d’époque, cartes militaires, carte des batailles), permettant ainsi de transmettre aux visiteurs les informations nécessaires à leur venue et à la compréhension du Chemin des Dames. Ainsi pourront-ils intégrer ces informations à leur propre mémoire et leur propre représentation du passé. 



Document 9 : Carte interactive, historico-touristique présent sur la page d’accueil du site chemindesdames.fr. 





Ce mode de médiation et de mise en valeur d’archives, permet de mettre en perspective de manière conjointe le passé et le présent. Il permet au visiteur, par exemple, de survoler et de comparer le paysage du village de Craonne en 1917 et 1918 à celui d’aujourd’hui (Fig. 10).



Document 10 : Dévoiler le paysage de Craonne lors du premier conflit mondial. E. Verkindt, 2017, (application Swipe d’Esri). CD02.





On y découvre un paysage de guerre et un village totalement détruit par la guerre qui, en évoluant, s’est transformé en arboretum et dans lequel on retrouve les stèles de l’ancien cimetière civil évoquant la présence de l’ancien village. À travers ce dispositif, nous pouvons imager et imaginer un peu mieux la violence de la guerre, grâce à une mise en scène interactive et didactique des paysages de mémoire combinant le passé et le présent sur un même espace. Ainsi ce dispositif propose-t-il de révéler la temporalité du paysage et dévoile-t-il également ce que nous ne pouvons plus percevoir sur le terrain, renvoyant pour une part à l’archéologie.



La carte et le Système d’Information Géographique sont devenus des supports particulièrement utiles à la valorisation du territoire. Ils nous aident à la mise en scène du paysage culturel et patrimonial du Chemin des Dames en offrant la possibilité d’exposer, aux yeux de tous, l’histoire de la Première Guerre mondiale à travers un ensemble narratif, iconographique, et cartographique. Par exemple en exposant à travers une carte de narration l’histoire des villages de Craonne, Cerny-en-Laonnois, Ailles, Beaulne-et-Chivy, etc. : villages détruits (ChemindesDames.fr) et pour certains disparus du Chemin des Dames. Ils nous servent enfin à guider le visiteur sur le Chemin des Dames en lui offrant la possibilité de voir ce qu’était lors du Premier conflit mondial un paysage de guerre, et ce qu’il est devenu : un paysage de mémoire. Au-delà des apports culturels ces outils nous permettent de dialoguer et de rapprocher deux segments nécessaires à la conservation et la valorisation du patrimoine : la connaissance et la transmission de celle-ci.



Notes



(1) « Pour empêcher qu’ils [les miroirs] ne se couvrent de buée, on les enduit de savon ou de toute autre substance analogue ».



(2) L’abri F. 90 a livré un sac permettant de contenir un appareil de ce type.



(3) Art.pour artillerie : artillerie ; Hilfspour auxiliaire ; beob.pour beobachtung: observation



(4) L’échec de l’attaque surprise de 16 avril 1917 montrera que les Allemands étaient cependant bien renseignés sur les forces en présence.

(5) Lacoste Y. publie en 1976, à travers une approche géopolitique « La géographie, ça sert, d’abord, à faire la guerre ». Voir aussi Becquart, 2014.



(6) La représentation présente du passé c’est-à-dire la mémoire (Ricoeur, 2000). 



(7) Le pôle Chemin des Dames est intégré au Service de Conservation des Musées et de l’Archéologie (CMA).

(8) Ce travail a notamment été réalisé dans le cadre de la modernisation du portail numérique : www.chemindesdames.fr Le site Chemindesdames.fr a été complètement refondu à l’occasion du centenaire des évènements de 1917 et repose sur plusieurs ambitions : une ambition pédagogique, une ambition touristique et culturelle, et une ambition mémorielle par la mise en ligne d’un mémorial virtuel programmé pour le début d’année 2019.



Bibliographie



Anonyme, 1915, Instructions sur les travaux de campagne à l’usage des troupes de toutes armes, approuvé le 21 décembre 1915, Grand quartier général, 1eret 3ebureau.



Anonyme, 1917, Règlements allemands relatifs à la guerre de position pour toutes les armes. Première partie – section B. Détails d’organisation des positions, 15 décembre 1916. Traduction du texte allemand à la S.T.G., Paris, Imprimerie nationale.



Becquart D., 2014, « Regard géographique sur les missions de peintres aux armées », La Lettre du Chemin des Dames, n°33, novembre 2014.



ChemindesDames.fr, Les villages détruits du Chemin des Dames, consulté en 2019, Conseil Départemental de l’Aisne, URL : https://www.chemindesdames.fr/fr/le-chemin-des-dames/visiter/les-lieux-de-memoire/vestiges/les-villages-detruits-du-chemin-des-dames



Chevallier R., 2000, Lecture du temps dans l’espace : topographie archéologique et historique, Paris, Picard, 229 p.



Desplanque G. et al., 2017a,Chermizy-Ailles, Bouconville-Vauclair (Aisne) « Parking du Musée de la caverne du Dragon », Rapport de fouille, Amiens, Service régional de l’archéologie des Hauts-de-France.



Desplanque G. et al., 2017b,Presles-et-Boves (Aisne) « Les Bois plantés », Rapport de fouille, Amiens, Service régional de l’archéologie des Hauts-de-France.



Desplanque et al. 2018, Presles-et-Boves (Aisne), « Les Bois Plantés » « La Croix Thomas » Phase 2, Rapport de diagnostic, Amiens, Service régional de l’archéologie des Hauts-de-France.



Hardier T. 2004, « Déluge de feu et de fer. Les bombardements sur le Chemin des Dames entre 1914 et 1918 »In. :Offenstadt N. (dir.), Le Chemin des Dames. De l’événement à la mémoire, Perrin, collection Tempus, pp. 96-113.



Lacoste Y., 1976, La géographie, ça sert d’abord à faire la guerre, Maspéro-La découverte, 1976 (reéd. 2012).



Ricoeur P., 2000, La mémoire, l’histoire, l’oubli, Paris, Edition du Seuil, reéd. 2003, 736 p.



Rousseau, 2004, « Le Chemin des Dames en 1914. La leçon oubliée », In. : Offenstadt N. (dir.), Le Chemin des Dames. De l’événement à la mémoire, Perrin, collection Tempus, pp. 39-49. 



Vandamme 2015, Presles-et-Boves (Aisne), « Les Bois Plantés » « La Croix Thomas » Phase 1, Rapport de diagnostic, Amiens, Service régional de l’archéologie des Hauts-de-France. 



Verkindt E., 2018, Le paysage de mémoire, un des héritages de la Première Guerre mondiale dans le nord de la France. L’exemple des initiatives des collectivités territoriales, Thèse soutenue le 28 septembre 2018, sous la direction d’E. Glon et P. Picouet.



Ziemann, 2004,« Le Chemin des Dames dans lhistoriographie militaire allemande », In. :Offenstadt N. (dir.), Le Chemin des Dames. De l’événement à la mémoire, Perrin, collection Tempus, pp. 535-548.


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