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N°17-18 novembre 2020-mai 2021 : Penser les savoirs géographiques à l'époque moderne (XVe-XIXe siècle):

Du texte à l’image. Les plans de Jacques de Deventer, un exemple d’appropriation cartographique de l’espace ?

Colin Dupont


Par Colin Dupont (responsable du Département des Cartes et Plans, Bibliothèque royale de Belgique)



Résumé : Durant la seconde moitié du XVIe siècle, Jacques de Deventer réalise, à la demande de Philippe II, un atlas contenant les plans de près de 260 villes des Pays-Bas espagnols (les plans de 225 villes sont toujours préservés). Une grande partie de l’abondante historiographie à leur propos est empreinte de positivisme : méthode de relevé, véracité topographique et précision des documents sont les principaux centres d’intérêt des recherches qui leur sont consacrées. Considérés comme des produits de la « Révolution scientifique » du XVIe siècle, ces plans auraient, en outre, indubitablement un objectif militaire. L’article qui suit vient nuancer ces deux points de vue. Les analyses de la structure de l’atlas ainsi que de la représentation cartographique (au travers de deux exemples de villes du nord de la France : Béthune et Yvois – aujourd’hui Carignan) démontrent que cette collection ne constitue pas un « îlot » de modernité au sein de la cartographie du XVIe siècle. Les plans témoignent, par exemple, d’une cohabitation entre deux conceptions de l’espace (hétérogène et homogène), pourtant considérées comme contradictoires par une partie de l’historiographie. En outre, le discours que tiennent les plans sur la ville et son territoire est nettement plus influencé par des questions politiques et de pouvoir que ne le laissent généralement entrevoir les études de la collection.



Mots-clés : Jacques de Deventer, espace, histoire de la cartographie, cartographie urbaine, Béthune, Carignan (Yvois), Pays-Bas espagnols



Abstract: During the second half of the 16th century, Jacob van Deventer produced, at the request of Philip II of Spain, an atlas containing the plans of almost 260 cities of the Spanish Netherlands (the maps of 225 places survive). Much of the abundant historiography about theses artefacts is marked by positivism: surveying method, topographical veracity and accuracy are the main focuses of the scholars. Considered to be products of the "Scientific Revolution" of the 16th century, these plans would also undoubtedly have a military objective. The article that follows qualifies these two points of view. The analysis of the structure of the atlas as well as the cartographic representation (through two examples of cities in the north of France: Béthune and Yvois - now Carignan) shows that this collection does not constitute an "island" of modernity within the 16thcentury cartography. They witness a cohabitation between two conceptions of space (heterogeneous and homogeneous), which are nevertheless considered contradictory by some scholars. Moreover, the representation of the city and its territory is much more influenced by political and power issues than is generally suggested by the historiography.



Key-words : Jacob van Deventer, space, history of cartography, urban cartography, Béthune, Carignan (Yvois), Spanish Netherlands



Introduction (1)



Dans la quête du progrès scientifique qui traversa l’histoire de la cartographie, les plans de villes réalisés par Jacques de Deventer dans la seconde moitié du XVIe siècle occupent une place toute particulière. Commandée par Philippe II, cette collection cartographique rassemble encore aujourd’hui les plans de plus de 225 villes des anciens Pays-Bas. Ces documents sont conservés soit sous la forme de minutes préparatoires sur feuilles volantes réparties entre la Bibliothèque royale de Belgique (KBR) et différents centres d’archives aux Pays-Bas, soit dans un atlas conservé à la Biblioteca Nacional de España (BNE).



Cette collection est considérée comme un produit par excellence de la « Révolution scientifique ». L’historiographie a d’ailleurs longtemps porté son attention sur la grande précision et les techniques de relevés de ces documents (notamment Visser, 1965 et Meurer, 1985). Il est indéniable que ces plans sont, à bien des égards, exceptionnels et qu’investiguer les caractéristiques de cette exceptionnalité était une impérieuse nécessité. En outre, cette précision ajoutée à la figuration d’éléments stratégiques ont conduit de nombreux spécialistes à attribuer à ces documents une finalité militaire (notamment Meurer, 1985, Koeman, 1983, 121 ou Van Den Heuvel, 1991, 68). Ce n’est que récemment que cette vision des choses a été remise en question, entraînant un débat entre plusieurs historiens (Vollenbronck, 2009 ; Heere, Van Der Krogt, Ormeling, Storms, 2010 ; Vannieuwenhuyze, 2011 ; Dupont, 2019).



Mais pour juger de l’exceptionnalité de ces documents, il est utile de ne pas s’arrêter à considérer uniquement leur précision. Une étude approfondie de ces plans et de la manière dont ils représentent et conçoivent leur sujet est un des autres aspects qui doit être pris en considération. Désormais, ce n’est plus l’évolution technique du produit qui est abordée, mais bien la mentalité sous-jacente à sa production. 



Puisqu’il est question de documents cartographiques, ce qui nous intéresse ici, c’est la notion d’« espace ». Les recherches à ce propos sont nombreuses. Rappelons simplement qu’il existe un débat quant à savoir si la conception de l’espace en Europe a évolué entre le Moyen Âge et aujourd’hui. Ainsi, selon Alain Guerreau, à l’époque médiévale, « l’espace n’était pas conçu comme continu et homogène, mais comme discontinu et hétérogène, en ce sens qu’il était à chaque endroit polarisé (certains points étant valorisés, sacralisés, par rapport à d’autres, perçus — à partir des premiers et en relation avec eux — comme négatifs)  » (Guerreau, 1996, 87-88). Ainsi, était-ce le lieu, et non la surface, qui jouait un rôle prépondérant dans la perception médiévale de l’espace.



Cette évolution spatiale se constaterait également dans la manière qu’a la société médiévale puis contemporaine d’exprimer leur espace. Ainsi, pour Jordan Branch, la transformation d’une perception discontinue et hétérogène de l’espace vers son contraire actuel aurait été un effet de la cartographie. Le rôle déterminant de cette dernière se marquerait non seulement dans la diffusion de cette vision « contemporaine » de l’espace, mais aussi dans la transformation induite par le passage d’une description textuelle — pour laquelle la liste est le modèle par excellence — à une présentation graphique du territoire (Branch, 2014).



Cependant, certains historiens ont remis en question cette idée d’une rupture dans la conception de l’espace entre Moyen Âge et époque contemporaine. Pour Patrick Gautier Dalché, espaces polylocal et homogène ont coexisté dès le haut Moyen Âge (Gautier Dalché, 2009, 118-131). Léonard Dauphant précise quant à lui que la séparation entre les deux se situerait plutôt entre « une conception savante et une conception vécue  » de l’espace (Dauphant, 2012, p.18-20).



Mais existe-t-il une réelle contradiction entre ces deux visions spatiales ? La discontinuité de la liste s’oppose-t-elle forcément à la continuité de la carte ? Autrement dit, est-il impossible qu’une conception hétérogène de l’espace s’exprime par le biais de la cartographie ? À mon sens, non. C’est en tout cas ce dont semblent témoigner les plans de villes de Jacques de Deventer tant dans la manière dont ils sont considérés par leur commanditaire (Philippe II) que dans leur construction en tant que collection et dans leur manière de dépeindre la ville. Et, à considérer cet aspect de la représentation urbaine, ces plans pourraient être également plus que de « simples » produits stratégiques.



Ce sont ces deux aspects que je voudrais aborder dans le présent article. Pour ce faire, il s’agira de s’interroger en premier lieu sur ce qui avait été commandé à Jacques de Deventer. Ensuite, c’est l’organisation de la collection qui sera abordée. Enfin, au travers de deux études de cas, j’examinerai les plans de façon détaillée, en m’intéressant à leur manière de figurer la ville et l’espace.



I. La commande de Philippe II



Très peu de textes d’archives concernant la collection des plans de villes de Jacques de Deventer ont été retrouvés. Ainsi, la commande initiale de Philippe II n’est pas connue. Par contre, un sauf-conduit et un rappel de paiement datant de 1559 nous renseignent sur ce qui avait été demandé au cartographe. Ainsi, le deuxième document stipule ceci : « Sa Majesté a commandé audict de Deventer [de] visitter, mesurer et desseigner touttes les villes de pardeçà, aussy les rivières et villaiges voisins, semblablement les passaiges ou distroictz des frontières, et le tout rédiger en ung livre contenant pourtraict de chascune province et aprez démonstration de chascune ville particullière  » (édition d’un rappel de paiement du 29/05/1559 dans Van ’t Hoff, 1953, 35-36).



Ces quelques lignes témoignent déjà d’une certaine logique de liste puisqu’elles énumèrent de manière relativement précise les éléments que Jacques de Deventer devait cartographier. Ainsi, le Roi demande de réaliser les plans de toutes les villes avec les rivières, les villages, les passages et les détroits des frontières alentour. Ces plans devront être rassemblés dans un livre (l’atlas, conservé à Madrid) qui contiendra aussi des cartes de chacune des provinces. Notons que la demande de figurer les passages et détroits des frontières pose quelques problèmes de compréhension au sein de l’historiographie. Ainsi, Charles Ruelens, auteur, au tournant des XIXe et XXe siècles, d’un facsimilé des plans de la partie méridionale des anciens Pays-Bas, pense que ces termes désignent les places fortes des frontières ainsi que les endroits par lesquels les armées pénètrent un territoire (Ruelens, 1884-1924). Une interprétation que reprend également l’auteur de la biographie de Jacques de Deventer, Bert van ‘t Hoff. Il désigne même plus spécifiquement les régions vallonnées et boisées proches de la frontière avec la France ainsi que d’autres obstacles naturels (Van ’t Hoff, 1953, 18). Pour Frederick Casparus Wieder, ces passages et détroits désigneraient plutôt les accès à la ville, s’inscrivant donc dans la demande de figurer aussi les alentours (« les rivières et villaiges voisins ») (Wieder, 1915, 154).



Comme pour d’autres documents issus de la diplomatique médiévale, l’adresse du sauf-conduit reprend elle aussi la forme de l’énumération. Ce texte fait une liste – qui s’assimile à une quête d’exhaustivité – de l’ensemble des gens et des lieux auxquels le présent document s’applique : « A tous noz lieutenans, gouverneurs, bailliz, meyres, escoutettes, bourgmestres, eschevins, gens de loy, tollenaires, gardes des villes, pontz, portz, passaiges, destroictz et autres fortz, et tous autres justiciers, officiers et subgectz et ceuylx de noz vassaulx, amyz, alliez et bienveuillans, cui ce regardera et ces présentes seront monstrées, salut et dilection » (édition du sauf-conduit du 6/06/1559 dans Van ’t Hoff, 1953, 36).



II. L’atlas



Il était donc demandé à Jacques de Deventer de réaliser un « livre », c’est-à-dire un atlas, contenant les cartes des provinces et les plans de villes. Or, qu’est-ce qu’un atlas, si ce n’est un ouvrage contenant une série, une liste de représentations cartographiques ? C’est d’ailleurs comme ça qu’il semble considéré par Philippe II. En effet, dans l’ordre de paiement il est bien demandé de cartographier « chascune » des provinces et « chascune » des villes, comme pour former une collection. Ce sont d’ailleurs bien toutes les villes qui intéressent le Roi, sans distinction de taille, de qualité ou d’importance. De cette manière, l’atlas quadrille le territoire des Pays-Bas dépendant de Philippe II. Et si l’on considère l’importance du fait urbain pour les anciens Pays-Bas, ces villes sont les lieux à partir desquels s’organisent les différents pouvoirs. Il en va de même pour les provinces dont il est question, qui sont également les anciennes seigneuries médiévales à partir desquelles les ancêtres de Philippe II se sont appuyés pour former les Pays-Bas bourguignons et habsbourgeois (Gunn, Grummitt, Cools, 2007, 41 et 44 ;  Parker, 1979, 13-14, 32-33).



Cette organisation en atlas demandée par Philippe II n’a d’ailleurs rien d’anodin. Réfléchir à l’ordonnancement de cet ouvrage permettrait d’aborder la manière dont le savoir géographique était pensé à l’époque. Cette question du classement des plans au sein de l’atlas madrilène a d’ailleurs déjà fait l’objet d’une tentative d’explication. Selon Willy Ahlers cet ordre serait le même que celui que Jacques de Deventer aurait suivi lors de ses arpentages (Ahlers, 2004, 60-61).



Malheureusement, l’un des tomes, généralement considéré comme le premier, manque. Il devait contenir les plans des villes situées dans les duchés de Brabant (et sa composante limbourgeoise) et de Luxembourg, ainsi que dans le comté de Namur. C’est dans ce même volume que devaient se trouver probablement les cartes des provinces demandées par Philippe II et qui sont aujourd’hui perdues. Les deux autres tomes regroupent respectivement (et dans l’ordre), les plans des villes du Hainaut, du Cambrésis, d’Artois, de Flandre et du Tournaisis d’une part, ceux de la Zélande, de la Hollande, de la Frise, de Groningen, de l’Overijssel, de l’Utrecht et de la Gueldre d’autre part. 



La place manque ici pour pouvoir développer plus avant la réflexion quant à l’organisation de cet atlas. Toutefois, à côté de l’hypothèse de Willy Alhers, d’autres possibilités sont à explorer. Par exemple celle d’un classement qui suive le trajet de Philippe II lors de son voyage aux Pays-Bas en 1549. Malheureusement, cela n’est pas concluant puisque, notamment, le deuxième volume commence par figurer les villes du Hainaut et termine par la Flandre, c’est-à-dire l’exact opposé du chemin suivi par Philippe II (Parker, 1979, 23-28)



Une autre possibilité serait celle d’un ordre de préséance des différentes provinces (2). Mais ici encore, des problèmes surviennent. En effet, puisque les duchés de Brabant et de Luxembourg devaient se trouver dans le premier volume, comment expliquer que celui de Gueldre ne se trouve qu’en toute fin du dernier ? Enfin, dernière piste possible, l’organisation des provinces en fonction de leur entrée dans le « giron » habsbourgeois. Cependant, les villes relatives au Cambrésis et à la Gueldre (provinces toutes deux « absorbées » en 1543 ; Parker, 1979, 30) se retrouvent dans deux volumes différents.



L’hypothèse de Willy Ahlers reste donc la plus pertinente, certainement pour expliquer l’organisation intraprovinciale des plans. Mais il convient aussi de constater que la répartition des volumes répond à une certaine logique spatiale : les plans des villes sont rassemblés par province (avec quelques erreurs – Dupont, 2019, 254-258). En outre, les deux premiers tomes réunissent les villes méridionales des Pays-Bas, le troisième, celles du nord. Si l’on se souvient que le premier volume devait contenir les cartes des régions, cela pourrait expliquer pourquoi Jacques de Deventer eut besoin de deux volumes pour figurer les villes du sud.



III. Les plans



Après ces quelques considérations au sujet de la commande et du rassemblement en atlas, intéressons-nous aux plans eux-mêmes. Je l’ai dit, ces documents semblent être plutôt les témoins d’une transition que d’une véritable « révolution », à tout le moins dans la manière de concevoir l’espace. Mais quels sont les éléments allant dans ce sens ? Quelles sont donc les traces d’une persistance d’une logique spatiale hétérogène ? En outre, que nous disent ces plans sur leur fonction ? Quels types d’informations peut-on y retrouver ?



Revenons en premier lieu sur ces deux dernières questions, en détaillant le contenu de ces documents. Le tableau 1 illustre les informations que l’on peut retrouver sur un corpus de 96 plans de Jacques de Deventer. Il résulte de l’analyse détaillée des plans et répartit les informations selon huit catégories. Six sont d’ordre topographique : bâtiments, environnement, fortifications, infrastructures, routes et hydrographie, tandis que les deux dernières sont plus caractéristiques d’une représentation graphique : autres et les manques.







Le tableau 2 présente les proportions moyennes dans lesquelles chacune des huit catégories peut être retrouvée dans la cartographie de la ville ou dans celle de ses alentours. Car c’est un fait important : ces plans ne se limitent pas uniquement à cartographier la ville, mais s’intéressent aussi à ses alentours. Ce tableau témoigne de la représentation très différente de la ville et de l’hinterland. La première est figurée par son bâti, son environnement (essentiellement les parcs et jardins), son réseau routier et ses fortifications. Les alentours sont eux surtout représentés par l’environnement – et plus particulièrement les zones inondables, les zones non inondables et le relief – et le réseau routier principal, celui qui mène directement à la ville (Dupont et Vannieuwenhuyze, 2019).


Cette typologie et ces statistiques permettent de déconstruire la cartographie de Jacques de Deventer et de l’appréhender de manière plus exhaustive. Elles illustrent la diversité des informations présentes sur les plans. Ainsi les éléments purement militaires (fortifications) ne sont pas les seuls à faire l’objet de l’attention du cartographe. Et les potences, les croix, les moulins à eau et à vent, l’espace prévu pour la figuration du blason de la ville, etc. appartiennent à un autre type.



En outre, le bâti est dessiné de différentes manières selon ses composantes. Les constructions communes, qui ne jouent pas un rôle civil ou religieux particulier sont schématisées sous la forme de deux triangles reliés entre eux. Les autres bâtiments qui jouent un rôle dans la vie civile ou religieuse de la ville sont, quant à eux, figurés de deux façons différentes. Les édifices les plus communs tels que les chapelles, les auberges, les léproseries ou les portes de la ville sont dessinés sous la forme de symboles en élévation avec un toit bleu. Les bâtiments les plus exceptionnels sont également représentés en élévation et avec un toit bleu, mais leur façade est laissée blanche et il y a dans le dessin une recherche de ressemblance (Van Der Krogt, Van Der Plas, Visser, Koeman, 1992-2001). De cette manière, ces édifices civils et religieux sont mis en évidence par rapport au reste du tissu urbain, comme pour attirer sur eux l’attention de celui qui consultera le plan (Dupont, 2019, 183-199).



Détaillons cela au travers de deux exemples de plans de villes françaises. Le premier concerne la petite ville des Ardennes qui s’appelait Yvois (aujourd’hui Carignan). Pendant la première moitié du XVIe siècle, elle passe de nombreuses fois entre les mains des Français et des Espagnols au cours des conflits qui opposent ces deux pays. Néanmoins, le traité de Cateau-Cambrésis de 1559 rend le contrôle aux Espagnols et impose la destruction des fortifications de la ville, qui perd ainsi son intérêt stratégique (Gaber, 1976). Le second plan a pour objet Béthune, ville d’importance moyenne. Si, au Moyen Âge, Béthune se trouvait à la frontière entre la France et la Flandre, au milieu du XVIla situation est légèrement différente dans la mesure où l’Artois a été intégré aux possessions habsbourgeoises (Derville, 1985). Pour autant, Béthune est l’une des villes les plus méridionales figurant dans la collection de Jacques de Deventer et l’Artois fut encore le terrain de bataille des conflits franco-espagnols de la première moitié du XVIsiècle.



Illustration 1 : La minute préparatoire du plan d’Yvois par Jacques de Deventer sur feuille volante 





(© Bibliothèque royale de Belgique, Cartes et Plans, Ms. 22.090/50).



Dans la partie intra-muros du plan d’Yvois, Jacques de Deventer présente trois bâtiments surmontés d’un toit bleu et dessinés en élévation. Il y a ainsi l’église Notre-Dame, devenue depuis les années 1538-1540 l’église paroissiale (Vannérus, 1935, 245), un arsenal qui faisait partie de l’ancien système de défense de la ville et les halles et l’hôtel de ville réunis en un édifice (Dumont in Ruelens, 1884-1924). Au-delà de la cartographie du tissu urbain et des fortifications, le plan met donc en exergue l’église paroissiale d’une part, les halles, l’hôtel de ville ainsi que l’arsenal d’autre part. Ce sont donc des édifices abritant et incarnant un pouvoir religieux et un pouvoir civil qui sont mis en avant.



Dans l’hinterland, les bâtiments marquants sont moins nombreux : seul le prieuré de Sainte-Gertrude (Dumont in Ruelens, 1884-1924), situé au sud de la ville, est mis en avant. Néanmoins, d’autres structures sont mises en évidence : des moulins à eau se trouvant à côté du prieuré, une potence au nord-est, et à la sortie nord de la ville, un cimetière. Il s’agit là du cimetière paroissial (Gaber, 1976, 218-219). La présence de ce dernier sur le plan est particulière. En effet, sur l’ensemble du corpus étudié, des infrastructures de ce genre ont pu être identifiées sur seulement trois plans : ceux d’Yvois, de Hal et de Mariembourg. Tous trois présentent cette même caractéristique, inhabituelle pour l’époque, de se situer à l’extérieur de la ville (Kostof, Castillo, Tobias, 2005, 35). Et c’est peut-être justement cette particularité qui explique pourquoi ces cimetières sont mis en évidence par Jacques de Deventer. Il y a donc, dans le choix des éléments mis en avant dans l’hinterland, de nouveau cette volonté de faire ressortir les structures de pouvoir comme le prieuré ou la potence, mais aussi les particularités de la ville, comme le cimetière qui se trouve hors les murs.



Illustration 2 : Le plan de Béthune par Jacques de Deventer dans l’atlas. En encart, à gauche, le « carton ». 





(© Image détenue par la Biblioteca Nacional de España, Mapas y Planos, Res. 207/26).



Sur le plan de Béthune, treize bâtiments sont représentés en élévation et avec un toit bleu dans l’intra-muros. Sept de ces structures sont d’ordre religieux : deux églises consacrées à Saint-Barthélemy et Saint-Vaast, deux hospices et trois couvents. Il y a également six autres bâtiments : le beffroi et la halle aux draps, la halle échevinale, un bâtiment semblant appartenir au seigneur de Longastre, et trois autres édifices qui n’ont pu être identifiés avec certitude. L’un d’entre eux, situé en dessous de l’église Saint-Barthélemy, n’est plus dessiné sur le « carton » qui accompagne le plan et détail le centre-ville (voir plus bas). Il y a donc ici une erreur de Jacques Deventer, soit sur le plan principal, soit sur le carton. La deuxième construction, qui se trouve du côté est de la ville, pourrait être une chapelle dédiée à Saint-Nicolas. Aucun renseignement n’a pu être retrouvé pour le dernier. (Quarré-Reybourbon in Ruelens, 1884-1924). Hors des murs, sept constructions sont surmontées d’un toit bleu. Il s’agit essentiellement de structures religieuses comme une léproserie, l’église et prieuré de Saint-Pry ou l’ancienne église Saint-Vaast extra-muros (Derville, 1985, 98).



Pour le plan de Béthune, comme pour celui d’Yvois, les édifices mis en avant par Jacques de Deventer sont donc le siège d’institutions ou les symboles de pouvoirs civils et religieux. À ceux-ci vient s’ajouter la figuration de différents moulins à eau et à vent, mais surtout de quatre infrastructures servant à rendre la justice : deux potences, une croix et une roue.



Parmi les bâtiments mis en exergue dans la ville, il s’en trouve un qui pourrait appartenir au seigneur de Longastre. En réalité, Jacques de Deventer se contente de le dessiner en élévation, avec un toit bleu, une façade blanche et une tour. Mais rien ne permet d’établir avec précision de quoi il est question. L’identification a été possible grâce à la vue de Béthune par Quentin Vanden Gracht, vue publiée dans le Civitates Orbis terrarum de Georg Braun et Franz Hogenberg (Vanden Gracht, 1588). À côté d’un bâtiment se trouvant au même endroit que celui qui nous intéresse sur le plan de Jacques de Deventer, est inscrite la mention « Mons de Longaste ». Cette mention pourrait être une référence à la famille de Houchin, seigneurs de Longastre et d’Annezin. Annezin est un village à l’est de Béthune, également présent sur le plan de Jacques de Deventer. La famille de Houchin y avait d’ailleurs un château (Lottin, 2012, 308), aussi représenté. 



Illustration 3 : Vue de Béthune par Quentin Vanden Gracht dans Civitates Orbis Terrarum avec la mention « Mons de Longaste » à gauche 





(© Bibliothèque royale de Belgique, Réserve Précieuse, II 8.359 C (LP).



Toutefois, qu’un château – édifice marquant de la topographie d’un lieu – ait été cartographié ne pose pas réellement question. Par contre, pourquoi avoir voulu indiquer comme édifice remarquable une possession de la famille de Houchin se trouvant à Béthune ? Devrait-on y voir une référence à Charles de Houchin qui, dans les années 1560, fut un membre actif de la révolte protestante aux Pays-Bas ? Issu d’une famille importante d’Artois, Charles de Houchin fut d’abord gentilhomme de la Maison du roi avant d’être banni et ses biens saisis pour avoir pris part à différentes manifestations protestantes. Il finit par s’enfuir et rejoindre Guillaume d’Orange (Lottin, 2012, 320).



Au-delà de la représentation de la topographie de la ville et de ses alentours, cette mise en évidence d’une série d’édifices et d’infrastructures a des allures d’inventaire. Ce d’autant plus si l’on se penche sur la présence de plans supplémentaires, ou « cartons ». Ces cartons existent pour la plupart des plans de l’atlas, mais sont très rares pour les versions en feuilles volantes (voyez le carton du plan de Béthune, illustration 2). Ils se centrent sur la ville et présentent de cette dernière uniquement les fortifications, font une évocation du réseau routier et, élément intéressant, reprennent les bâtiments surmontés d’un toit bleu. Ces derniers constituent en fait la seule figuration du tissu urbain et paraissent « flotter », sans rien autour d’eux, si ce n’est l’évocation des rues. Ces cartons sont donc comme un rappel de la cartographie de la ville, mais un rappel très sélectif. Ils sont, quelque part, comme un inventaire, une liste, des points dignes d’intérêt de la ville. Cette impression de liste est encore plus flagrante si l’on considère les cartons présents dans le troisième volume de l’atlas où les noms des différents bâtiments sont également repris. Ces indications toponymiques sont peu présentes dans le deuxième volume de l’atlas, cependant l’on sait que les enluminures furent la dernière tâche, par ailleurs inachevée, que Jacques de Deventer entrepris sur l’atlas (voyez Van ’t Hoff, 1953, p.20.).Pour autant, il apparaît qu’il s’agissait là de la fonction même de ces cartons : être l’espace de la toponymie intra-muros — Dupont, 2019, 205-210). Ce fait accentue encore, si c’était nécessaire, l’impression de liste que donnent ces plans d’accompagnement.



 V. Quelle délimitation pour les plans ?



Cette logique de liste de points d’intérêt paraît aussi régir la délimitation de la cartographie. Car avec la figuration de l’hinterland se pose la question des limites des plans. Dans la mesure où ce n’est pas uniquement la ville qui est dessinée, comment Jacques de Deventer a-t-il choisi d’interrompre sa cartographie ? Quels sont les éléments qui délimitent la représentation ? Et de quel ordre sont-ils ?



Dans le cas d’Yvois, le plan s’arrête après une série de points de nature différente. Dans le coin supérieur gauche, c’est le hameau de Wé qui est le dernier élément dessiné. Pour le coin supérieur droit, il s’agit d’un carrefour et d’un bâtiment isolé. Deux autres carrefours marquent les limites droite et inférieure du plan. Enfin, d’Yvois, part une route qui court jusqu’au coin inférieur gauche. Ici, le choix d’interrompre la représentation est peut-être plus difficile à interpréter. Si ce n’est que, ce que semble évoquer le plan, c’est qu’après un carrefour avec un chemin longeant la rivière, la route poursuit son trajet rectiligne. De plus, cet espace supplémentaire permet précisément de faire figurer la rivière Chiers avec ses ramifications.



Pour Béthune, la liste des éléments en bordure du plan correspond à celle dressée pour Yvois. Dans sa partie supérieure, le plan s’arrête juste après un carrefour ainsi que la séparation en deux bras d’une rivière. À droite, c’est la présence d’une potence et d’une roue de justice qui sont les derniers éléments marquants à avoir été dessinés. En bas, comme pour en haut, c’est un carrefour qui marque la fin du plan. Enfin, à gauche, c’est le village d’Annezin, avec son château et son église. Or, ce village a une importance particulière pour Béthune, dans la mesure où son église fut, pendant le Moyen Âge, le chef-lieu de la paroisse de la ville et est encore au XVIe siècle responsable d’une partie des faubourgs de la ville (Derville, 1985, 44).



Les derniers éléments dessinés dans l’hinterland des plans d’Yvois et de Béthune sont donc deux villages, un bâtiment isolé au milieu d’un croisement, cinq carrefours et une route rectiligne, deux rivières avec leurs divisions et un lieu de justice composé d’une potence et d’une roue.



Avec cette question des délimitations des plans, la logique polylocale est frappante. Ce d’autant plus si l’on considère que les tracés de certaines routes ne sont pas tous achevés et ne vont pas jusqu’au bord du plan. D’autres sont poussés jusqu’à l’un des lieux évoqués précédemment, parfois au détriment de l’homogénéité de la représentation (voyez la route se rendant au hameau de Wé sur le plan d’Yvois). Jacques de Deventer poussait donc son arpentage jusqu’à rencontrer des points bien précis lui permettant d’achever ses plans. En ce sens, cette vision polylocale de l’espace est le témoin d’un espace de la pratique, celle de l’arpentage du cartographe.



Mais à quoi correspondent ces points ? Dans le cadre d’une étude plus large, j’ai constaté que, pour plusieurs plans, les limites de la représentation correspondent aux limites de la franchise urbaine extra-muros. C’est de cette manière que Jacques de Deventer aurait interprété la demande de Philippe II de cartographier les passages et détroits des frontières (Dupont, 2019, 164-178). Qu’en est-il d’Yvois et de Béthune ? Pour Yvois, l’état actuel de l’historiographie ne permet malheureusement pas de savoir si cette ville possédait une franchise qui s’étend extra-muros (Drapier, 1932 ; Vannérus, 1936 ; Gaber, 1976). Il n’est donc pas possible de confronter le plan de Jacques de Deventer à cette hypothèse. Tout au plus, peut-on constater que le plan s’arrête après l’indication de carrefours sur des routes importantes (vers Luxembourg au nord, Montmédy à l’est et Mouzon au sud). L’étendue de la feuille permet également d’indiquer le cours de la Chiers au sud, rappelant la demande de Philippe II de cartographier les rivières des alentours. 



On notera encore la présence d’une potence. À ce propos, potences et roues de justice sont peut-être présentes pour ce qu’elles symbolisent : l’exercice des pouvoirs judiciaires (donc en lien direct avec les questions de franchises). Car il faut avoir à l’esprit que le XVIe siècle fut une époque de conflits sociaux et religieux qui s’accompagna d’une augmentation importante du nombre d’exécutions capitales. Ces instruments de justice étant de plus en plus utilisés, il est tout à fait probable qu’ils firent une forte impression sur la population, parmi laquelle, Jacques de Deventer. Par ailleurs, cette période fut aussi celle des tentatives du pouvoir royal de prendre le pas sur les villes en matière de justice (Muchembled, 1992). Il n’est donc pas surprenant de retrouver ces instruments sur des plans commandés par Philippe II.



Mais revenons à Béthune. L’historiographie évoque un territoire extra-muros mais n’en définit malheureusement pas précisément le cadre géographique (Derville, 1985, 54-55). Marcel Demont définit tout au plus le « territoire » de Béthune comme étant composé des remparts et de la périphérie immédiate (Demont, 1937, 71). C’est finalement dans le texte de la Keure de la ville (charte des privilèges) de 1222 que l’on trouve quelques informations à propos de ce qui pourrait être une zone d’influence extra-muros. Le seigneur Daniel dit faire concession d’usage aux bourgeois de différents marais situés entre Annezin et Béthune, près du faubourg de Saint-Pry ainsi que du pré « aux chênes » près du faubourg de Catorive (Demont, 1937, 43-44). S’il y avait donc une franchise à Béthune, elle était peu étendue, ce qui correspond aux limites du plan dressé par Jacques de Deventer.



Conclusion



Pour conclure, je rappellerai mes doutes à propos du fait que les plans de Jacques de Deventer aient été uniquement des instruments militaires et qu’ils aient été comme un « îlot » de modernité au sein de la cartographie du XVIe siècle. Tout d’abord parce que ces plans conjuguent logique spatiale hétérogène et homogène. Ils sont ainsi les témoins d’une cohabitation dans les manières de représenter et de se représenter l’espace au XVIe siècle.



En effet, l’atlas dans lequel ces documents devaient être rassemblés a les aspects d’une liste (carto)graphique des centres de décisions : les villes et les provinces. Quant aux plans, ils répondent aussi de cette logique d’énumération de lieux, à la fois dans leur mise en avant d’une série de points d’intérêts tels que les structures de pouvoirs religieux et civils ainsi que par l’indication des curiosités et particularités d’une ville ou encore dans leur délimitation.



Comme toute cartographie, les plans de Jacques de Deventer se concentrent sur certaines informations qu’ils sélectionnent et représentent. Mais, ici, cette sélection va jusqu’à s’opérer par deux fois : la première aboutit aux plans principaux, la seconde aux cartons. Et dans le cas de ces derniers, la sélection se fait parmi le plan principal et l’élague pour n’en retenir que la « moelle » : les fortifications, les rues (ou plus exactement une évocation de celles-ci) et les bâtiments surmontés d’un toit bleu. Il s’agit donc bien de dresser la liste d’une série de lieux et, ce faisant, les cartons en viennent presque à nier la représentation cartographique homogène effectuée sur le plan principal. En outre, il existe une similitude troublante entre cette manière de mettre en évidence une série de bâtiments sur ces plans d’accompagnement et la manière qu’ont, aujourd’hui, certains plans touristiques d’exhiber en trois dimensions les curiosités d’une agglomération.



Dans la mesure où les plans de Jacques de Deventer s’intéressent aux structures de pouvoirs et aux particularités des villes, ils semblent être bien plus que de simples documents militaires. Cette manière de mettre en avant les particularités d’une localité évoque quelque peu les descriptions textuelles qui se publient à la même époque. Ne serait-on donc pas plutôt devant un inventaire graphique des territoires ?



Enfin, comme l’a démontré Denis Wood, la cartographie a, dès le XVIe siècle, une force idéologique d’affirmation d’une autorité sur un territoire. Elle sert ainsi les intérêts d’États modernes naissants comme l’est l’Espagne de Philippe II (Wood, Fels et Krygier, 2010). Dès lors, il est peu probable que les documents de Jacques de Deventer aient échappé à la règle, particulièrement si l’on se rappelle qu’ils ont été commandés dans un contexte de transition de pouvoir entre Charles Quint et Philippe II.



Notes :



1. La communication donnée dans le cadre de la journée d’étude Penser le savoir géographique aux époques moderne et contemporaine (XVe-XIXe siècle) et cet article qui en découle, sont issus d’un projet de recherche sur la collection des plans de Jacques de Deventer des villes des actuels Belgique, Luxembourg et nord de la France. Les recherches, s’inscrivaient dans un Pôle d’attraction interuniversitaire de La Politique scientifique fédérale de la Belgique (Belspo) : Ville et société dans les Pays-Bas (1200-1850) (IAP 7/26). Je tiens à remercier Madame Axelle Chassagnette et Monsieur Etienne Bourdon de m’avoir convié à la journée d’étude ainsi que Catherine Loukakis pour ses corrections et remarques.



2. Je remercie M. Pierre Couhault pour cette hypothèse.



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