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n°3 novembre 2013 : La forêt et ses marges. Autour de la biogéographie historique : outils, résultats, enjeux:

Redécouvrir le saltus : l’exemple des pâquis lorrains

Alexandre Verdier


Par Alexandre Verdier, Professeur agrégé de géographie, laboratoire LOTERR EA 1135.



Résumé : Dans un contexte de protection de la biodiversité, les enjeux autour de la conservation et de la gestion des milieux ouverts hérités des anciens saltus se multiplient. En Lorraine, la patrimonialisation des pelouses calcaires en est un bon exemple. La place de l’homme dans ces milieux longtemps perçus comme « naturels » est aujourd’hui réévaluée. En effet, les pelouses calcaires lorraines correspondent à d’anciens pâturages communaux nommés « pâquis ». Ce saltus lorrain, souvent méconnu, jouait un rôle non négligeable dans les systèmes agraires lorrains traditionnels. En tenant compte de ces enjeux, cette contribution souhaite répondre à un double objectif. D’une part, mieux comprendre, grâce aux cartes et plans d’Ancien Régime et aux archives communales, les pratiques anciennes qui ont façonné ces milieux aujourd’hui protégés. D’autre part, identifier les causes de la marginalisation et de la régression progressive du saltus lorrain à partir de la fin du XVIIIème siècle. Dans le cadre de ce travail, une première tentative d’intégration dans un SIG du plan-terrier de l’abbaye de Gorze a été effectuée.



Mots clefs : pâquis, saltus pelouse calcaire, Lorraine, géographie historique



Abstract : In a context of biodiversity’s protection, stakes around conservation and management of open environments inherited from former saltus is multiplying. In Lorraine (France) the calcareous grasslands’ heritage preservation is a good example. The man’s place in these environments, a long time seen as "natural", is today re-evaluated. In fact, lorrainer calcareous grasslands correspond with former common pastures named « pâquis ». This lorrainer saltus, often unrecognized, played a not insignificant role in lorrainer traditional farming systems. Taking into account these stakes, this contribution wishes to fulfil a double objective. On the one hand understand, through Ancien Régime’s maps and plans and municipal archives, the old practices that have shaped these today protected environments. On the other hand to identify the causes of saltus lorrain’s marginalization and gradual regression from the end of the 18th century. Within the content of that work, a first trial of incorporating the Gorze abbey plan terrier in a GIS has been carried out.



Key words :  pâquis, saltus, calcareous grassland, Lorraine, historical geography



Le saltus est incontestablement l’élément le moins étudié de la trilogie rurale « ager-saltus-silva ». Cantonné aux marges de l’espace agraire, il occupe également une place marginale dans les études de géographie historique portant sur les paysages anciens. Pourtant, les enjeux actuels de gestion et de conservation des milieux ouverts invitent à redécouvrir le saltus. Étudier le cas lorrain peut sembler étonnant, dans la mesure où les paysages ruraux de cette région ont été façonnés par un système agraire, l’openfield, plutôt défavorable au saltus. Cependant, l’étude des cartes et plans d’Ancien Régime révèle l’existence d’un élément souvent méconnu des paysages ruraux de cette région : les pâquis. Ces pâturages communaux, fréquents jusqu’à la fin du XVIIIème siècle, ont connu par la suite une importante régression au point de disparaître quasi-totalement des paysages lorrains. Au XVIIIème siècle, le plan-terrier de l’abbaye de Gorze est une source incontournable pour étudier les paysages et l’occupation du sol en Lorraine d’autant plus qu’il peut être intégré à un logiciel de SIG (Système d’Information Géographique). En effet, la géomatique permet de renouveler les questions, classiques en géographie historique, de reconstitution paysagère et d’évolution de l’occupation du sol. Actuellement, les portions de pâquis restantes font l’objet d’une protection et d’une gestion qui interrogent la géographie historique.



Document 1 : Cartes de localisation de la Lorraine et du pays de Gorze (Réalisation : A.Verdier).





I- Le saltus, un espace flou et méconnu



A. Le saltus : éléments de définition



Durant l’Antiquité le droit romain divisait l’espace rural en deux parties. L’ager désignait l’espace approprié et régulièrement cultivé, tandis que le saltus correspondait aux espaces communautaires – mêlant clairières et forêts plus denses - parcourus par le bétail. Dans leurs écrits les agronomes romains (Varron, Columelle) distinguent plus nettement la silva exploitée pour ses ressources en bois du saltus pâturé. Influencés par la littérature antique, les géographes et les historiens ruralistes reprennent les idées des agronomes romains et conceptualisent la trilogie rurale « ager-saltus-silva » (Poux, 2009). Le saltus des ruralistes se confond alors bien souvent avec l’espace pastoral (les définitions données par les différents dictionnaires de géographie vont dans ce sens).



Les termes friche et inculte sont aujourd’hui fréquemment utilisés en remplacement (ou traduction) du mot saltus sans pour autant lui être totalement substituables. Même si la frontière n’est pas toujours nette, le saltus n’est pas une friche. Cette dernière est synonyme d’abandon, de déprise, tandis que le saltus est pleinement intégré aux systèmes agraires, c’est une « friche productive » (Dérioz, 1994). Le terme d’inculte paraît lui aussi inapproprié. Le saltus est un espace ressource exploité par les ruraux principalement via le pastoralisme mais pas uniquement (chasse, cueillette, cultures temporaires). La vision binaire de l’espace rural consistant à opposer l’inculte et le cultivé, héritée du discours des physiocrates, est bien souvent inopérante sur le terrain. Ainsi, il semble que l’usage du concept de saltus demeure pertinent pour étudier les terres floues, à mi-chemin entre la forêt et l’espace cultivé, de l’espace rural.



Il n’en reste pas moins qu’un certain flou, pour ne pas dire une certaine imprécision, demeure concernant une définition du saltus. La lecture de la littérature portant sur le sujet permet cependant de retenir trois critères essentiels. Tout d’abord, un critère paysager : le saltus est un milieu ouvert qui s’oppose aux forêts et aux bois. Un critère écologique : le saltus est un écosystème, généralement appauvri (milieu oligotrophe), issu de la dégradation anthropique (défrichement par le feu, prélèvements). Les processus naturels sont toujours à l’œuvre, la végétation du saltus n’a donc pas besoin d’apports extérieurs pour se développer. Enfin, un critère social : le saltus est un espace approprié, exploité (usage pastoral principalement) et donc profondément anthropisé.



B. Un espace flou et peu étudié



Le saltus est un objet globalement peu étudié, tant en géographie historique qu’en histoire. Tandis que la forêt a fait l’objet d’études approfondies ces dernières décennies dans le contexte du développement de l’histoire de l’environnement et de la biogéographie historique, le saltus est quant à lui resté dans l’angle-mort de la recherche sur les paysages ruraux. Il faut dire que le saltus est un espace flou, difficile à cerner. Il rassemble une grande variété de formations végétales et de paysages. En effet, selon G.Bertrand, le saltus regroupe « les landes des régions océaniques et des moyennes montagnes, pelouses de montagne, maquis et garrigues des milieux méditerranéen. […] friches, et vieilles jachères et l’ensemble des terrains vagues » (Bertrand, 1975). Cette énumération donne du saltus l’image d’une catégorie « fourre-tout ».



Par ailleurs, le saltus est difficile à délimiter car il correspond bien souvent à un écotone, c’est-à-dire un espace de transition, entre agrosystème et sylvosystème. C’est surtout la limite saltus-silva qui pose problème puisque toute tentative de délimitation se heurte au problème de définition de la forêt. Historiquement celle-ci est pendant une longue période un prolongement naturel du saltus pour les sociétés rurales (Moriceau, 2005). En outre, le saltus est un espace fluctuant, rarement stabilisé. Toute étude sur le saltus doit donc tenir compte des dynamiques, dans la mesure où celui-ci est soumis aux fluctuations de l’ager et de la forêt. Il progresse au détriment de l’ager lors des phases de déprise agraire, ou des forêts sous la pression du pastoralisme. Au XIXème siècle, en France, le saltus recule fortement sous les coups conjugués de la mise en culture et des reboisements. Enfin, toute étude de géographie historique est tributaire des sources disponibles. Or pour le saltus, ces dernières sont peu nombreuses et souvent dispersées. Il est donc difficile pour les chercheurs d’étudier le saltus car « c’est aborder un thème où s’effacent les certitudes» (Husson, 1999). En Lorraine, les archives concernant le saltus sont plus nombreuses lorsque celui-ci disparaît (mise en culture, et reboisement).



Toutefois, des études anciennes ont porté sur le saltus dans les régions où il couvrait (ou couvre encore) des superficies considérables. P.Flatrès a montré l’importance de la lande dans les systèmes agraires celtiques. De même, le matorral méditerranéen a fait l’objet de nombreuses études, on peut notamment citer les travaux d’A.Billange sur la garrigue languedocienne. Plus récemment la recherche en histoire  semble s’intéresser davantage à l’inculte et aux marges. On peut citer la thèse de S.Olivier sur « l’inculte » en Lodévois (Olivier, 2012). En 2011, un colloque portant sur les usages de l’inculte de l’Antiquité à nos jours, s’est tenu à Liessies dans le Nord (Beck et al., 2013).



C. Un élément incontournable des paysages anciens



Il n’en demeure pas moins que le saltus reste un élément incontournable des paysages anciens. La nécessité pour les sociétés agraires traditionnelles de faire cohabiter l’élevage et les cultures (équilibre agro-pastoral) explique la présence du saltus dans les finages. Les archives de la fin du XVIIIème et les cadastres du début du XIXème témoignent  en effet de l’importance des communaux et des terrains vagues. Dans la plupart des régions, le maintien du pastoralisme dépendait de l’existence d’un saltus. Souvent relégué dans les périphéries des finages, il n’était toutefois pas marginal au sein des systèmes agraires. Concernant la localisation du saltus au sein des finages, plusieurs configurations sont possibles.



Document 2 : Les différentes configurations du saltus (Réalisation, A.Verdier)





 



Le modèle aérolaire est généralement associé à une topographie plane (plaines, plateaux). La forêt occupe les périphéries et matérialise les limites du finage. Le saltus fait alors office d’espace de transition entre l’ager et la silva. L’intensification agricole a généralement profondément modifié le contact ager-silva en faisant disparaître le saltus. Le modèle d’infield-outfield est associé au système agraire du même nom qui oppose les « terres chaudes » amendées et régulièrement cultivées et les « terres froides » vouées au pacage des troupeaux et aux cultures temporaires (sartage). Dans cette configuration, l’ager est morcelé en îlots au sein d’une étendue plus ou moins vaste de saltus. Enfin, dans le modèle montagnard, l’étagement  lié au relief s’ajoute au dégradé centre/périphérie. Le saltus qui occupe les sommets correspond aux alpages et autres estives.



Cependant, il est vrai que selon les systèmes agraires l’importance du saltus varie. Incontournable dans le midi de la France ou en Bretagne, le saltus était plus discret dans un large quart nord-est du pays dominé par le système agraire d’openfield à assolement triennal.



II- Paysages et usages du saltus lorrain au XVIIIème siècle



A. Quelles sources pour étudier le saltus lorrain au XVIIIème?



En Lorraine le saltus correspond aux pâquis. Ces pâturages communaux sont malheureusement peu présents dans les archives écrites, même si les archives communales donnent parfois quelques précisions sur les usages dont ce saltus faisait l’objet.



En conséquence, les plans anciens et notamment les plans-terriers sont essentiels pour étudier le saltus (Brunel et al., 2010). Ce type de source a fait l’objet d’études récentes en histoire. Le remarquable travail de reconstitution paysagère entrepris par A. Antoine dans l’ouest de la France est une référence en la matière (Antoine, 2002). Les géographes ont plus rarement utilisé ces plans d’Ancien Régime, se contentant souvent du cadastre dit « napoléonien ». Toutefois, la cartographie seigneuriale est une source originale. A mi-chemin entre le dessin et le cadastre, les plans-terriers offrent des représentations du paysage très intéressantes pour la géographie historique. D’autre part, certains plans-terriers peuvent être digitalisés et intégrés à un SIG (Système d’Information Géographique) ce qui permet de reconstituer l’occupation du sol au XVIIIème (Cousins, 2001). Toutefois, comme toute carte, ce genre de source doit être étudié avec précaution (Antoine, 2002).  Le plan-terrier sert avant tout à exposer les droits d’un seigneur sur la terre en faisant ressortir ses possessions et les différentes redevances qui lui reviennent, la représentation du paysage est secondaire.



En Lorraine, le plan-terrier de l’abbaye de Gorze est une source remarquable pour étudier le saltus. Réalisés entre 1746 et 1749, les plans du terrier du Gorze correspondent à la génération des plans géométriques réalisés par arpentage. Une cinquantaine de communes du Plateau lorrain (région du Saulnois, au nord-est de Nancy) et du Pays-Haut (région de Gorze et de Jarny) sont représentées intégralement ou partiellement dans le terrier. Chaque plan est accompagné d’une « clef » faisant office d’état de section et précisant pour les parcelles numérotées la nature, le ou les propriétaires et la superficie.



Dans le spectacle de la campagne, Dupain de Montesson insiste sur le fait  que l’auteur  des plans d’un terrier doit s’efforcer d’imiter la nature en usant de « signes qui parlent aux yeux » (Dupain de Montesson, 1776, cité dans Antoine, 2002). Ainsi, les pâquis, communaux ou non, sont aisément identifiables et distinguables d’une autre catégorie d’usage du sol assez proche : les prés. Contrairement à ces derniers, les pâquis sont représentés avec des herbes folles, une végétation buissonnante voire des arbres isolés. Cette irrégularité indique que les pâquis sont moins entretenus, plus « sauvages ». La teinte de l’herbe verte pâle tendant parfois vers le jaune contraste avec le vert vif des prés et suggère une qualité des herbages des pâquis moindre. Les archives écrites et notamment l’ « enquête générale sur les biens des communautés dans le Duché de Lorraine » confirment cette impression. La commune d’Arry, par exemple, décrit ses pâquis communaux comme étant envahis « de bruyères, de buissons et d’épines » (ADMM (1) B11716).



B. La part du saltus dans les paysages lorrains d’Ancien Régime



Les plans du terrier de Gorze permettent d’évaluer la superficie des pâquis et leur localisation au sein des finages. On constate que le pâquis est un élément paysager ordinaire des campagnes lorraines du milieu du XVIIIème siècle. A la veille de la Révolution, sur le territoire du futur département de la Meurthe, seulement 8% des communes sont mal pourvues ou dépourvues de pâquis (Lacoste, 1953). Sur une écrasante majorité des bans représentés dans le terrier de Gorze, des pâquis sont localisés. Ils n’occupent en moyenne que 5% de la superficie totale du finage. Le saltus n’est donc pas ici « envahissant » mais occupe une place non négligeable. Cependant, les proportions sont variables selon les paroisses. Les communautés du Pays-Haut sont généralement mieux dotées (entre 7 et 10% de la superficie totale du finage dans la région de Jarny) que les autres paroisses. De même les quelques communes viticoles de la côte de Moselle représentées dans le terrier disposent souvent d’une superficie considérable de pâquis (203 ha à Novéant-sur-Moselle soit 14% du finage). En revanche, pour la plupart des communes du Plateau lorrain les pâquis sont résiduels et occupent moins de 2% du finage. Dans ce cas, la communauté ne dispose que d’un ou deux pâquis de petite taille.



Concernant la localisation des pâquis au sein des finages, les situations sont assez variées. Les pâquis occupent généralement les terroirs trop contraignants pour la mise en culture (pente, fond de vallée inondable, médiocrité du sol) mais également les terres trop éloignées du centre. Au-delà de cette constatation, il est possible de dresser une typologie des pâquis selon leur localisation. Tout d’abord, un nombre important de pâquis sont situés en lisière des bois (souvent communaux). Dans cette configuration, ces pâquis appartiennent à la gamme des paysages flous, de transition entre l’ager et la silva. Ils sont souvent décrits comme envahis par une végétation buissonnante proche de la rapaille. Ce terme désigne un bois dégradé par les visites régulières du bétail et encore une décapitalisation des bois suite à des prélèvements excédant la croissance.



Document 3 : Pâquis et broussailles à Arracourt. (ADM (2) H759).





Dans bien des cas, les pâquis correspondent à un front de défrichement et forment une lisière parfois exagérément élargie. Le dégradé terres novales/pâquis/bois témoigne de cette dynamique de reconquête.



Document 4 : Les pâquis de Labry (ADM H760). La communauté de Labry dispose d’un vaste pâquis (numéro 8) situé en lisière des bois. La toponymie, « pâquis du bois juré », évoque un défrichement récent. Les parcelles en jaune représentent les terres « novales », c’est-à-dire défrichées depuis moins de 40 ans.





 



 



De nombreux pâquis sont également localisés dans les fonds de vallée impropres aux cultures faute de drainage. Mais ici, pâquis et prés de fauche se mêlent. En effet, les prairies naturelles des fonds de vallée constituaient l’essentiel des ressources en fourrage. Cependant, deux différences essentielles opposent les pâquis aux prés. Premièrement la propriété, les prés appartiennent à des particuliers tandis que les pâquis sont des biens communaux exploités collectivement. Deuxièmement l’usage, les prés sont soigneusement entretenus (nivellement, arrachage des plantes néfastes pour le bétail, et même irrigation dans les Vosges) et servent avant tout à produire du foin, tandis que l’herbe des pâquis est consommée sur place par le bétail. Les terres situées sur les hauteurs sèches des cuestas et des buttes-témoins sont également en nature de pâquis. Les conditions stationnelles défavorables (sol trop mince, et réserve en eau insuffisante) et le relief rendent la mise en culture difficile. Toutefois, ces paysages ouverts ne sont pas naturels et résultent d’un défrichement de la hêtraie calcicole climacique. Les recherches archéologiques dans la vallée de la Moselle, dans le secteur d’Arnaville et Novéant-sur-Moselle, ont permis la découverte de grottes sépulcrales et d’outils datant de l’âge du fer. Ces hauteurs sèches n’ont donc vraisemblablement pas toujours été répulsives. Le dernier type de pâquis correspond à des terres labourables converties en pâquis. Le cas est plus rare même si plusieurs localités sont concernées (Aumetz, Hannonville, Jeandelaincourt, Ville-sur-Yron etc…). Pour ces pâquis la clef du plan précise généralement que « des royes et marques de sillons sont encore apparentes et se distinguent aisément ». La mention des micro-reliefs hérités des labours a bien sûr pour objectif de rappeler et démontrer que ces terres furent autrefois cultivées. De sorte que si la communauté souhaite les cultiver à nouveau, elle devra s’acquitter de la « grosse » dîme et non de la dîme « novale ». Ces terrains « délaissés en pâquis » constituent une réserve de terre pour la communauté. La frontière entre friche et saltus est ici très mince. En effet, de nombreuses terres en friche sont réintégrées au système agraire sous forme de saltus pour être par la suite, lorsque les besoins s’en font sentir, à nouveau cultivées.



Document 5 : Une périphérie mal maîtrisée à Bruville (ADM H761). Les anciennes terres labourables délaissées en friches sont représentées envahies de broussailles. Sur ce plan, les friches sont nettement distinguées des pâquis (numéros 8, 9 et 10 sur le plan). Les terres novales en jaune témoignent d’un début de remise en ordre de cette partie du finage.





C. Les usages du saltus lorrain



S’interroger sur les usages du saltus conduit à se poser la question plus large de la place de l’élevage – un « mal nécessaire » selon les physiocrates – dans un système agraire éminemment céréalier comme l’openfield. X. de Planhol avait démontré que la mise en place du système agraire d’openfield au Moyen-Age résulte de la réduction des terrains susceptibles d’être parcourus par le bétail, c’est-à-dire du saltus (Planhol de, 1959). Toutefois, l’introduction du troupeau sur l’ager après les récoltes (vaine pâture) et sur la sole en jachère (ou versaine) ne peut suffire à nourrir le bétail du village regroupé sous la houlette du berger communal. En outre, au cours du XVIIIème siècle, les forêts lorraines se ferment progressivement au pâturage (Husson, 1987) et les propriétaires des prés de fauche tentent de se réserver le regain ou « surpoil » (édits de clôture dans le Duché de Lorraine et les Trois-Evêchés en 1767-1768). Durant la période de soudure dite des « neuf semaines », qui dure en vérité 13 ou 14 semaines de la fin mars au début du mois de juillet, l’herbe des pâquis est une ressource essentielle pour le troupeau communal (Lacoste, 1953). En effet, au sortir de l’hiver, les réserves de fourrage sont épuisées, deux soles sont mises en défens car ensemencées et la sole en jachère n’est plus praticable car labourée en vue de l’ensemencement des céréales d’automne. Enfin, les prés sont fermés au bétail jusqu’à la fenaison. Dans les communes ne disposant pas d’un vaste saltus d’un seul tenant, les parcelles de pâquis sont desservies et reliées entre elles par des chemins (ou « passées », chemins créés par le passage régulier du bétail). Le  berger communal peut ainsi mener le troupeau d’un pâquis à l’autre sans traverser les champs ensemencés et les prés en défens.



Document 6 : Petites parcelles de pâquis (numéros 8, 9, 10,11) reliées par des chemins (Hanonville, ADM H761). Les terres labourables du ban d’Hanonville sont « lavées couleur d’ardoise ». En rouge, les terres du ban voisin de Suzémont « enclavées dans le ban dudit Hanonville ». En vert, les prés du ban d’Hanonville.





Les pâquis sont donc avant tout réservés pour le parcours du bétail. Edits et ordonnances rappellent que pour les pâquis, et plus largement les communaux en nature de pâturage, l’usage pastoral est prioritaire. Pourtant dans la pratique les cas de défrichements ou anticipations de pâquis sont nombreux dans la seconde moitié du XVIIIème. Les archives communales de Novéant-sur-Moselle en témoignent. La communauté de ce village de vigneron des côtes de Moselle dispose d’importantes superficies de pâquis sur les hauteurs du Rudemont et de la Fraze. A plusieurs reprises (1754, 1762, 1764), les autorités de la commune constatent que des particuliers possédant des terrains (des parcelles de vigne) aboutissant sur les pâquis communaux en ont défriché une partie. Toutefois, les autorités constatent que ces anticipations ne sont pas nuisibles au pâturage du bétail et se contentent d’assencer ces terres à ceux qui les ont défrichées (ADM, 519ED). A l’inverse, certains cas de défrichements sont condamnés car jugés nuisibles au pâturage. En 1775, la maîtrise royale des Eaux et Forêts de Metz condamne les importants défrichements des hauteurs de Novéant car les pâtres, faute de pâturage, conduisent les troupeaux dans les bois. Elle rappelle que ces défrichements « sont expressément défendus par l’ordonnance de 1669 concernant les eaux et forêts » et ordonne de « remettre les côtes du Rudemont et celle de Novéant en leur ancienne nature et ce faisant de les ressemer de fleur de foin ». Grâce à l’exemple de Novéant, on comprend que si en théorie les pâquis communaux doivent être utilisés en priorité pour le pâturage, en pratique la situation est plus complexe. En effet, les autorités locales oscillent entre légalisation des anticipations, intéressantes financièrement et inévitables dans un contexte de croissance démographique, et préservation d’un saltus vital pour le maintien du pastoralisme.



Les archives communales montrent que d’autres usages, secondaires, concernent les pâquis lorrains. La pratique des cultures temporaires est avérée à Novéant où les pâquis étaient « de temps en temps convertis en terres labourables par portions de communauté » (ADM, 519ED). Plus largement, le saltus est un espace ressource pour la communauté. Au XIXème siècle, un agent forestier explique dans un rapport que les terrains communaux des collines du département de la Moselle « se détériorent à cause des enlèvements de gazons, terres, pierres » (ADM 1O107). Les prélèvements étaient nombreux dans le saltus, entretenant ainsi la pauvreté des milieux.



III- Les enjeux de conservation et de gestion du saltus lorrain éclairés par la géographie historique



A. Deux siècles de réduction du saltus en Lorraine



De la fin du XVIIIème à la fin du XXème le saltus lorrain enregistre un recul important et continu. Il est possible d’évaluer, grâce à la géomatique, la régression des pâquis entre le milieu du XVIIIème et le XIXème siècle en comparant, pour une commune donnée, le plan-terrier de Gorze et le cadastre « napoléonien ». Nous avons tenté de le faire avec Arnaville, une commune des côtes de Moselle voisine de celle de Novéant. L’intégration d’un plan ancien dans un SIG comprend deux étapes essentielles :




  • Tout d’abord, le géoréférencement des plans en utilisant des documents déjà géoréférencés (BD parcellaire et Scan 25).


  • Puis, l’étape de la digitalisation qui consiste à créer des entités correspondant aux parcelles ou groupes de parcelles (pour le plan-terrier) représentés sur les plans. Pour chaque entité est attribué un type d’occupation du sol (vigne, pâquis, terre labourable, etc…).



Ainsi, on obtient deux cartes d’occupation du sol à deux époques différentes (1748 pour le plan-terrier, et 1826 pour le cadastre).



Document 7 : L’occupation du sol à Arnaville en 1748 (d’après le plan-terrier de l’abbaye de Gorze, ADM H 758). Réalisation : A.Verdier.





Document 8 : L’occupation du sol à Arnaville en 1826 (d’après le cadastre napoléonien, ADMM). Réalisation : A.Verdier.





Entre 1748 et 1826, on observe une intensification de la mise en valeur du territoire communale. Vignes et vergers progressent tandis que les bois régressent. Concernant les pâquis, on n’enregistre pas une véritable régression mais plutôt une redistribution de celui-ci. Le sommet du Rudemont a été partagé et converti en terres labourables. Le pâquis des Quarailles, enclavé en 1748 dans le bois du même nom, disparaît en 1826. Les archives communales nous apprennent que ce pâquis a été soumis forestier dès 1817 en vue d’être reboisé (ADMM WO705). En revanche, une large partie du bois communal des Quarailles, correspondant à la côte Varenne, a été défrichée, laissant la place à une vaste pâture communale de 15 ha.



Document 9 : Évolution de l’occupation du sol entre 1748 et 1826 à Arnaville (progression en %).





L’exemple d’Arnaville laisse entrevoir deux tendances concernant la mise en valeur des pâquis communaux. D’une part, une tendance à la mise en valeur des pâquis par partage ou aliénation. D’autre part, des tentatives de reboisement, nombreuses dans la seconde moitié du XIXème siècle. En effet, dès la fin du XVIIIème siècle, l’offensive des agronomes contre les pratiques collectives se traduit en Lorraine par une remise en cause de l’existence des pâquis communaux. A la veille de la Révolution, les élites lorraines reprennent les idées des agronomes et estiment que les pâquis sont des terres négligées à mettre en valeur (Rothiot, 2006).L’openfield lorrain entre en crise, la progression des productions est insuffisante pour répondre aux besoins d’une population croissante. Dans bien des communes, les manouvriers, poussés par la « faim de terres », réclament le partage des pâquis communaux. La conjonction de ces différents facteurs explique que les partages de communaux furent particulièrement précoces en Lorraine (Vivier, 1998). Avant la loi du 10 juin 1793 sur le partage des communaux, au moins un quart des communes du futur département de la Meurthe ont effectué des divisions partielles ou totales de leurs pâquis (Lacoste, 1953). Cette première vague de partage touche avant tout les pâquis localisés sur les bons terroirs de la plaine liasique. Les tentatives de partage et de mise en culture sont plus tardives sur les terroirs les moins favorables, souvent postérieures à la réalisation du cadastre dit « napoléonien », mais également plus aléatoires. En 1832, la commune de Novéant, souhaite mettre en culture l’ensemble de ses « côtes », c’est-à-dire les parties hautes de son finage, et attribuer une portion de pâquis à cultiver par feu (ou ménage). Trente ans plus tard, un rapport indique que sur les 300 parcelles partagées, les deux tiers sont en friche. Ces terrains sont trop éloignés du village et les terroirs trop ingrats.  Ainsi, de nombreux pâquis n’ont connu qu’une mise en culture temporaire et sont retournés plus tard à l’état de saltus. En outre, à partir du milieu du XIXème siècle, le contexte n’est plus favorable aux partages des communaux. Les campagnes lorraines  connaissent une première « décongestion » démographique. Le prolétariat rural abandonne les portions de communaux et se tourne vers la ville et l’industrie.



Dans un second temps, à partir des années 1850, le saltus lorrain fait l’objet de reboisement dans le cadre de la loi de juillet 1860 sur la mise en valeur des communaux incultes. Le reboisement des « friches calcaires » est une priorité pour l’administration forestière qui estime que ces terrains n’offrent « qu’un maigre pâturage » au bétail. Ainsi, de 1859 à 1866, 320 hectares de terrains « incultes » sont reboisés pour le seul département de la Moselle (ADM 1O107). Toutefois, certaines communes s’inquiètent de voir disparaître leurs terres vaines. Dans le département de la Meurthe, la commune d’Arnaville refuse les projets de reboisement du pâquis du Rudemont, estimant que ces terrains sont nécessaires « pour l’entretien du troupeau communal » (ADMM WO705). Les reboisements se poursuivent au XXème siècle et marquent un véritable tournant dans la configuration du paysage. En effet, la disparition du pastoralisme et des pratiques collectives condamne les pâquis et facilite le travail des forestiers. A partir de 1952, d’importants reboisements sont effectués avec l’aide du F.F.N (Fonds Forestier National) à Novéant. Ces reboisements en résineux (pins noirs d’Autriche) entraînent la disparition du saltus et sont aujourd’hui très visibles dans le paysage de la commune.



Dans la seconde moitié du XXème siècle, les pâquis ayant échappé à la mise en culture et aux reboisements se trouvent envahis par des activités non-agricoles : carrières, gravières, terrains de moto-cross, décharges publiques, campings. Cependant, des lambeaux de saltus se sont maintenus jusqu’à nos jours et font désormais l’objet de mesures de protection.



B. La patrimonialisation du saltus lorrain : le cas des pelouses calcaires



Les pelouses calcaires de Lorraine sont, comme l’ensemble des pelouses des plaines et plateaux calcaires de l’Europe tempérée, des formations végétales issues d’une dégradation anthropique (Rougerie, 1988). En Lorraine, elles sont un héritage de l’ancien saltus et correspondent aux pâquis localisés sur les hauteurs sèches des côtes et des buttes-témoins. Face à la menace de disparition, une majorité de ces pelouses se trouvent aujourd’hui protégée en tant que patrimoine « naturel ». En effet, depuis le début du siècle dernier, les naturalistes ont remarqué que certains de ces milieux ouverts abritent une biodiversité exceptionnelle à affinité méditerranéenne en raison de conditions édapho-climatiques spécifiques (faible réserve en eau, exposition au sud, etc…). Les pelouses calcaires de Lorraine sont sanctuarisées par une multitude de dispositifs de protection (Natura 2000, ZNIEFF, ENS, RNR, RNN (3). Il est vrai que ces pelouses abritent 26% des plantes protégées de la région et un nombre important d’espèces rares. La présence de l’homme, alors perçue comme un facteur de dégradation, est encadrée par une réglementation stricte. Toutefois, la régression des pelouses calcaires lorraines ne s’explique pas uniquement par les dégradations anthropiques. Avec l’arrêt du pastoralisme, les milieux ouverts hérités du saltus lorrain sont menacés par une reconquête forestière naturelle.



C. Vers un patrimoine bioculturel ?



Les risques liés à la fermeture du milieu appellent un entretien spécifique des pelouses. Le Conservatoire des Espaces Naturels de Lorraine (anciennement Conservatoire des Sites Lorrains) gère la plupart des pelouses calcaires de la région. Pour maintenir le milieu ouvert, des opérations de fauchage et débroussaillage sont réalisées. Le fauchage permet de maintenir une végétation rase typique et ainsi de lutter contre l’évolution naturelle vers la prairie. Le débroussaillage vise à éliminer la végétation buissonnante et ainsi enrayer la dynamique d’enfrichement. A Arnaville, les plantations de résineux réalisées sur la côte Varenne à partir des années 1980 ont été abattues. On assiste à une situation étonnante, la partielle réouverture du saltus lorrains après deux siècles de régression.



Lorsque les superficies sont suffisantes, le CEN Lorraine encourage la réintroduction du pâturage extensif d’ovins sur les pelouses calcaires en soutenant des éleveurs dans cette démarche. Le saltus renoue donc avec l’usage pastoral. Sur la côte de Delme (100 ha de pelouse calcaire), en Moselle, le retour de l’élevage se traduit par une réintroduction médiatisée de la transhumance.



Ces mesures de gestion témoignent d’un changement dans la perception du saltus lorrain. Les pelouses calcaires sont actuellement davantage perçues comme un patrimoine « bioculturel » façonné par l’homme, plutôt que strictement « naturel » (Rochel, 2009). La bonne gestion des pelouses ne dépend donc plus uniquement d’une connaissance des processus écologiques mais également d’une bonne compréhension des pratiques agricoles anciennes qui sont à l’origine de ces milieux. Toutefois, ces pratiques ne doivent pas être idéalisées. Les archives montrent que les pâquis lorrains ont pu être à certaines périodes intensément exploités (mise en cutlure) voire malmenés (surpâturage, carrières) par les communautés rurales. La géographie historique permet – de la même manière que pour les forêts – d’éclairer les enjeux contemporains autour de la préservation et de la gestion des milieux ouverts hérités des anciens saltus.



Au terme de cet article, trois périodes peuvent être mises en évidence concernant l’histoire du saltus lorrain. Jusqu’au XVIIIème siècle, les pâquis sont des espaces fonctionnels pleinement intégrés aux systèmes agraires. Eléments ordinaires des paysages ruraux lorrains à cette époque, ils apparaissent sur les plans du terrier de Gorze. Ainsi, ces derniers donnent à voir des campagnes lorraines quelque peu éloignées du modèle théorique de l’openfield. Dans un second temps, à partir de la fin du XVIIIème siècle, le saltus lorrain est progressivement marginalisé. Pâquis et espaces flous disparaissent des paysages par la mise en culture et le reboisement. Cependant, depuis la fin du siècle dernier, une nouvelle période de l’histoire du saltus s’ouvre. La question de la protection de la biodiversité invite aménageurs et grand public à redécouvrir le saltus. En Lorraine, les milieux hérités de ce dernier sont aujourd’hui davantage perçus comme du patrimoine « bioculturel ». Les enjeux actuels de conservation et de gestion des pelouses calcaires peuvent donc être éclairés par la géographie historique.



 



Bibliographie



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Notes :




(1) Archives départementales de Meurthe-et-Moselle



(2) Archives départementales de Moselle




(3) ZNIEFF : Zone Naturelle d’Intérêt Écologique, Faunistique, et Floristique, ENS : Espace Naturel Sensible, RNN : Réserve Naturelle Régionale, RNN : Réserve Naturelle Nationale.





 


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