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n°1 novembre 2012 : Regards sur la géographie historique française:
Pour une géographie historique du bouton de culotte
Par Jean-Robert Pitte, Membre de l’Institut, Professeur à l’Université Paris-Sorbonne
Résumé : La géographie historique du bouton est plus complexe qu’il n’y paraît. Son usage reflète le perfectionnement culturel des sociétés depuis l’Antiquité car il montre une manière de porter le vêtement plus facilement. Il est identifié en Chine durant l’Antiquité et se retrouve en matériau dur en Europe au Moyen-Age avant de connaître une diffusion plus large à partir du XIXe siècle. Son évolution dans l’espace et dans le temps témoigne de sa lente appropriation par les sociétés sous des formes et pour des raisons diverses.
Mots-clefs : géographie historique et culturelle, civilisation, bouton, vêtement, néolithique, Antiquité, Moyen-Age, France, Chine, Japon, Europe, Equateur, Allemagne, Angleterre, Belgique.
Abstract : Historical geography of the production and use of buttons is more complex than it seems to be. Its use reflects how societies have culturally perfected themselves since the ancient times, showing the manner of wearing clothing more comfortably. Use of buttons goes back at least to Ancient China and has been proved for Medieval Europe Then it spread much more widely from the 19th century onwards. Historical development of buttons and the spatial patterns of their distribution testify how societies have appropriated themselves this object in different ways and for different reasons.
Key words : Historical and cultural geography, civilization, button, garment, Neolithic, Antiquity, Middle Ages, France, China, Japan, Europe, Ecuador, Germany, England, Belgium.
À l’occasion de la fondation d’une nouvelle revue de géographie historique, j’aimerais revenir sur une petite controverse qui m’avait opposé naguère à Claude Bataillon et à Roger Brunet et qui touche à la légitimité de cette branche de notre discipline, plus largement, à la géographie elle-même. Lors de la retraite de Xavier de Planhol au milieu des années 1990, ses élèves et collègues avaient souhaité lui offrir des mélanges. Compte tenu de la diversité de ses centres d’intérêt et du nombre de ceux qui souhaitaient apporter leur contribution, il a finalement été décidé que Daniel Balland rassemblerait les textes concernant les mondes turc, arabe et persan, tandis que je me chargerais des textes sur l’Europe. C’est de ce dernier volume qu’il s’agit ici (1). Claude Bataillon, spécialiste de l’Amérique latine, signa trois ans plus tard un compte-rendu dans L’Espace géographique (2). Voici des extraits significatifs de celui-ci :
I- Une géographie historique et culturelle
L’enfer éditorial est pavé d’ouvrages collectifs sans cohérence. C’est souvent le cas des publications de colloques. C’est presque toujours le cas des volumes d’hommages. A contrario nous pensons à quelques exceptions d’ouvrages réellement organisés autour de la personne à honorer : Pierre Monbeig, Bernard Kayser, Gilles Sautter et Paul Pélissier ; peut-être que ces hommes remarquables, mais partiellement en marge de l’establishment universitaire, ont suscité des projets originaux…
Au contraire l’hommage au professeur X. de Planhol est un modèle du genre : après sa photographie, qui peut-être fait sourire volontairement, bibliographie de l’intéressé, puis une vingtaine d’articles classés… par ordre alphabétique d’auteurs. On y trouve des textes impossibles à caser ailleurs, qui n’appartiennent ni à la géographie culturelle ni à la géographie historique […].
Tout est objet géographique à condition d’être localisé ? Alors l’élevage du hamster est un objet d’étude aussi légitime que celui du chien de berger (souvenons-nous de l’émoi provoqué par ce thème présenté par X. de Planhol devant l’Association de Géographes Français au printemps 1968). On peut faire une géographie de la production et de la consommation des boutons de culotte, comme celle du saucisson sec, ici présentée par J.-R. Pitte : l’un et l’autre sont des données culturelles.
Longtemps en France, la géographie s’attachait en priorité aux faits socio-économiques, « forces productives » analysées dans leur actualité : la géographie « historique et culturelle » serait une revanche contre les canons de cette orthodoxie ? Encore faut-il convaincre qu’on a quelque chose d’important à expliquer, c’est-à-dire qu’un thème est pertinent pour comprendre l’organisation d’un espace […]. Chez nos cousins sociologues aussi, la frivolité de recherches étroites sur les affiches de mode ou sur le cybersexe « en eux-mêmes » peut irriter, surtout si la « demande sociale » supposée de la production scientifique est satisfaite grâce à des fonds publics.
La géographie historique va-t-elle de soi ? Remarquons le groupement traditionnel de « l’histoire de la géographie et de la géographie historique » : un ghetto ? En fait l’histoire de la géographie fait partie de l’histoire de la connaissance, longtemps peu prisée des géographes en France […].
Mais pour nous la géographie historique n’a pas de statut clair : comme les adeptes des autres sciences sociales du contemporain, les géographes sont amenés à des rétrospectives portant sur des périodes plus ou moins longues et usent pour cela des méthodes de recherche d’archives et de critique des textes des historiens : tout le monde a droit de faire de l’histoire, parce qu’il en a besoin, et bonne si possible, car un large public en a le goût. Je considère qu’une spécificité des géographes est un rapport au présent : non pas nécessairement le « terrain », scrogneugneu, que l’on arpente de son godillot, mais ce contact précaire avec les témoins ou les acteurs qui permet d’appréhender des sociétés localisées en train de façonner des territoires. Libre à chacun de se priver de cette chair du social.
En lisant ce compte-rendu peu amène pour les auteurs, le coordonnateur de l’ouvrage, pour Xavier de Planhol lui-même et, en outre, énonçant une vision de la géographie historique à laquelle il m’était et m’est encore impossible d’adhérer, j’avais donc pris la décision d’adresser aussitôt une lettre à Roger Brunet, Directeur de la rédaction de L’Espace géographique, accompagnée d’un texte en forme de droit de réponse et demandant sa publication dans une prochaine livraison de la revue. Voici le texte en question.
II- La guerre des boutons de culotte n’aura pas lieu
Le compte-rendu tardif et acidulé que Claude Bataillon vient de donner du volume d’hommages offerts à Xavier de Planhol appelle de nombreuses remarques. En voici quelques unes volontairement non polémiques.
Malgré l’effort du ou des coordonnateurs, les volumes de Mélanges sont le plus souvent aussi disparates que l’œuvre des maîtres auxquels ils sont destinés. Quel chercheur assez fécond et influent pour mériter cet honneur ne s’est intéressé qu’à un thème précis tout au long de sa vie ? Rappelons la philosophie d’un genre que l’on est tout à fait libre de ne pas apprécier et auquel personne n’est tenu de participer. Il s’agit, avant tout, d’un témoignage d’amitié à l’égard d’un collègue ou d’un maître dont on a beaucoup appris et avec lequel on a beaucoup échangé. Pour démodé que soit ce sentiment, la reconnaissance n’en est pas moins noble et sympathique. Les Mélanges, écrits pour le plaisir de leur destinataire, remplissent cette première et éminente fonction. La générosité est donc intrinsèquement liée au genre. Chaque participant sincère tente de donner le meilleur de lui-même. Les savants ayant aussi leurs petites faiblesses ou leurs passages à vide, il faut bien reconnaître que les contributions sont parfois d’inégale richesse. Devrait-on pour autant exercer la même sévérité que dans une revue « à comité de lecture » ? Probablement pas. D’ailleurs les revues en question présentent aussi de grandes disparités de qualité d’un article à l’autre et, encore plus, de thématiques, hormis les numéros spéciaux. Personne ne songe à s’en plaindre, car c’est un genre obligé et attendu et, grâce aux bibliographies, les lecteurs intéressés parviennent toujours à retrouver l’article qui répondra à leurs interrogations. La vie scientifique est inséparable de l’érudition et celle-ci oblige à des recherches fouillées, y compris dans des ouvrages et des revues improbables.
Concernant les Mélanges offerts à Xavier de Planhol, rappelons qu’ils ne constituent que la partie européenne d’un hommage complété d’un beaucoup plus gros volume consacré au monde islamique, objet de l’essentiel des recherches du récipiendaire. Les thèmes abordés font tous référence à l’une ou l’autre des facettes de son œuvre : épistémologie, structures agraires, habitat, alimentation, etc. Plusieurs articles adoptent une problématique très large ; d’autres au contraire abordent un détail. Sont-ils moins intéressants pur autant ? L’accueil exceptionnel fait par la presse à L’eau de neige de Xavier de Planhol (Fayard, 1995) démontre le contraire. Ce livre d’une éblouissante érudition retrace en 500 pages un cheminement intellectuel de 50 ans autour du rafraîchissement des boissons. La conclusion de cet ouvrage révèle des aperçus à la fois profondément neufs et exprimés avec modestie : le contraire de la cuistrerie qui tient lieu de science. Claude Bataillon a bien raison de rappeler la communication de Xavier de Planhol en 1968 sur le chien de berger. Elle jetait un éclairage nouveau sur le développement d’une technique pastorale liée à la genèse du paysage de champs ouverts. Cerner les moments et les lieux de cette évolution valait bien un article dans le BAGF et ne méritait sûrement pas les aboiements de certains.
L’aimable passion de Xavier de Planhol pour les détails qui ouvrent les larges horizons est sans doute l’aspect le plus déroutant de sa méthode. Chacun reconnaîtra qu’elle n’a jamais entravé chez lui le sens des larges synthèses. Les fondements géographiques de l’histoire de l’Islam (1968), Les zones tropicales arides et subtropicales (1970), sa Géographie historique de la France (1988), Les nations du prophète (1993), Les minorités en islam (1997), L’Islam et la mer en cours d’achèvement sont autant d’ouvrages fondamentaux, reconnus par les savants des autres disciplines et par le grand public. Combien de géographes de cette génération peuvent se targuer d’un tel bilan ? Dès lors, les maisons sous la roche, les enseignes ou le saucisson constituent de très modestes travaux d’érudition que les vrais chercheurs sauront un jour solliciter pour les intégrer à de vastes synthèses. Le bouton de culotte est mis en cause par Claude Bataillon pour ridiculiser de tels choix. Malheureusement, cet exemple est des plus mal venus. En effet, l’évolution de la mode féminine européenne au XVIIIe siècle, particulièrement la profusion des rubans et des boutons, est l’un des moteurs de la révolution industrielle. Les révolutions culturelles sont toujours préalables aux révolutions techniques : c’est une constante de l’histoire de l’humanité et cela justifie pleinement pour le bouton une approche géographique.
Plus grave : Claude Bataillon conteste la légitimité de la géographie historique. C’est son droit, mais cette position est malheureusement très archaïque. Elle revient à nier le droit aux géographes, aux spécialistes de l’espace et du territoire, d’utiliser leur regard et leurs méthodes pour éclairer des situations passées. Pourquoi devrions-nous nous châtrer et considérer « qu’une des spécificités des géographes est le rapport au présent » ? Comme si le passé et le présent, l’espace et le temps, l’homme et son environnement, le quantifiable et le qualitatif, l’exact et le flou pouvaient être, devaient être séparés. Oui, définitivement, le géographe cherche à comprendre où et pourquoi les choses, les êtres et leurs œuvres se localisent et se répartissent de telle manière plutôt que de telle autre. Que les faits soient d’aujourd’hui, d’hier ou d’avant-hier ne change rien à l’affaire. Le réel est un. Seule l’inflation du savoir interdit aujourd’hui d’être réellement universel. Il n’est pas interdit d’être curieux et cultivé. Il n’est pas interdit de chercher aux confins des disciplines établies. On pourra contester le mariage français de l’histoire et de la géographie. On ne saurait nier que si les historiens étaient un peu meilleurs géographes et les géographes un peu meilleurs historiens, le statut de la géographie et son utilité sociale seraient aussi bien reconnus que ceux de l’histoire. C’est l’enseignement qu’il faut, par exemple, retirer des Lieux d’histoire de Christian Grataloup.
Rien n’est pire que l’indifférence et le silence. Merci à Claude Bataillon d’avoir rendu compte des Mélanges de Planhol. Dommage qu’il ait préféré la bile à l’encre et ait donné l’impression que les textes rassemblés ne présentaient guère d’intérêt, alors qu’il s’agit d’un recueil dans lequel chacun pourra trouver au moins un texte qui lui ouvrira des horizons nouveaux, le réjouira et l’aidera à progresser sur le chemin du savoir. N’est-ce pas ce que l’on demande aussi à toute livraison d’une revue, y compris à L’Espace géographique ?
Peu après, je reçus de Roger Brunet la réponse suivante :
Montpellier, le 19 janvier 1999
Monsieur,
Vous nous avez fait parvenir un texte intitulé « la guerre des boutons de culotte n’aura pas lieu », au titre de l’usage d’un « droit de réponse » à un compte rendu publié dans L’Espace géographique sous la signature de Claude Bataillon et consacré au volume d’hommages à Xavier de Planhol.
Le comité de rédaction de L’Espace géographique, après avoir pris connaissance de ce texte, a considéré qu’il n’entrait nullement dans la catégorie des droits de réponse, puisque le texte de Claude Bataillon, au demeurant des plus modérés, est présenté comme un compte-rendu de lecture, ne dépasse à aucun moment ce que l’on pourrait estimer comme étant les limites d’une critique littéraire ordinaire, et ne vous met pas en cause, pas plus qu’il ne mettait en cause la personne de Xavier de Planhol.
En revanche, votre propre texte porte principalement sur une défense et illustration de celle-ci, qui n’était pas l’objet du compte-rendu. Il emploie des qualificatifs qui seraient de nature à susciter de nouvelles polémiques (archaïque, bile, acidulé, tardif). Il accuse arbitrairement Claude Bataillon de « nier le droit » qu’auraient les géographes de s’intéresser au passé, ce qui est évidemment absurde, et prétend pourtant donner des leçons.
C’est pourquoi le comité de rédaction a décidé, à une très large majorité, que votre texte ne serait pas publié dans la revue.
Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de ma parfaite considération.
Cette lettre fut immédiatement suivie d’une autre lettre émanant de Claude Bataillon lui-même :
Portet, le 22 janvier 1999
Cher collègue,
L’Espace géographique me communique votre texte sur mon CR du volume d’hommage à X. de Planhol et la réponse de R. Brunet. Je n’étais pas à la réunion du comité de la revue qui a écarté ce texte comme « droit de réponse ».
En reprenant ce que j’ai écrit, deux aspects m’importent :
-le « genre » volume d’hommage : oui j’y suis allergique pour des tas de raisons. Les revues se permettent (de moins en moins) une forte dispersion thématique, mais au nom d’apports nouveaux dans un champ relativement cohérent et leurs sommaires sont repérables sur internet ; où retrouver la table des matières d’un livre d’hommage ? Et je plaide pour ces exemples inverses d’efforts utiles réalisés autour de Monbeig, de Sautter et Pélissier, avec des efforts de cohérence.
-Bien plus sérieux le droit d’exister pour une géographie historique qui soit non pas un outil pour expliquer l’organisation territoriale présente, mais une histoire en tant que telle. Je suis assez sensible à l’intérêt des recherches aux jointures des disciplines et sais que celles-ci n’existent pas hors de contextes particuliers, différents dans les différents pays et en différentes époques. C’est précisément la capacité d’une discipline de constituer un champ cohérent qui me semble importante pour que les recherches aux jointures soient fécondes. Je ne crois pas que la géographie historique soit une discipline différente de l’histoire, et pense qu’une réflexion sur les outils spécifiques et les modes de fonctionnement des deux disciplines géographie et histoire doit être approfondie pour avancer à ce sujet.
Bien à vous.
Il m’a semblé utile, sans nul esprit de rancune, de livrer ici les pièces de ce débat qui remonte à une quinzaine d’années. L’eau a coulé sous les ponts et naît fort opportunément aujourd’hui une nouvelle revue de géographie historique. Par ailleurs, lorsqu’on recense les sujets de recherche des jeunes géographes ces dernières années, on se dit que la vision de Claude Bataillon en 1998 est plutôt datée, que la géographie historique, comme la géographie culturelle, ont acquis de nouveau une pleine légitimité et ont pignon sur rue. Les échanges entre la géographie et l’histoire méritent d’être renforcés, rénovés, nourris de recherches croisées. À côté des géographes éclairant des situations passées, a heureusement surgi une nouvelle génération d’historiens qui se servent des méthodes de la géographie. Citons, par exemple, Gérard Chouquer, de l’EHESS, qui s’intitule lui-même archéogéographe et travaille aussi bien sur les cadastres antiques que sur les aménagements fonciers actuels, ou le moderniste Jean-Marc Moriceau qui fait renaître brillamment l’histoire rurale en pleine complicité avec les géographes de Caen.
III- Esquisse d'une géohistoire du bouton
Comme on l’imagine, la petite phrase farceuse et assassine de Claude Bataillon concernant les boutons de culotte m’avait en son temps piqué au vif. Le temps est venu de clore ce débat et d’offrir enfin à ce collègue l’esquisse d’une géographie historique du bouton de culotte qu’il a bien méritée et qu’il voudra bien, je l’espère, accepter avec le sourire. Si j’avais été sollicité pour contribuer à ses propres Mélanges, publiés à son intention (3), c’est ce que j’aurais envoyé sans hésiter ! En effet, les militaires ont beaucoup contribué à structurer les États-nations en Amérique latine et l’on sait combien les militaires aiment les boutons qui favorisent l’ajustement de leurs uniformes et rehaussent leur prestige…
Le sujet du bouton est bien plus ample qu’il n’y paraît : il mériterait une thèse ou plutôt un symposium pluridisciplinaire, tant il fait appel à des savoirs complexes et divers. L’humanité a porté pendant des millénaires et porte encore dans certaines régions du monde des vêtements dépourvus de boutons : pagnes en cuir, écorce ou tissu enroulés autour de la taille (Egypte antique, mondes malais, mélanésien, polynésien), amples étoffes drapées (toge romaine, sari, mehlafa des femmes Maures ou Touaregs, shuka des Massaï) ou munies d’un orifice permettant de passer la tête (boubou, poncho), vêtements du haut disposant de manches cousues et que l’on enfile par la tête (tuniques des Amérindiens du nord et des inuit), pantalons cousus que l’on enfile par les pieds et que l’on retient à la taille par une ceinture (braies, chausses, culottes, pantalons des cavaliers des steppes d’Asie), etc. Le kimono japonais ou le hanbok coréen sont des vêtements féminins à manches que l’on croise sur le devant, mais qui ne peuvent être maintenus que grâce à une ceinture (obi japonais) dont la mise en place et le port obéissent à un rituel complexe. Les vêtements drapés sont élégants, mais se maintiennent difficilement à la place qui leur est assignée. C’est la raison pour laquelle furent inventées les fibules, ancêtres des épingles à nourrice, des broches et des boucles de ceintures, dont les premiers exemplaires connus remontent au Bronze final (civilisation mycénienne) et qui n’ont cessé de se perfectionner jusqu’à devenir des objets précieux, véritables marqueurs sociaux. On les nomme fermail dans la France médiévale. Elles sont encore portées avec certains vêtements traditionnels de diverses régions du monde comme le kilt écossais.
Le bouton représente un incontestable perfectionnement, car il permet à la fois un habillage et un déshabillage faciles grâce à des vêtements ouverts et adaptés à la forme du corps que l’on passe par les bras ou par les jambes, mais aussi le maintien en place ceux-ci sans qu’il soit besoin de les réajuster en permanence. Les vêtements boutonnés sont donc propices à la mobilité, au travail et à l’action. Cette invention à la fois simple et savante apparaît d’une part en Chine et, d’autre part, dans l’Europe médiévale.
Le bouton chinois remonte à une époque sans doute ancienne. C’est une simple boulette de tissu ligaturé, fixée sur un pan de vêtement croisé que l’on enfile dans un passant rapporté sur l’autre pan afin de le maintenir rapproché du premier. Sa rusticité n’en fait pas un marqueur social en soi, à la différence du tissu dont il est fabriqué : lin, coton ou soie, même si sa facture est plus raffinée, surtout s’il est brodé, sur les vêtements de soie, par exemple le qipao des femmes de la haute société mandchoue pendant la dynastie Qing (XVIIe-XXe siècles). Cette robe longue et ample a évolué au XXe siècle, à partir de la ville de Shanghai, en devenant moulante et fendue sur le côté, des pieds jusqu’à la cuisse, fermée sur le devant et en haut par une rangée de petits boutons chinois. Chez les hommes, la veste portée sur une robe et boutonnée jusqu’en haut se nommait changshan. Le costume mao n’a conservé d’elle que le boutonnage jusqu’au cou, mais au moyen de boutons à l’occidentale, en plastique pour les civils, en métal pour les militaires.
Le bouton en matériau dur est une invention européenne du Moyen Âge. Cousu directement sur un pan du vêtement, il est passé dans une fente ménagée sur l’autre pan, la boutonnière, ce qui donne à l’assemblage une bien plus grande résistance à l’effort que son équivalent chinois. C’est la raison pour laquelle il a séduit les hommes de l’aristocratie, cavaliers amoureux de la chasse et contraints à la guerre. Ces attaches de petit format, munies d’une queue trouée destinée à les coudre, se nomment alors noiel, noyel, nuel, nuiel ou nouyau, par analogie avec le noyau des petits fruits, tels ceux de la cerise ou de la prunelle. Joinville les mentionne dans ses mémoires à propos d’une robe offerte en 1250 par le sultan d’Egypte à Saint-Louis qui est son prisonnier, évoquant « grant foison de noiaus touz d’or… » (4).
C’est vers cette époque que change leur nom et qu’on les désigne par le mot bouton. Celui-ci dérive (5) du francique botan qui a donné le verbe bouter, lequel veut dire pousser. On ne retrouve dans arc-boutant, boutefeu, etc. Bouton apparaît pour la première fois chez Chrétien de Troyes en 1160 chez qui il désigne alors un bourgeon, c’est-à-dire une excroissance végétale qui pousse, puis en 1236, chez G. de Lorris, dans Le roman de la rose où il désigne une fleur avant son épanouissement. Chrétien de Troyes, dans Cligès, vers 1170, l’emploie pour la première fois au sens de petite pièce circulaire servant à fermer un vêtement, par analogie entre la forme de celle-ci et le bourgeon ou le bouton de fleur. Dès lors, la fente consolidée du pan du vêtement qui fait face à celui qui porte les boutons est dénommée boutonneure, puis boutonnière. Un larcin commis à la fin du Moyen Âge à Paris consiste en « un chapperon d’escarlate vermeille à boutons d’argent dorez… deux bourses et un pelleton à boutons d’argent dorez, huit petits boutons et un clou d’argent blanc… une boutonnetière esmaillée à seize boutons… » (6). La facture de ces boutons se perfectionne. De nombreux musées en possèdent et l’on en distingue parfois sur certains tableaux. Ils sont coulés (plomb) ou estampés (cuivre, argent) et portent de plus en plus souvent des ornements. Les premiers boutons percés de quatre ou six trous apparaissent au XVe siècle. Ils deviendront de plus en plus fréquents, mais les boutons à queue subsistent encore aujourd’hui sur certains vêtements (7). Les boutons servent à fermer les robes masculines ou féminines sur le devant ou le long des manches. Lorsque se répand à partir du XIVe siècle et surtout au cours de la Renaissance la mode des surcots ou chemises à épaules bouffantes, le boutonnage du bas des manches devient nécessaire afin de les resserrer au poignet et maintenir le foisonnement du tissu à la hauteur de l’épaulement. Cette pratique entraîne une diffusion plus large du petit accessoire, facilitée par la baisse du coût du cuivre. Un ou deux boutons à la hauteur des poignets subsistent aujourd’hui sur les chemises masculines et les chemisiers féminins. Les boutons de manchette, souvent en métal précieux, sont une invention du XVIIIe siècle qui s’est répandue au XIXe et a servi de signe distinctif pour la bourgeoisie et, plus largement, les cols blancs. Aujourd’hui, ils représentent un marqueur social des cadres supérieurs, au même titre que les chemises et costumes à rayure (8).
Dès cette époque, l’emplacement des boutons de vêtement principal est sexué : la rangée se situe à droite pour les hommes et à gauche pour les femmes. Plusieurs explications peuvent être avancées. La première est que la plupart des hommes s’habillent depuis longtemps seuls (9) et qu’il est plus facile pour les droitiers –majoritaires- de saisir les boutons de la main droite, active, pour les glisser dans la boutonnière tenue passivement par la main gauche. Les aristocrates devaient, par ailleurs pouvoir accéder facilement à leur épée, placée sous le pan de gauche de leur vêtement de manière à être saisie de la main droite. Il fallait donc que le pan de gauche soit placé par-dessus le pan de droite, ce qui n’exigeait pas de déboutonnage. Les femmes de la bonne société étaient souvent aidées pour s’habiller. Les boutons situés à gauche étaient donc à droite pour leurs femmes de chambre. Par ailleurs, tenant habituellement leurs jeunes enfants sur le bras droit, il leur était plus facile de leur donner à la demande, dans un premier temps, le sein droit et donc de déboutonner le vêtement avec la main gauche (10).
C’est au XVIIe siècle que le bouton devient plus qu’auparavant un simple accessoire de mode, perdant même sa fonction d’attache. Certains vêtements de cour, tant féminins que masculins, en comportent des dizaines. Les matériaux les plus luxueux sont utilisés : passementerie de soie, nacre, ivoire, métaux précieux, diamants et autres pierreries. Aux XVIIIe et XIXe siècles, la porcelaine fait son apparition (11). Les grands peintres se font à l’occasion miniaturistes et signent des pièces uniques (Isabey, David, par exemple) (12). C’est ce qui fera dire à Charles Dickens à propos des boutons qu’ « il y a assurément quelque charme à voir la plus petite chose si finement ouvragée, comme pour rappeler au négligent que ce qui vaut la peine d’être fait mérite d’être bien fait. » (13). L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert ne consacre pas moins de quatre pages de texte (14) et de six pages de planches aux boutons et aux instruments du boutonnier.
Ecclésiastiques séculiers (15), magistrats et avocats, professeurs portent depuis plusieurs siècles des soutanes ou des toges qui se ferment sur le devant par une impressionnante rangée de petits boutons. Ces uniformes sont encore portés aujourd’hui par tous, soit dans l’exercice habituel de leurs fonctions, soit à l’occasion de cérémonies particulières. Les boutons sont recouverts de tissu noir, violet, écarlate, selon la couleur du vêtement et le rang de celui qui le porte. Seuls les ecclésiastiques résidant dans les contrées tropicales et le pape portent une soutane blanche. Pie V est le premier pape à l’avoir portée, en souvenir de son passé dans l’ordre des Dominicains.
Il existe également des boutons fixés au bout d’un galon en passementerie et que l’on attache, comme en Chine, à un autre galon en forme de boucle ou de passant. Ce sont les attaches des vêtements militaires, dites brandebourgs, du nom de la ville allemande où ils sont devenus courants et d’où ils se sont répandus dans toute l’Europe entre le XVIIIe siècle et la Première Guerre mondiale. Ils étaient appliqués en grand nombre sur les dolmans, ces vestes courtes très ajustées des hussards qui bénéficiaient ainsi d’un véritable corset facilitant leurs rapides chevauchées. Le dolman est à l’origine une robe boutonnée que portaient les Turcs. J’ignore s’il s’agit d’une invention turque imitée par les armées d’Europe centrale ou d’une influence européenne sur les Ottomans. Utilitaires, les brandebourgs sont également devenus décoratifs, en particulier lorsqu’ils étaient apposés sur la pelisse qui se portait sur l’épaule et ne s’enfilait donc pas. Elle était l’une des parties essentielles du diszmagyar, l’habit de cérémonie des nobles hongrois.
Le duffle-coat anglais, ce lourd manteau de laine à l’origine destiné à la Navy, se ferme également à l’aide de brandebourgs dont les lanières sont souvent en cuir. Il tire son nom de la ville de Duffel, en Flandre Belge, près d’Anvers, qui avait au XIXe siècle la spécialité de tisser d’épais draps de laine résistant à la pluie et au froid. À partir de 1863, la Navy a imaginé d’en confectionner des manteaux à capuche destinés à ses marins. Leurs brandebourgs, au nombre de trois à cinq sont souvent en cuir et les boutons, au lieu d’être petits et métalliques, sont longs, coniques et pointus, en cuir roulé ou bien en corne de bovin ou de cerf, faciles à enfiler dans le passant, même avec des gants (16). C’est aujourd’hui un classique de l’habillement masculin décontracté dans les pays à hiver froid de culture anglo-saxonne. L’équivalent germanique est le loden, manteau lui aussi très chaud, mais plus ample et souple. Le tissu qui sert à sa confection a été inventé à Bolzano, dans le Tyrol du Sud. Il était à l’origine destiné à des capes de bergers. Il se ferme avec des boutons plats à trous, parfois en cuir tressé, parfois en corne de cerf. Il a longtemps été porté par les militaires et les chasseurs avant de conquérir les villes. C’est aujourd’hui un marquer identitaire germanique et, en France, un marqueur social, voire politique.
Un autre type de vêtement chaud des Îles britanniques est la veste de tweed qui se ferme à l’aide de boutons à queue habillés de cuir tressé. Elle est l’habit classique des gentlemen farmers et des chasseurs britanniques, devenu aujourd’hui dans tout l’Occident un vêtement d’hiver chic et décontracté, plutôt destiné aux hommes d’âge mûr, mais aussi parfois aux femmes outre-Manche.
Progressivement, au tournant du XIXe siècle, les boutons se répandent hors des milieux de cour, des armées, des clercs, de la justice ou de l’enseignement. Dans toute l’Europe, sous l’influence de l’élite, les habits de fête reprennent et interprètent les canons de la mode aristocratique (17). Certains costumes identitaires régionaux portent même des rangées de boutons purement décoratifs ne correspondant à aucune boutonnière. C’est le cas des vestes bretonnes masculines, par exemple (18). Cette folie du bouton est simultanée de celle des rubans, dans un contexte d’augmentation de la demande générale de vêtements et de diversification des étoffes, des matériaux les constituant, des modes de tissage et d’impression. L’augmentation des revenus dans les campagnes, en rapport avec la révolution agricole, en est la principale raison. On peut dire que la mode, phénomène relevant des représentations et de la culture, est à l’origine d’une si forte demande adressée aux manufactures de textile et aux artisans spécialisés dans les accessoires, qu’elle a constitué un remarquable stimulant de l’innovation technologique et donc un accélérateur de la révolution industrielle. Il n’y a pas lieu de s’en étonner, puisque toutes les révolutions technologiques ont une origine culturelle. C’est le cas, par exemple, de l’avènement du Néolithique dans le Croissant Fertile qui a été précédé d’une révolution religieuse, le culte du taureau et celui des déesses-mères (19), symbolisant la compréhension de la vie et le désir de participer activement à sa transmission et à son foisonnement.
Le rôle de la demande sur la révolution industrielle est bien connu pour l’industrie textile, mais peu étudié pour les boutons. A la fin du XVIIIe siècle, l’essor de la navigation et du commerce transcontinental permet l’arrivée en Europe de ces grands coquillages nacrés des mers du Sud. D’abord simples objets rares destinés aux cabinets de curiosité ou à servir de bénitiers dans les églises, ils deviennent si communs que l’on imagine d’en faire des boutons confectionnés à la machine. C’est en 1828 que cette industrie se développe en France dans la région de Méru dans l’Oise où l’on visite aujourd’hui un musée de la nacre et de la tabletterie (dominos, éventails, jumelles, broches, etc.). En Angleterre, le passage de l’artisanat à l’industrie du bouton revient à Matthew Boulton (1728-1809) qui fabrique des boutons de diverses catégories dont les plus raffinés sont formés d’un socle en métal surmonté d’un décor en porcelaine de Wedgwood.
À la fin du XIXe siècle, un matériau nouveau parvient en Europe, le tagua ou corozo, tiré du fruit du palmier à ivoire, nom donné à diverses espèces du genre Phytelephas (éléphant végétal) parmi lesquelles Phytelephas macrocarpa (20). Originaire des forêts équatoriales d’Amérique du sud, il est depuis longtemps utilisé par les Indiens pour confectionner des bijoux, ce sont les Allemands qui découvrent l’intérêt de l’ivoire végétal dans la fabrication des boutons en 1865, à l’occasion d’une cargaison chargée à Esmeraldas en Équateur et débarquée en 1865 à Hambourg. L’Équateur demeure aujourd’hui l’un des premiers producteurs de ce matériau (100 000 tonnes) qui est un substitut de l’ivoire (pour recouvrir les touches de piano, par exemple), mais dont une infime partie est exportée à destination des fabricants de boutons .
Au XXe siècle, les matériaux traditionnels destinés à la fabrication des boutons seront remplacés par la bakélite, puis des matières plastiques les imitant plus ou moins bien ou permettant des fantaisies tout à fait nouvelles, tant dans les couleurs que les formes.
Pour achever cette fresque incomplète à travers l’espace et le temps, il faut évoquer la diffusion actuelle du vêtement boutonné à travers la terre entière, en particulier la chemise masculine et le chemisier féminin. En dehors du T-shirt (ou marinière) et du pull-over, les vêtements traditionnels enfilés sont entrés dans la sphère folklorique ou cérémonielle. Le dernier vêtement drapé à demeurer populaire est le sari, mais résistera-t-il à la croissance économique du subcontinent indien ? Il y a fort à parier qu’il subira le même sort que le kimono japonais qui n’est plus guère porté que par les femmes âgées ou à l’occasion de cérémonies familiales ou calendaires. Devenu ubiquiste, le bouton ne pourra bientôt plus faire l’objet d’une géographie.
Dans le même temps, il est battu en brèche par des fermetures plus commodes. En 1885-86, le bouton-pression est simultanément inventé dans trois pays d’Europe : par Bertel Sanders en Danemark, par Herbert Bauer en Allemagne et par Albert-Pierre Raymond à Grenoble. Ce dernier avait déjà inventé dès 1865 le bouton métallique à rivet, beaucoup plus résistant que le bouton cousu, à la condition que le support textile le soit lui-même (21). Grenoble étant avec Millau l’une des capitales françaises des gants, Raymond avait imaginé de les munir d’un bouton pression pour faciliter leur fermeture et leur ouverture. Le bouton à rivet séduira les fabricants de jeans, ce pantalon de toile créé en 1853 à San Francisco par un certain Levi Strauss et qui est en passe de devenir universel (22). D’abord cousu, le bouton-pression a bénéficié de la technique du rivet et l’a totalement adoptée. Le véritable concurrent du bouton est la fermeture à glissière, dite aussi à crémaillère, tirette en Belgique, zip dans les pays anglo-saxons. Elle a été inventée aux Etats-Unis par Gideon Sundbäck en 1914. Le nom de fermeture-éclair est breveté ; il désigne une marque déposée par la Société Éclair Prestil SN. Le plus récent mode de fermeture concurrent du bouton est le velcro, qui utilise les propriétés agrippantes de certains textiles synthétiques.
Le lecteur qui aura eu la patience de parvenir jusqu’à cette conclusion est en droit de s’étonner qu’il soit si peu question des « boutons de culotte » qui ont suscité ce texte. C’est tout simplement que les culottes ou les pantalons en comportent peu : trois ou quatre en général, à l’emplacement de la braguette, lorsqu’ils ne sont pas remplacés par une fermeture éclair. Ils en ont perdu entre 4 et 8 depuis que les bretelles sont devenues un accessoire rare –encore un marqueur social- remplacé par les ceintures, sauf dans le cas de la lederhose, la culotte de peau bavaroise qui est d’ailleurs à pont et non à braguette, par conséquent fermée de deux boutons seulement sur le devant. Avant même de disparaître, leur attache par un passant à des boutons avait d’ailleurs été remplacée par un système à pression, comparable à celui des porte-jarretelles.
« Bouton de culotte » est devenu une expression plaisante pour désigner un objet de peu, par exemple un petit fromage du Mâconnais. Jadis, à la messe, les pingres déposaient de vrais boutons de culotte dans les bourses, aumônières ou corbeilles de quête. La modestie de leur usage et de leur destin n’a eu longtemps d’équivalent que leur caractère indispensable pour assurer la fermeture ou le maintien des vêtements. On sait le rôle majeur que ces menus accessoires jouent dans La guerre des boutons, le célèbre roman de Louis Pergaud publié en 1912. C’était alors l’apogée du bouton, qu’il soit de culotte ou d’autre vêtement. Les temps changent et le bouton terminera peut-être sa longue histoire dans les vitrines des musées. Signe inquiétant : une phobie du bouton, la fibulanophobie, a même été recensée parmi les troubles psychologiques de notre époque ! Imaginons un instant qu’elle soit contagieuse. Je ne souhaite pas à Claude Bataillon de la contracter !
Notes :
1. Pitte Jean-Robert (dir.), 1995, Géographie historique et culturelle de l’Europe. Mélanges offerts à Xavier de Planhol, Paris, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 423 p.
2. Bataillon Claude, 1998, « Une géographie historique et culturelle », L’Espace géographique, Tome 27, n°3, p. 287-288.
3. Prévôt-Schapira M.-F. et Rivière d’Arc H. (dir.), 2001, Les territoires de l’État-nation en Amérique latine. À Claude Bataillon, Paris, IHEAL éditions. Les textes rassemblés dans ces mélanges évoquent, d’ailleurs, des sujets extrêmement variés tels que le développement, les découpages territoriaux, les identités, les pouvoirs, les mobilités… C’est ce que remarque Sébastien Velut qui aurait souhaité que ces contributions soient davantage en rapport avec les propres travaux de Claude Bataillon et forment un ensemble plus homogène. Cf. Sébastien Velut, 2003, « Un hommage à Claude Bataillon », L’Espace géographique, 3, p. 282-283. Gageons que, même si le volume n’est pas totalement conforme à son idéal, Claude Bataillon a tout de même accepté avec plaisir l’hommage de ses amis.
4. Labrot J. et Rondel G., 2001, Les boutons au Moyen Âge, Moyen Âge, 25, p. 44-47. Je dois cette référence à Martine Tabeaud.
5. Ce qui suit provient du Trésor de la Langue française.
6. Labrot J. et G. Rondel, op. cit., p. 45.
7. Ibid.
8. Pastoureau Michel, 1991, L’étoffe du diable, Paris Seuil.
9. À l’exception des chevaliers revêtant leur armure ou des souverains leur habit de cérémonie.
10. http://www.twikeo.com/pourquoi-les-chemises-d-hommes...
11. Il existe sur ces boutons précieux une très abondante bibliographie essentiellement destinée aux collectionneurs. Voici quelques titres : Fink Nancy and Ditzler Maryalice, 1994, Buttons: The collector’s Guide to Selecting, Restoring and Enjoying New and Vintage Buttons, Londres, Quintet Publishing, 1994, Epstein Diana, 1996, Le petit livre des boutons, Paris, Jeu d’Aujourd’hui, Primrose Peacock, Discovering old buttons, Princes Risborough, Shire books, 1996, Meredith Allan and Gillian, Cuddeford Michael J., 1997, Identifying buttons, Chelmsford, Mount Publications, Loïc Allio, 2001, Boutons, Paris, Seuil. Boutons, phénomène artistique, historique et culturel, catalogue d’exposition, Paris, Fondation Mona Bismarck, 2010.
12. On connaît, par exemple, une série de boutons ornés d’une aquarelle sous verre représentant les barrières du mur des Fermiers Généraux de Paris. Yvette Chupin, Boutons à visage découvert, Aladin, mars 2002, pp. 40-43. Certains boutons présentés dans cet article destiné aux collectionneurs sont estimés à plusieurs centaines d’euros pièce !
13. http://www.monabismarck.org/index_fr.html, p. 2.
14. 1e édition, Tome 2, 1751, p. 382-385.
15. Les réguliers portent des robes ou coules de facture archaïque qui se passent par la tête, comme d’ailleurs les vêtements liturgiques de tous les clercs : aube, rochet, chasuble, camail. La chape portée lors de certaines cérémonies, à plus forte raison la cappa magna des évêques et cardinaux, est jetée sur les épaules et est maintenue par un fermail unique. Les prêtres séculiers ont d’ailleurs toujours été autorisés à s’adapter aux modes de leur époque et du pays dans lequel ils vivent. En Europe occidentale, la plupart des prêtres catholiques ont adopté la chemise et le costume, avec ou sans cravate. La recommandation du col romain fait l’objet d’un suivi très variable. Néanmoins la soutane à boutons demeure davantage portée en Italie qu’ailleurs, peut-être en raison de la proximité de Rome.
16. Le caban est son pendant court et dépourvu de capuche. Il est pratique pour les pêcheurs et les skippers, mais se ferme avec de gros boutons plats à trous qui exigent de quitter les gants.
17. Lethuillier Jean-Pierre (dir.), 2009, Les costumes régionaux entre mémoire et histoire, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009.
18. Ibid. Voir photo d’une veste de 1828, pl. couleurs I.
19. Cauvin Jacques, 1994, Naissance de l’agriculture, naissance des divinités. La révolution des symboles au Néolithique, Paris, CNRS-Editions.
20. Je remercie Micheline Hotyat de m’avoir éclairé sur cet arbre et sur les usages que l’on fait de ses fruits.
21. L’entreprise A. Reymond existe toujours et a diversifié ses activités. Un musée de ses fabrications peut être visité à Grenoble (Arhome Musée).
22. Marsh Graham et Trynka Paul, 2002, Denim : l’épopée illustrée d’un tissu de légende, Paris, éditions du collectionneur. Comme dans tant d’autres domaines de la culture, le jeans a pu pendant un temps être de facture stéréotypée. Depuis une trentaine d’années, il s’est extraordinairement diversifié, voire personnalisé grâce aux modèles innombrables fabriqués partout dans le monde, à l’usure naturelle ou artificielle, apparente dans la couleur du tissu et dans la taille et dans le nombre, la taille et la répartition des trous qui font de chaque pantalon un vêtement unique.